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Culture - Cimaises

Mais qui est donc Bahram Hajou ?

L'identité du héros chez Bahram Hajou n'est pas ce qu'il y a de plus mystérieux dans ses toiles exposées chez Aïda Cherfan.* L'artiste d'origine syro-kurde, installé en Allemagne, croque en effet des autoportraits psychologiques de grande facture émotionnelle.

Né en 1952, Bahram Hajou a quitté sa Syrie natale en 1978 pour suivre des études à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf (branche de Münster), en Allemagne. Et il y est resté, depuis, participant à des expositions en Europe, à Dubaï et en Syrie. Le voilà, dans sa première escale libanaise, accompagnant ses œuvres accrochées aux cimaises de la galerie Aïda Cherfan. Fortement séduit par le pays, il avoue sans détours qu'il s'installerait bien sous le ciel bleu beyrouthin...
Ce qui frappe dans ces grands espaces blancs, épurés, représentant des corps franchement nus ou dénudés sous des transparences, c'est d'abord le coup de crayon. Et cela semble être une caractéristique à part entière de l'art de Bahram Hajou. Pour l'artiste, le dessin à une valeur prédominante pour son « côté allusif, immédiat, spontané ». Quelques traits suffisent. Qu'ils soient fins ou gras, les formes prennent vie. À l'honneur : la beauté féminine. Seules ou en couples (parfois en couple homosexuel), les femmes sont nues sur des tableaux dénudés. Le vide a en effet sa place dans ces tableaux où la simplicité est de mise. Des touches de couleur viennent raviver, embellir, souligner, exacerber une épaule, un visage, une poitrine, une cuisse... Griffonnées au crayon mine ou à la craie, ses compositions sont le miroir de ses émotions. Dans son œuvre, le nu occupe de toute évidence une place très importante. Hajou semble en effet fasciné par le corps humain, par sa précarité et par les pulsions dont il est l'objet. Les corps prennent des positions plus ou moins provocantes. Les personnages sont souvent dans des poses figées, sans expressivité, mais remplies d'angoisse.
La particularité de Bahram Hajou est finalement qu'il fait du corps humain un puissant support de l'expressivité. Son œuvre se comprend en fait par les événements et les épreuves qui ont affecté sa vie et tous les moments les plus marquants de son existence, depuis son exil en Allemagne, sa séparation de sa femme, sa solitude, son désarroi, la sexualité de l'homme, l'ambiguïté sexuelle et même l'homosexualité. Il enferme ses sujets dans des contours soulignés et bien visibles. Ses personnages ont le teint basané (le teint de l'artiste, ses propres traits également, même les femmes), et les coloris accentuent la force expressive et froide des compositions. Hajou cherche à retranscrire l'intériorité angoissée du moi par les positions du corps, l'affaissement des épaules, et des visages impassibles. Des regards qui vous fixent, impassibles, créant une certaine gêne, voire une tension.
Cette mise en valeur des silhouettes, ce dépouillement des formes, la sobriété du contenu, sur un arrière-plan sans ornement, sur lequel le personnage ou le sujet se détache, tout cela accentue le côté dramatique des toiles, leur mise en scène.
«L'Euphrate et le Tigre s'écoulent de mes yeux et se versent dans ma plume pour me donner l'immense énergie avec laquelle je trace des portraits de l'homme et du monde autour de lui », aime à répéter l'artiste.
Cependant, au-delà du caractère anecdotique ou autobiographique de l'œuvre, Bahram Hajou est allé à la recherche de son être au travers de cette expression picturale si caractérisée qui émane de toute sa production. Ses nombreux autoportraits témoignent d'ailleurs de cette enquête intérieure constante chez lui.

* Jusqu'au 3 décembre. La galerie est ouverte du lundi au samedi, de 10h30 à 19h30. Place de l'Étoile, rue 62, Hussein el-Ahdab, secteur Najmeh 11. Tél. : 01/983111-222. E-mail : info@aidacherfan.com
Né en 1952, Bahram Hajou a quitté sa Syrie natale en 1978 pour suivre des études à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf (branche de Münster), en Allemagne. Et il y est resté, depuis, participant à des expositions en Europe, à Dubaï et en Syrie. Le voilà, dans sa première escale libanaise,...

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