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Lifestyle - Gastronomie

Maîtriser l’art du crachat, indispensable pour tout dégustateur de vins

Technique : se pincer un peu les lèvres, pour une ouverture minime, puis donner une impulsion au jet pour qu'il soit le plus net possible.

Un crachoir, c'est toujours intimidant pour un débutant. Et un peu dégoûtant. Mais pour déguster le vin, il faut vaincre sa peur du ridicule et de s'en mettre partout, et maîtriser peu à peu l'art du crachat. D'efficace, ce jet peut même devenir élégant.
Le Salon du vigneron indépendant, qui a ouvert ses portes jeudi à Paris, organise depuis quatre ans un concours du « Cracheur d'or », pour dédramatiser la chose. « Pour mieux déguster, c'est vrai qu'il faut cracher, même si le terme n'est pas très agréable », remarque son président Xavier de Volontat. Les organisateurs ont ainsi placé de petits seaux sur les tables des centaines de vignerons du salon, « pour éviter que les gens aient à se baisser pour cracher, et s'en mettent plein la chemise ou le pantalon ». Le risque, évidemment, c'est toujours que « ça coule sur le menton », reconnaît ce vigneron des Corbières. Mais l'organisation du concours permet de faire un peu de pédagogie, dans la légèreté.
Sur les quatorze candidats, une seule femme. Et un seul quadra : les autres sont tous plus jeunes, reflétant la fréquentation des salons du vin où les 22-30 ans, qui redécouvrent le vin goûté chez leurs parents, sont de plus en plus nombreux. D'abord un questionnaire de culture générale, quelques vins à reconnaître et des odeurs à identifier. Et les cinq meilleurs candidats, après avoir observé un « crachat référent », démontré par un membre du jury, en proposent leur version. « Je ne me suis pas entraîné, non. J'aurais peut-être dû. Mais je déguste régulièrement des vins », confie Florent Kvot, 21 ans, venu de Metz.
La technique, il n'y en a pas, ou si peu. Il faut pincer un peu les lèvres, pour une ouverture minime, puis donner une impulsion au jet pour qu'il soit le plus net possible.
Parmi le jury, le dégustateur Michel Bettane, auteur d'un guide des vins pour lequel il goûte des milliers d'échantillons tous les ans, évoque les champions du crachat rencontrés à Xérès, en Espagne : « La longueur, la précision du jet est incroyable. Ils visent à presque deux mètres, c'est impressionnant. » Il affirme ne pas posséder « un très beau crachat », même s'il « crache beaucoup ». Mais le plus difficile, à ses yeux, c'est surtout de « faire rouler le vin dans sa bouche sans l'ingérer : c'est ça qui n'est pas naturel ». Sa voisine Ophélie Neiman du blog Miss Glouglou, cracheuse d'élite, est chargée de la démonstration. Sa vidéo « Comment cracher avec élégance » a été consultée plus de 100 000 fois sur le site Daily Motion. « Ça montre que ça intéresse. Certains n'osent pas, trouvent ça ridicule ou sale. Mais pour moi, la clé c'est de se sentir élégant et assumer pleinement qu'on doive recracher. » La tête haute, elle s'exécute devant les finalistes. C'est net, propre, sans esbroufe.
Les candidats suivent. Leurs crachats ressemblent pour l'un à une fontaine paisible et bouillonnante ou encore à un jet d'eau furieusement sous pression. Le gagnant se devine d'emblée : le vin part du centre de sa bouche, d'un jet régulier et précis. « C'est fluide, c'est fin, c'est beau », note Miss Glouglou. Cracheur d'or 2010, Éric Lebrasseur, informaticien de 38 ans, n'a qu'un seul conseil : « Il faut s'entraîner, beaucoup. »

Un crachoir, c'est toujours intimidant pour un débutant. Et un peu dégoûtant. Mais pour déguster le vin, il faut vaincre sa peur du ridicule et de s'en mettre partout, et maîtriser peu à peu l'art du crachat. D'efficace, ce jet peut même devenir élégant.Le Salon du vigneron indépendant, qui a ouvert ses portes jeudi à...

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