Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

Hier encore inconnue, Barada TV accède brutalement à la célébrité

La chaîne syrienne d'opposition, basée à Londres, est accusée d'être financée secrètement par le gouvernement US.
La télévision syrienne d'opposition Barada TV, hier totalement inconnue, a triplé ses programmes depuis le début de la « révolution » en Syrie, mais elle doit se défendre d'accusations de financement secret par le gouvernement américain.
Lundi, le Washington Post révélait que le département d'État US avait injecté à travers une ONG californienne près de 6 millions de dollars dans un groupe d'opposition syrienne basé à Londres, le Mouvement pour la justice et le développement, lié à Barada TV. Le quotidien citait des documents « inédits » de l'ambassade américaine à Damas provenant de WikiLeaks. Depuis, CNN, la BBC et al-Jazira défilent dans les minuscules locaux de la chaîne dans le sud de Londres. « Je n'avais vu personne depuis deux ans que la chaîne a été créée, et brusquement, tout le monde s'intéresse à nous », constate, un brin amer, son jeune rédacteur en chef Malik al-Abdeh, âgé de 30 ans.
Malik al-Abdeh nie absolument « tout lien direct avec le département d'État US ». Selon lui, le Mouvement pour la justice et le développement, qu'il a contribué à créer en 2006, est « absolument distinct » de Barada TV et « les partis d'opposition syriens n'ont jamais reçu un sou, provenant ou non d'ONG ». Il reconnaît toutefois que Barada TV est financée pour moitié par une ONG californienne, le Democracy Council, l'autre moitié provenant d'hommes d'affaires syriens. Le site Internet de cette ONG qui milite pour la démocratie affiche bien parmi ses donateurs le département d'État américain, aux côtés d'associations éclectiques aussi bien juives que palestiniennes ou même tamoule... « Toute cette histoire est hors de proportions, vous avez vu combien nos bureaux sont petits, l'équipe fait moins de 12 personnes et le budget annuel est inférieur à 1 million de dollars », s'exclame le rédacteur en chef, ajoutant : « Et des gens voudraient faire de nous une sorte d'officine sponsorisée par la CIA, c'est ridicule ! »
La somme de 6 millions de dollars citée par le Washington Post est sans commune mesure avec le financement américain de l'opposition irakienne, 97 millions de dollars en 1998, a rappelé Nadim Shehade, expert à l'institut de recherche londonien Chatham House, dans un entretien à al-Jazira.
Malik al-Abdeh s'interroge pour sa part sur le timing des révélations issues de WikiLeaks. Il soupçonne que pour leur donner plus de crédibilité, les documents ont été transmis au Washington Post, peut-être par l'ambassadeur syrien à Washington, dans le but de discréditer l'opposition syrienne. À tout prendre, « nos sources de financement n'ont aucune influence sur le contenu éditorial de la chaîne », assure-t-il. Barada TV « invite tous les partis, toutes les religions » dans ses émissions.
La petite télévision, relativement confidentielle comparée à al-Jazira ou la BBC, a mis les bouchées doubles depuis le début des troubles le 15 mars dernier et transmet désormais 10 heures de direct par semaine par satellite au Moyen-Orient. Les images des troubles en Syrie sont envoyées au péril de leur vie par des journalistes free-lance ou par des reporters d'autres médias ayant pignon sur rue en Syrie, souligne Malik al-Abdeh. Une émission quotidienne en direct permet aux Syriens de s'exprimer sur un sujet d'actualité. « Le mur de la peur est plus ou moins tombé, surtout là où il y a des manifestations. On est inondé d'une centaine de coups de téléphone par jour », ajoute-t-il.
© AFP
La télévision syrienne d'opposition Barada TV, hier totalement inconnue, a triplé ses programmes depuis le début de la « révolution » en Syrie, mais elle doit se défendre d'accusations de financement secret par le gouvernement américain.Lundi, le Washington Post révélait que le département d'État US avait injecté à travers une ONG californienne près de 6 millions de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut