Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Analyse

Riyad craint un affaiblissement du front anti-Iran

Avec l'affaiblissement de Moubarak, Riyad perd un allié de poids dans la région.
Disposant de caisses débordant de devises, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, est en mesure de distribuer à l'envi ses pétrodollars pour apaiser d'éventuelles tensions sociales - le royaume connaît un taux de chômage de 10 % - et de désamorcer ainsi toute révolte sociale qui pourrait éventuellement naître d'un effet de contagion.
Mais la monarchie wahhabite assiste avec inquiétude à ce qui apparaît comme un « lâchage » dans les formes par les États-Unis du chef de l'État égyptien qui, tout comme les souverains qui se sont succédé sur le trône, a été depuis trois décennies leur allié fidèle dans la région. « Les Saoudiens sont préoccupés par ce qu'il considèrent comme la faute diplomatique des États-Unis consistant à paraître lâcher trop facilement Hosni Moubarak », comme ils l'avaient fait il y a plus de 30 ans avec le chah d'Iran, note Simon Henderson, observateur des affaires saoudiennes basé à Washington. Riyad, qui partage la crainte de Washington de voir Téhéran se doter de l'arme atomique, doit aujourd'hui se résigner à être privé d'un allié de poids contre l'influence croissante de l'Iran chiite dans la région, maintenant que Hosni Moubarak a accepté sous la pression de la rue de ne pas briguer un nouveau mandat.

La Turquie et Qatar à l'affût
« Coupez la tête du serpent », avait déclaré au général David Petraeus, chef des forces américaines dans la région, le roi Abdallah d'Arabie saoudite au sujet de l'Iran, selon Adel al-Djoubeïr, ambassadeur d'Arabie à Washington, à en croire un télégramme diplomatique confidentiel de 2008 rendu public en novembre par le site Internet WikiLeaks. La monarchie wahhabite, gardienne des lieux saints musulmans de La Mecque et Médine, se présente comme le bastion du sunnisme face à l'influence croissante de la branche religieuse rivale chiite, qui a pris le contrôle de l'Irak voisin à la faveur de l'invasion américaine de 2003. Elle craint que l'effacement imminent ou dans les huit mois qui viennent de Hosni Moubarak ne conduise à une période d'incertitude et d'instabilité durable en Égypte, qui lui ferait supporter l'essentiel des efforts de résistance à l'influence iranienne, souligne le politologue saoudien Tourad al-Amri.
Riyad s'inquiète de voir maintenant des pays comme la Turquie et l'émirat du Qatar, qui entretiennent de bonnes relations avec Téhéran et sont en quête d'un plus grand rôle régional, combler le vide diplomatique laissé par le pays arabe le plus peuplé, explique un diplomate en poste dans le Golfe. Riyad devra alors rechercher d'autres alliés pour remplacer l'Égypte au sein de l'axe anti-iranien qu'elle anime. Ne pouvant compter sur la Syrie et le nouvel Irak, qui entretiennent des liens solides avec l'Iran, elle pourrait jeter son dévolu sur la Jordanie. Selon l'analyste américain Barak Barfi, l'Arabie pourrait décider d'accroître son aide au royaume hachémite, autre bastion du sunnisme, lui aussi en proie à des manifestations de rue, où les islamistes jouent un rôle moteur.

Pression US sur l'Arabie sous peu ?
Les bouleversements actuels dans le monde arabe surviennent à un moment délicat pour la monarchie saoudienne. Âgé de 87 ans, le roi Abdallah est souffrant et a encore subi en décembre un traitement médical. Le prince héritier Sultan, presque aussi âgé, est également en mauvaise santé. Leur frère, le prince Nayef, ministre de l'Intérieur, est un possible successeur. Le roi a mis sur pied un conseil royal pour régler les problèmes de succession. Si on ignore comment celle-ci se déroulera, il est certain que le trône va échoir in fine à une nouvelle génération princière.
Le roi Abdallah a été l'un des rares dirigeants arabes à exprimer ouvertement son soutien à M. Moubarak. Ce soutien « instinctif » traduit à quel point la diplomatie saoudienne est dépendante de relations personnelles éprouvées par le temps. Les princes Sultan, Nayef et Saoud al-Fayçal, chef de la diplomatie, ont eu, eux aussi, affaire de longue date à Hosni Moubarak. Pour ces tenants de l'ordre établi arabe, les appels des États-Unis à un « changement immédiat » en Égypte sonnent comme un avertissement. « Si les États-Unis poussent au changement en Égypte, la famille royale saoudienne sentira très bientôt la pression sur elle », prédit Asma Alcharif, professeur de sciences politiques à l'université américaine de Beyrouth.
Disposant de caisses débordant de devises, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, est en mesure de distribuer à l'envi ses pétrodollars pour apaiser d'éventuelles tensions sociales - le royaume connaît un taux de chômage de 10 % - et de désamorcer ainsi toute révolte sociale qui pourrait éventuellement naître d'un effet de contagion.Mais la monarchie...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut