Le président du conseil exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, a estimé que les risques de discorde sont devenus plus grands après le discours « du secrétaire général du Hezbollah ». « Sayyed Nasrallah considère qu'il y a un complot contre son parti. Si c'est vraiment le cas, son devoir est alors d'œuvrer à calmer le jeu entre les Libanais afin de faire avorter ce complot », a déclaré M. Geagea.
S'adressant à Hassan Nasrallah, il a ajouté : » Si vous aviez le sentiment qu'une guerre civile est en cours de préparation, que feriez-vous ? Jeter de l'huile sur le feu ? » Il faut au contraire, selon lui, « prendre toutes les mesures nécessaires afin d'éloigner le spectre de la guerre civile et s'abstenir de donner des prétextes à Israël pour l'allumer ».
S'agissant du Tribunal spécial pour le Liban, le leader des FL a souligné qu'on « ne saurait faire face à l'acte d'accusation que par la logique de l'acte d'accusation ». « Si le Hezbollah a la conscience tranquille, pourquoi est-il alors dans cet état de nervosité ?» s'est-il interrogé.
« Pourquoi le camp adverse s'oppose-t-il au transfert du dossier des faux témoins à la justice ordinaire dès lors qu'il affirme vouloir une solution à ce sujet ? » a poursuivi M. Geagea, se disant « surpris » du rejet par l'ex-opposition de la proposition du président de la République de confier le dossier à une commission parlementaire. « Ce qui est donc en jeu, ce n'est pas le règlement de la question des faux témoins, mais plutôt la rétrocession de l'affaire Hariri du TSL à la Cour de justice libanaise, ce qui est inacceptable », a-t-il dit.
Quant aux accusations de trahison, elles sont devenues « une habitude dans le discours du 8 Mars et de sayyed Nasrallah », a-t-il souligné.
Enfin, mettant en doute les propos du secrétaire général selon lequels les Français seraient en faveur de la formule des trois tiers (chrétiens, sunnites, chiites) pour remplacer Taëf, M. Geagea a indiqué qu'il allait demander des éclaircissements aux Français à ce sujet et il a rappelé à ce propos que l'émissaire Jean-Claude Cousseran avait rapporté il y a trois ans de Téhéran une proposition aux termes de laquelle le Hezbollah pourrait envisager d'abandonner ses armes si on lui donnait une part plus grande du pouvoir.
Nadim Gemayel et le PNL
Adoptant le même point de vue que M. Geagea, le député Nadim Gemayel a estimé que le discours de Hassan Nasrallah constitue « l'annonce directe d'une escalade politique qui pourrait être suivie ultérieurement d'une escalade militaire ». M. Gemayel y a vu aussi « une menace contre les chrétiens ».
De son côté, le député Kataëb Élie Marouni a souligné qu'il n'y avait « rien de nouveau dans le discours en comparaison avec les interventions précédentes » de Hassan Nasrallah. « Dès le début, il réclame franchement la tête du TSL, et il a déjà annoncé qu'il ne comptait pas se soumettre à tout acte d'accusation qui en émanera et accusé de félonie tous ceux qui coopèrent avec le tribunal », a noté M. Marouni.
Même son de cloche chez le député Mohammad Hajjar, du bloc « Liban d'abord », qui a considéré que le discours du secrétaire général relevait du « bavardage ». « La tonalité surélevée, l'escalade permanente et les accusations de trahison sont devenues la principale caractéristique dans toutes les prises de position des responsables du Hezbollah et de ceux qui collaborent avec lui, comme le général Michel Aoun et d'autres », a souligné M. Hajjar.
Pour le ministre de l'Environnement, Mohammad Rahhal, Hassan Nasrallah « se répète : il veut encore la suppression du TSL ».
De même, le PNL a indiqué n'avoir rien constaté de neuf dans « le dernier épisode du feuilleton télévisé du secrétaire général du Hezbollah ». « Il a répété ce qu'il avait dit auparavant et renouvelé ses menaces, claires ou masquées. Nous nous contenterons d'observer que cette méthode n'est pas utile », a ajouté le PNL.
Le ministre des Affaires sociales, Sélim Sayegh, a lui aussi noté que le patron du Hezb fait de « la prose qui ne mérite pas qu'on y réponde ». « Les accusations de trahison et les calomnies à l'encontre d'une grande partie des Libanais n'ont plus aucun effet », a souligné M. Sayegh.
Quant au député Ahmad Fatfat, il a ironiquement relevé dans le discours un élément « positif », dans la mesure où Hassan Nasrallah « parlait de la phase postérieure à l'acte d'accusation ». « Très bien, dans ce cas, nous attendrons ensemble la parution de l'acte d'accusation », a-t-il dit.
Enfin, l'ancien député Moustapha Allouche, qui a aussi noté « l'absence de nouveauté » dans le discours, a cependant fait remarquer qu'on y décèle « un facteur syrien liant d'une façon ou d'une autre les mains de Nasrallah ». « Le Hezbollah est contraint d'attendre les résultats des contacts syro-saoudiens dès lors que Damas, qui contrôle la route entre l'Iran et le Hezb, le veut », a-t-il expliqué.