Patrick Dougherty s'est fait connaître à travers ses sculptures uniques en leur genre. Faites de branches et de brindilles, elles sont, d'une part, une réminiscence des nids d'oiseaux et, de par leurs grandes dimensions, elles ressemblent à une architecture spiralée, à des formes humaines ou à des bouteilles géantes. Comme venant d'un autre monde, elles font néanmoins écho à la nature grandiose et imposante de l'espace où elles ont été implantées. Elles apparaissent comme des silhouettes en fuite s'élevant entre les arbres ou se poursuivant autour du jardin en forme d'ellipse.
L'esthétique de la nature engourdie
Ces œuvres ont été tissées à partir d'éléments de variété d'arbres jeunes, principalement d'érable. «Ce genre de design, explique le responsable de l'exposition, évoque l'architecture organique et rustique privilégiée du XVIIIe siècle pour l'aménagement des coins d'ombre, des pavillons et des haltes de repos des jardins en Angleterre.»
Combinant sa dextérité de menuisier avec son amour de la nature, Patrick Dougherty s'est initié aux techniques primitives de construction, puis a expérimenté les éléments arbustifs comme matériaux. Il a commencé en 1980 à réaliser des œuvres de petites dimensions et a rapidement attaqué des installations-sites. Depuis, il a produit plus de 200 sculptures massives que l'on retrouve à travers le monde. Ses travaux ont fait l'objet d'une étude intitulée «Stickwork», publiée l'an dernier.
Dougherty a grandi dans un coin boisé de la Caroline du Nord et a été fasciné par la beauté des branches dénudées en hiver. Et aussi pour lui un matériau à portée de main, renouvelable et bien adapté à être modelé. Il veut que ses créations «respectent la nature et mettent en relief ses caractéristiques et ses attributs». Ainsi, les sculptures qu'il a posées, l'espace d'un hiver, à Dumbarton Oaks, ont amplifié par leur dénuement grand format l'esthétique qui passe souvent inaperçue de la nature dans sa période d'engourdissement.
À l'origine, Dumbarton Oaks était un hôtel particulier, construit en 1800 dans le style fédéral et acheté en 1920 par Robert Woods Bliss (1875-1962), membre du Foreign Service américain. Au cours de leur existence, lui et son épouse y ont rassemblé une importante collection d'objets d'art et de livres. En 1940, la collection, la maison et le terrain ont fait l'objet d'une donation. Et ainsi a été créée la Dumbarton Oaks Research Library and Collection, dont la gestion fut confiée à l'Université de Harvard. En 1944, ce lieu a hébergé la conférence de Dumbarton Oaks, une rencontre internationale qui a posé les bases des Nations unies. À noter que le compositeur Igor Stravinsky a écrit le concerto Dumbarton Oaks en 1938, à la demande de Robert Bliss.
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