Des diplomates ont par ailleurs rapporté que des signes de mécontentement émergent au sein de l'armée. Selon l'un d'eux, des soldats se sont opposés au moins une fois ce mois-ci à la police secrète pour l'empêcher de tirer sur des contestataires. M. Abazid a, de son côté, assuré que certains soldats « de la 5e compagnie se sont joints aux habitants de Deraa pour les défendre face aux services de sécurité ». Le ministre de l'Information a réfuté cette information.
Ce dernier a indiqué que plus de 50 soldats et des dizaines de policiers ont été tués depuis le début de la révolte qui a fait des centaines de blessés. La télévision syrienne diffusait en boucle des images de funérailles de soldats et policiers et les « aveux » de deux jeunes gens présentés comme « des terroristes ». Toutefois plusieurs sources sous couvert d'anonymat ont rapporté que certains d'entre eux ont été tués par les propres troupes de Bachar el-Assad. « Les plus grandes funérailles organisées jusqu'à présent en Syrie ont été celles de soldats qui ont refusé d'obéir aux ordres de tirer sur les manifestants et qui ont été sommairement exécutés sur place », a précisé l'un des diplomates.
Du côté de la communauté internationale, les critiques adressées à M. Assad se sont intensifiées. Les Européens envisagent toute une série de sanctions contre la Syrie, allant du gel des aides à la coopération à des gels d'avoirs de responsables et à un embargo sur les armes, ont indiqué des sources diplomatiques. Un document élaboré par le Service diplomatique européen doit être discuté aujourd'hui à Bruxelles. Les États-Unis envisagent également de renforcer des sanctions.
Mais aux Nations unies, une initiative européenne en faveur d'une condamnation de la répression en Syrie a échoué mercredi soir au Conseil de sécurité en raison de l'hostilité de la Russie, de la Chine et du Liban, qui ont mis en garde contre une « ingérence extérieure » pouvant causer « une guerre civile ». Pékin a estimé que Damas devait résoudre ses problèmes par le dialogue, tandis que la Russie exhortait les autorités syriennes à traduire en justice les responsables de tueries. La France a regretté l'absence de consensus et a toutefois espéré une déclaration « prochainement » du Conseil de sécurité.
Le Qatar a appelé de son côté à faire prévaloir « la raison » et « le dialogue ». La Turquie, acteur régional influent, a, pour sa part, décidé l'envoi d'un émissaire spécial pour inciter le régime à mettre en œuvre des réformes. Quant au chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, il a déploré « le grand nombre » de victimes et appelé à la retenue.
Les protestataires eux refusent de lâcher prise, les « jeunes de la révolution syrienne » ayant appelé sur Facebook à un « vendredi de la colère » en solidarité avec Deraa. « Aux jeunes de la révolution, demain nous serons sur toutes les places, dans toutes les rues (...), nous serons au rendez-vous », ont écrit les militants. De son côté, un porte-parole des militants et opposants syriens basé à Londres a appelé l'armée « à défendre et protéger les citoyens face à la répression brutale ».
(Source : agences)
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