Très chic en « PRN »

Indémodable, classique, inoxydable, incontournable... les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la PRN ou la petite robe noire, éternel symbole de bon goût et pièce mythique du vestiaire féminin. D'ailleurs, quelle femme n'a pas aujourd'hui une petite robe noire dans sa garde-robe ? Pourtant, en 1926, quand Coco Chanel présente pour la première fois « la petite robe noire » inspirée du sarrau d'orpheline qu'elle portait dans son enfance, plus que la coupe, c'est la couleur habituellement réservée au deuil et aux employées de maison qui surprend. Refusant le charme mièvre de la couleur, Coco, prêtresse du « chic pauvre », réhabilite le noir pour en faire le symbole de l'élégance parisienne. La rumeur, selon laquelle Coco décida de plonger le monde entier dans le deuil après la perte de son amant anglais, Arthur Capel, en 1919, la rendait folle de rage... En contradiction totale avec la mode de l'époque, sa robe séduit par sa simplicité : ce modèle fourreau de crêpe à manches longues et encolure ras de cou qui s'arrête sous le genou se veut plus confortable, plus en phase avec les femmes, qui refusent désormais d'être engoncées dans leur corset.
Premiers conquis : les critiques du magazine américain Vogue voient en elle « l'uniforme de la femme moderne ». La petite robe noire est baptisée « la Ford de Chanel », référence au fleuron américain de l'automobile. Après le scandale originel - ingrédient opportun pour bâtir un mythe -, la petite robe noire est prête pour la consécration, qui arrive très vite. Les femmes les plus célèbres l'adoptent. Piaf d'abord, dès l'entre-deux-guerres. L'interprète de Simple comme bonjour arbore une panoplie qui l'est tout autant : elle met Paris à ses pieds avec sa voix, sa croix et... sa petite robe noire. Autre icône : Juliette Gréco, héroïne existentialiste qui, en noir, enflamme le Flore et la Coupole. Mais, plus que tout, c'est le cinéma qui va assurer sa gloire. Rita Hayworth dans Gilda, Delphine Seyrig dans L'Année dernière à Marienbad et, bien sûr, Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's. La petite robe noire Givenchy qu'elle a portée dans ce film a été adjugée 607 720 euros chez Christies en 2006. Somme destinée à aider les plus déshérités. En France, la petite robe noire crève l'écran de la nouvelle vague. C'est avec elle que Jeanne Moreau entretient des Liaisons dangereuses et prend des Amants, Deneuve est Belle de jour en robe nuit griffée YSL... Avec le cinéma, la charge érotique et mystérieuse de la petite robe noire éclate. Débarrassée de son image rigoriste, elle devient la robe du désir. Et chaque femme veut s'emparer de cette parure sensuelle et équivoque.
Pourtant, il faudra attendre les années cinquante pour que la « petite robe noire » accède au panthéon du classicisme. Christian Dior, Givenchy et... Coco Chanel, encore elle, dessinent de petites robes noires évasées qui retrouvent une taille marquée : c'est la mode de la « robe cocktail ». Depuis elle a été maintes fois revisitée, toutes les marques en proposent dans leurs collections. On en trouve à tous les budgets, dans toutes les tailles et pour toutes les occasions. Ce soir, pour le réveillon, elle sera de mise : pailletée, en dentelle, dos nu, décolleté plongeant, mini, maxi, vintage, en soie, satin, jersey, avec talons aiguilles, ballerine ou boots, chacune selon son style et son goût, question d'être la plus belle pour aller danser. Même si le noir sera de rigueur ce soir, c'est une année 2011 haute en couleur et enrobée de bonheur que je vous souhaite à tous !
Sources principales : plurielles.fr ; esseclives.com ; feminimix.com ; lefigaro.fr