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Liban

Indignation générale au Liban après le massacre de Bagdad

Musulmans et chrétiens dénoncent unanimement l'attentat contre l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad

Le président Gemayel recevant la délégation épiscopale chaldéenne. Photo Dalati et Nohra

Au lendemain d'une assemblée spéciale du synode des évêques consacré à l'Église catholique au Moyen-Orient, la prise d'otages et la tuerie de l'église Sayidat al-Najate (Notre-Dame du Perpétuel Secours), à Bagdad, est venue confirmer les pires craintes de certains membres de l'assemblée : la région est - en partie - désormais inhospitalière pour les chrétiens, et ceux d'entre eux qui choisissent d'émigrer font le bon choix.
Aux faits, dans leur atrocité, et comme d'habitude, les personnalités et forces politiques du Liban ont réagi par des condamnations verbales aussi énergiques que gratuites.
Les autorités religieuses chaldéennes - les chaldéens-catholiques sont majoritaires en Irak - ont fait preuve, elles, de sens pratique. Anticipant une nouvelle vague d'émigration de chrétiens fuyant l'Irak, une délégation comprenant l'évêque chaldéen des États-Unis, Ibrahim Ibrahim - en tournée dans la région -, et du Liban, Michel Kassarji, s'est rendue successivement au siège patriarcal de Bkerké et aux domiciles de MM. Amine Gemayel et Samir Geagea.
La délégation a demandé au patriarche maronite, au président Gemayel et à M. Geagea d'intervenir afin que les chrétiens fuyant le piège irakien soient bien accueillis au Liban et traités plus humainement.
« Il y a entre 6 000 et 7 000 réfugiés irakiens au Liban, et leur situation laisse à désirer, mais nous comptons sur les hommes de bonne volonté, au Liban, pour les aider à surmonter leurs difficultés et se suffire », a affirmé Mgr Ibrahim à la sortie de Bkerké.
L'évêque a par ailleurs fait assumer « la pleine responsabilité » du massacre de Bagdad « au gouvernement irakien, aux États-Unis et à l'ONU ».
« Au nom de quelle religion massacre-t-on les doux de la terre ? » s'est encore écrié l'évêque devant la presse.

Kabalan : « Œuvre impérialiste »
« Pas au nom de l'islam », a répondu, indirectement, le vice-président du Conseil supérieur chiite, Abdel Amir Kabalan, qui a affirmé que sa religion « condamne toute atteinte ou agression contre la personne humaine ».
« En Orient, musulmans et chrétiens doivent continuer à vivre en frères », a ajouté le dignitaire religieux, qui a pressé les Irakiens de religion chrétienne à « s'accrocher à leur terre » et « à ne pas se soumettre à des gens qui combattent l'islam et le christianisme par des moyens détournés ».
Selon cheikh Kabalan, en effet, l'attentat « est une œuvre impérialiste ».
Pour sa part, le président de la Chambre des députés, Nabih Berry, a affirmé : « Nous pensions qu'après le synode (...) les cercles de dialogue se multiplieraient et que l'Orient prouverait, une fois de plus, qu'il est un modèle de coexistence des religions, mais l'attentat est venu démontrer (...) que certains restent déterminés à détruire cette image civilisée des rapports islamo-chrétiens. »
M. Berry a invité le gouvernement irakien « à édifier l'unité nationale irakienne sur des bases solides et à l'immuniser contre la discorde ».

Réunion de concertation à Saïda
Pour sa part, dans un communiqué publié hier, le Hezbollah a rappelé que ce type d'attentat « était inconnu avant l'occupation des Américains, qui se sont employés à réveiller et nourrir les susceptibilités confessionnelles et sectaires ».
Pour le Hezbollah, l'attentat « porte la marque évidente et hypocrite de l'impérialisme, car le projet sioniste a toujours été axé sur l'effritement de la région en entités hostiles les unes aux autres en vue d'imposer une seule hégémonie ».
La réunion mensuelle de concertation que tient Mme Bahia Hariri, à Saïda, avec les dignitaires religieux musulmans et chrétiens de la ville sera consacrée aujourd'hui à examiner la situation en Irak.

« Zone d'autonomie »
Pour sa part, après avoir reçu la délégation religieuse chaldéenne, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a lancé un appel au gouvernement irakien, à la Ligue arabe et au Conseil de sécurité pour que chacune de ces instances assume « son devoir » à l'égard des minorités chrétiennes irakiennes « sans défense ».
L'odieux attentat a par ailleurs été condamné par les lignes religieuse et sociale de la communauté syriaque au Liban, le parti Kataëb et le Conseil supérieur grec-catholique.
Une seule note insolite, dans ce concert de protestations, celle du parti de l'Union syriaque, dont le chef, Ibrahim Mrad, a exhorté les chrétiens d'Irak à s'armer et à se défendre (...) en attendant qu'une solution réaliste soit trouvée au problème.
Pour M. Mrad, la solution consiste à délimiter » une zone d'autonomie propre aux chrétiens « qui leur permettrait de rester attachés à leur terre et à leur histoire ».
Au lendemain d'une assemblée spéciale du synode des évêques consacré à l'Église catholique au Moyen-Orient, la prise d'otages et la tuerie de l'église Sayidat al-Najate (Notre-Dame du Perpétuel Secours), à Bagdad, est venue confirmer les pires craintes de certains membres de l'assemblée : la région est - en...

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