L'accueil manque de chaleur puisque à peine entrés, nous nous retrouvons face à une caissière croulant sous des piles de bons de commande et de boîtes à emporter prêtes à partir. Elle semble être aussi la physionomiste et l'hôtesse du lieu, et demande à un serveur de venir nous installer à une table. Nous longeons le long comptoir où trônent les « stars » du lieu - les broches de chawarma de viande et poulet grillés au charbon de bois - pour arriver dans la salle du fond où les miroirs et les aquariums remplacent les fenêtres.
L'impression générale est celle d'un voyage dans le temps, et c'est surtout ça, le charme du lieu : Boubouffe est immuable et figé dans le Beyrouth des années 80, les télévisions ne sont, bien entendu, ni des écrans à cristaux liquides ni des écrans plats. Les tables, nappées de motifs fleuris rouge et vert, sont recouvertes d'une vitre, la musique passe les grands tubes de Dalida. Le temps n'a pas d'effet sur ce restaurant un tantinet ringard, mais les clients semblent friands de ce lieu loin des modes : Boubouffe a survécu à ces dernières, à la guerre et à la concurrence.
Nous sommes assis à notre table et rapidement bombardés d'informations. Nos sous-plats d'abord qui annoncent les plats du jour (sans précision de prix), un mélange de plats traditionnels libanais comme la « mouloukhieh d'agneau et poulet » ou « méhchi malfouf » (retranscription phonétique dans le texte) et plats européens comme le « bœuf Strogonoff » et « le gratin de spaghetti au poulet et champignons ». Certains plats sont proposés uniquement en hiver, d'autres l'été comme le poisson « bizri + moutabal ». Boubouffe mise sur la qualité et le proclame sur ce même sous-plat : « Tous nos plats sont cuisinés avec de la
viande, du poulet et du poisson frais. » Les plats du SOIR (en majuscules dans le texte) mettent en avant les « moules et frites fraîches », ainsi que les « huîtres ».
À peine avons-nous assimilé toutes ces informations que nous recevons le menu. Celui-ci est à l'image du lieu, un héritage du passé, un survivant de la guerre. Mais nous ne lui prêtons pas une attention particulière, puisque la liste des plats du jour est littéralement scotchée sur la couverture et certains sont même rajoutés à la main, tout comme les prix. Les sections comprennent un petit déjeuner, des entrées, des salades, ainsi qu'une section spéciale « Au Charbon De Bois » et une section snack qui reprend les sandwichs de chawarma à 9 000 LL l'un.
On ne comprend pas bien d'où vient le nom francophone de Boubouffe, mais peu importe, les frites sont, elles, bien libanaises et excellentes. Les chawarma viande et poulet également, probablement parmi les meilleurs en ville.
L'addition arrive, les prix sont plutôt élevés, mais la qualité est au rendez-vous : on mange bien sans prétention ni sophistication. Boubouffe n'est plus une adresse, mais une destination à lui seul.
E-mail :
michelinezok@hotmail.com
Adresse Rue St-Louis, Achrafieh
Capacité 70 personnes
Prix moyen 35 000 LL
Qualité de la nourriture ****
Rapport qualité/prix ***
Ambiance ***
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