L'embarcation de seulement 13 mètres de long était partie il y a deux jours de Zuwarah en Libye, et transportait environ 200 réfugiés, selon les gardes-côtes. Elle se trouvait à quelque 70 km au sud-ouest de la petite île italienne de Lampedusa quand elle a chaviré. À cause de la tempête, de la houle et « l'excitation à bord de l'embarcation », « le bateau s'est retourné et les personnes à bord sont tombées à l'eau », a expliqué le capitaine de vaisseau Vittorio Alessandro, porte-parole des gardes-côtes à Lampedusa.
Le prêtre érythréen Mussie Zerai, surnommé Don Mosé en Italie et fondateur à Rome de l'organisation humanitaire Habeshia s'occupant de réfugiés africains, a dénoncé ce drame. « Ces morts étaient et sont évitables, si l'Europe nous avait écoutés avant le début des bombardements (en Libye) quand nous demandions l'évacuation de tous les réfugiés de l'Afrique subsaharienne qui se trouvaient piégés dans les villes libyennes », a-t-il dit. « Aujourd'hui, nous pleurons plus de 400 personnes (...) dont des femmes enceintes », a déploré le religieux se basant sur des informations recueillies sur des embarcations parties et jamais arrivées ces dernières semaines.
Il n'existe pas de chiffres officiels sur les victimes lors des traversées depuis l'Afrique, mais l'association caritative italienne Fortress estime qu'au moins 3 616 personnes sont mortes en Méditerranée entre 2006 et 2008 en tentant de rejoindre les côtes européennes. Or, depuis janvier, avec la chute du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et l'insurrection en Libye, l'Italie est confrontée à un afflux exceptionnel d'immigrants, avec plus de 22 000 débarquements, essentiellement en provenance de Tunisie. Ces dernières semaines, près de 2 000 réfugiés africains (Somaliens, Érythréens, surtout) sont également arrivés en provenance des côtes libyennes.
De son côté, la Commissaire européenne chargée des Questions d'immigration, Cecilia Malmström, a demandé hier aux États de l'UE de prendre en charge les Libyens fuyant les combats dans leur pays. Mme Malmström a proposé l'activation d'une procédure exceptionnelle dite de protection temporaire, pour leur offrir « une protection immédiate et l'accueil sur le territoire ». La mise en œuvre de cette procédure sera discutée à la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, le 11 avril à Luxembourg.
(Source : AFP)
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