À Deraa même, des tirs d'artillerie lourde ont été entendus dans la soirée, selon la page Facebook SNN.
À Banias, ville des bords de la Méditerranée, et dans le village voisin de Baïda, les forces de sécurité ont de nouveau procédé à de nombreuses arrestations, notamment celle d'Adnane al-Choukhri, le maire de Banias, selon deux organisations de défense des droits de l'homme. Ces arrestations ont été accompagnées du crépitement de mitrailleuses, selon un porte-parole de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Un témoin a indiqué qu'hier après-midi, Banias était une ville « quasi déserte ». « Les gens qui s'aventurent dans la rue risquent de se faire arrêter, les barrages de l'armée sont à chaque coin de rue », a-t-il affirmé.
À Homs, le régime a également arrêté Najati Tayara, une figure de l'opposition, a ajouté l'Observatoire. Ancien prisonnier politique, M. Tayara a été l'un des principaux acteurs du « printemps de Damas », un mouvement en faveur de réformes démocratiques écrasé en 2001. D'après un témoin, les forces de sécurité continuaient de bloquer les accès à un quartier résidentiel de Homs où au moins cinq personnes sont mortes la veille dans des tirs de chars.
Les arrestations ont aussi touché la banlieue proche de Damas. Dans Mouadamiya assiégée par les chars, l'armée a arrêté des « centaines de personnes dont des familles entières », a déclaré le chef de l'organisation nationale des droits de l'homme, Ammar Qourabi. « Le couvre-feu a été imposé. L'armée a transformé les écoles en centres de détention et a pris le contrôle des mosquées », a-t-il affirmé, ajoutant que Qatan, dans la banlieue de Damas, était également assiégée.
L'Observatoire a également signalé des interpellations à Alep (Nord), deuxième ville du pays jusqu'alors relativement épargnée par la contestation, et Lattaquié (Nord-Ouest).
Les autorités ont entrepris de mater ville par ville cette contestation entamée mi-mars, faisant quelque 700 morts, selon les ONG. Malgré la répression, un appel à manifester en soutien aux manifestantes détenues a été lancé sur la page « The Syrian Revolution 2011 » créée par de jeunes militants hostiles au régime. Néanmoins, les manifestations semblent de plus en plus difficiles à organiser en raison de la répression.
Par ailleurs, pour l'ex-vice président syrien Abdel Halim Khaddam, « à un moment ou un autre, une intervention militaire sera nécessaire », critiquant l'usage de la force contre les manifestants.
Dans ce contexte, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, n'a pas exclu que les sanctions prises à l'encontre de 13 membres du régime puissent être étendues au président Assad lui-même. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a estimé pour sa part que la répression des manifestations était « un signe de faiblesse » du régime et non de puissance. Les États-Unis ont renouvelé leurs accusations de « barbarie » envers le régime mais l'administration de Barack Obama n'est pas encore prête à appeler à un changement de régime. C'est « une décision grave. Il ne s'agit pas seulement de prononcer les mots, mais d'agir en conséquence », a souligné un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat. La Chine a en revanche invité la communauté internationale à ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la Syrie mais à l'aider à retrouver la stabilité.
(Source : agences)
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