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Liban - L’éclairage

Institutions caviardées ? Sleiman assume et tente de compenser

Le président Michel Sleiman refuse de baisser les bras et reprend le collier. En entamant un nouveau cycle de concertations de haut niveau, après la suspension de la série précédente, due à ses obligations de périples à l'étranger. L'effort actuel est rendu évidemment nécessaire par le blocage du Conseil des ministres ainsi que du comité de dialogue que le Hezbollah et ses alliés ont décidé de bouder. Sous prétexte que l'affaire des présumés faux témoins doit impérativement être inscrite en tête de l'ordre du jour du Conseil des ministres. Appelé à saisir la Cour de justice, instance d'exception ne connaissant que des atteintes à la sûreté de l'État. Ce que de faux témoignages ne constituent pas, étant relevables, dans le plus virulent des cas, des assises, et plus généralement de la simple correctionnelle.
C'est bien ce que font valoir les loyalistes, qui refusent, au nom du principe de la séparation des pouvoirs, toute intervention du Conseil des ministres dans ce dossier. Et qui, en outre, rappellent un autre point de droit constitutionnel : l'établissement de l'ordre du jour et son ordonnancement restent une prérogative exclusive du chef du gouvernement. Sous condition de consulter le président de la République qui, pour sa part, a le droit, au nom de l'intérêt national ou à titre d'urgence, de faire débattre d'une question non inscrite à l'ordre du jour.
Mais nul n'ignore que l'affaire dite des faux témoins n'est qu'une diversion, presque de la poudre aux yeux. Car le Hezbollah ne cache pas que son objectif essentiel est de torpiller l'acte d'accusation de Bellemare pour couler le Bismarck, c'est-à-dire le TSL, qualifié d'arme aux mains d'Israël et des États-Unis.
L'ombrelle syro-saoudienne semble suffire pour le respect de la ligne rouge sécuritaire. Le Hezbollah avance d'ailleurs qu'une explosion sur le terrain ne serait qu'un service rendu à Israël. Par contre, il veut agir et réagir dans le domaine politique. Il s'y met déjà, avec le concours du 8 Mars, le soutien le plus zélé émanant du général Michel Aoun.

Position nuancée
Tandis que le président Nabih Berry, chantre de l'apaisement, se montre un peu plus réservé. Ses ministres ont certes été les premiers à menacer de claquer la porte du Conseil des ministres si les faux témoins ne passent pas en premier. Mais c'est sans doute pour que le mouvement Amal ne soit pas trop débordé, disons à gauche, par les surenchères du général Aoun, rival interne. L'on a vu ainsi le président Nabih Berry assister à la dernière réunion du comité de dialogue, boudée par le 8 Mars. Ses proches expliquant qu'étant chef du législatif, rôle officiel qui lui impose des devoirs d'ordre national, et ayant lui-même initié ce comité, il ne peut lui tourner le dos. Dans cet esprit, et sans aller contre les revendications du Hezbollah, le président Berry s'estime tenu d'épauler le chef de l'État dans sa mission de conciliation.
Une tâche définie à travers les dix objectifs que le président Sleiman a énoncés dans son discours de l'indépendance. Un terme qu'il commence du reste à rappeler avec insistance aux pôles du cru. En les pressant à s'entendre entre eux, et rien qu'entre eux, pour ne pas ouvrir la voie à une immixtion étrangère, un arrangement conclu au-dehors, parachuté, imposé, au mépris la volonté nationale libanaise.
On dira : et Doha ? Les centristes répondent : il y avait là, dans la réfraction du 7 mai, un cas de force majeure. Il fallait prévenir d'urgence une guerre civile, et les partis libanais opposés n'avaient pas vraiment le moyen de s'accorder sans aide extérieure. Ils ajoutent qu'avec les assurances du Hezbollah concernant le calme sur le terrain, on n'en est pas là aujourd'hui. Un arbitrage étranger ne semble pas absolument indispensable, et les Libanais gardent la responsabilité de régler eux-mêmes leurs problèmes. En profitant, sans doute, de l'initiative syro-saoudienne et en se montrant reconnaissants pour tous les conseils positifs provenant du dehors. Mais sans remettre à autrui, encore une fois, le droit de décider de leur destinée.
D'ailleurs, le parrain saoudien est du même avis. L'ambassadeur de Riyad à Beyrouth vient de presser les Libanais à réactiver le comité de dialogue et le Conseil des ministres « car les produits importés sont rapidement jetables » ! Il ajoute que son gouvernement fait confiance à la lucidité des pôles libanais. Donc qu'il ne lie pas ses efforts, conjugués à ceux de la Syrie, à cette parution de l'acte d'accusation que les Libanais sauront traiter entre leurs murs.
Retour au président Sleiman. Il insiste sur les constantes nationales, sur l'équation armée-peuple-résistance, et propose une feuille de route pour la sortie de crise. Un programme qu'il discute avec les leaders, tout en restant à l'écoute des suggestions, des idées des capitales amies. Il se préoccupe de la stagnation, de la paralysie qui frappent le pays et portent préjudice au vécu quotidien de la population. Il souhaite que le comité de dialogue reprenne ses travaux. Mais il prend soin de parler aussi avec des forces politiques qui n'en font pas partie, ainsi qu'avec les organismes économiques et les rouages de la société civile.
Une précision que Baabda tient à souligner : une main seule ne peut applaudir. La mise en avant, en exergue, de son action, ne signifie pas du tout, au contraire même, que les autres articulations du pays doivent rester les bras croisés, attendant que la figue leur tombe dans la bouche. Tout le monde, tous les camps, toutes les forces actives doivent, en toute bonne volonté, participer au sauvetage, car la responsabilité et le destin sont communs, insiste le président Sleiman.
Comme les choses se présentent aujourd'hui, l'effort doit être politiquement préventif. Il s'agit d'éviter ce non-être inavoué de l'État qui se consommerait lorsque, après l'acte d'accusation, le Conseil des ministres cesserait définitivement de se réunir sans que le gouvernement ne démissionne.

Le président Michel Sleiman refuse de baisser les bras et reprend le collier. En entamant un nouveau cycle de concertations de haut niveau, après la suspension de la série précédente, due à ses obligations de périples à l'étranger. L'effort actuel est rendu évidemment nécessaire par le blocage du Conseil des ministres...
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