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Économie - Crise

Après la fête, les incertitudes économiques s’accumulent en Égypte

La corruption à maints niveaux, l'absence de transparence et de bonne gouvernance gangrènent la société.
Tourisme en berne, grèves, croissance en panne, investisseurs inquiets, chômage et inflation : après la fête, les nuages économiques et sociaux s'accumulent sur l'Égypte de l'après-Moubarak alors même que le monde arabe est en ébullition.
Après avoir chassé le 11 février Hosni Moubarak, depuis 30 ans à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, les Égyptiens sont pleins d'espoir. Mais la réalité n'y colle pas tout à fait.
Fait significatif : l'appel d'offres prévu pour la construction de la première centrale électrique fonctionnant à l'énergie nucléaire, qui doit répondre aux énormes besoins en électricité, a été reporté en raison de l'instabilité.
« Je crains que nous allions au-devant de difficultés et de défis gigantesques (...) et malgré l'espoir, nous ne sommes pas sortis du gué », a déclaré à l'AFP un homme d'affaires égypto-américain qui possède une société d'ingénierie. « Depuis des décennies, la corruption est au cœur du système, et on a coutume de dire qu'un fonctionnaire ne travaille que 6 minutes par jour », ajoute cet homme qui préfère garder l'anonymat. L'Égypte compte environ huit millions de fonctionnaires.
De fait, la corruption à maints niveaux, l'absence de transparence et de bonne gouvernance gangrènent la société égyptienne. Le changement et la punition des responsables ont constitué une des principales revendications du mouvement prodémocratie.
La nouvelle autorité de transition, composée de militaires, a d'ores et déjà ordonné la mise aux arrêts de plusieurs ministres et de l'un des hommes d'affaires les plus riches du pays, Ahmad Ezz.
Mais la grogne ne semble pas se calmer comme en atteste la montée des revendications sociales. Tous réclament des hausses de leurs faibles salaires et parfois la tête des dirigeants de leurs entreprises.
Le nouveau gouvernement égyptien vient d'ailleurs d'approuver une hausse de 15 % des salaires des fonctionnaires, ce qui coûte au Trésor près d'un milliard de dollars.
Les ouvriers de la Misr Filature et Tissage, la plus grande usine d'Égypte, ont repris le travail dimanche après avoir obtenu une hausse de 25 % de leur salaire et le limogeage d'un responsable impliqué dans la corruption.
Mais conjugués à la flambée mondiale des matières premières, les risques d'inflation sont réels.
Principale source de revenus du pays, le tourisme est le secteur qui a le plus souffert. Les hôtels sont actuellement déserts, avec un taux d'occupation au Caire de 15 % contre 85 % avant la révolte, selon les chiffres obtenus par l'AFP. Malgré l'annonce d'une reprise des vols par les voyagistes étrangers, « la saison est fichue », selon un hôtelier.
Avec quelque 13 milliards de dollars de revenus, ce secteur représente environ 6 % du PIB, et emploie, directement ou indirectement, 10 % de la population active.
Environ 40 % de la population égyptienne vit autour du seuil de pauvreté et le salaire minimum est fixé à environ 70 dollars par mois.
Au total, l'économie a perdu au moins 310 millions de dollars pendant chacun des 18 jours de révolte. Le taux de croissance pour l'année finissant en juin devrait être réduit de moitié par rapport aux 6 % prévus initialement, selon la Banque centrale et des experts.
Bénéficiant d'investissements étrangers directs importants, l'économie égyptienne avait connu une croissance de 5,3 % l'an dernier, après 4,7 % en 2008/09 en pleine crise mondiale et des taux annuels avoisinant les 7 % les trois années précédentes.
Le retour de la confiance et des investisseurs reste tributaire de l'évolution d'une situation régionale explosive. Seuls baumes au cœur pour l'instant : une aide américaine à la transition de 150 millions de dollars et des promesses du FMI et de l'UE.
Tourisme en berne, grèves, croissance en panne, investisseurs inquiets, chômage et inflation : après la fête, les nuages économiques et sociaux s'accumulent sur l'Égypte de l'après-Moubarak alors même que le monde arabe est en ébullition.Après avoir chassé le 11 février Hosni Moubarak, depuis 30 ans à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, les Égyptiens sont...

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