Aujourd'hui, « le Japon combat toujours la déflation », soulignait le 17 octobre le président de la Fed de Boston (Nord-Est), Eric Rosengren. La politique monétaire de Tokyo « a sans doute empêché la déflation d'être un problème bien plus grave », poursuivait-il, mais elle « n'a pas suffi à empêcher un degré faible mais persistant de déflation ». M. Rosengren est l'un des plus fins connaisseurs aux États-Unis de la politique monétaire nippone, avec le président de la Fed, Ben Bernanke. Ce dernier tait aujourd'hui ce qu'il pense du Japon, contrairement à l'universitaire qu'il était en 1999, lorsqu'il signait un article intitulé « La politique monétaire japonaise, cas de paralysie auto-infligée ? ».
Il s'apprête à franchir le pas auquel le Japon répugne : agir en fonction d'un « objectif d'inflation ». Le but, qui pourrait être expressément formulé à l'issue de la réunion de politique monétaire de début novembre, serait de stimuler des prix désespérément lymphatiques qui découragent la consommation et l'investissement. Des prix trop stables, voire en baisse, poussent en effet à reporter indéfiniment les dépenses. « La clarté des objectifs et des stratégies peut aider à ancrer plus fermement les attentes en matière d'inflation à long terme et par là même, renforce la capacité de la Banque centrale à réagir avec force aux chocs », disait M. Bernanke lors de son dernier discours le 15 octobre.
Un mois auparavant, le Comité de politique monétaire de la Fed avait déploré que l'inflation soit « actuellement à des niveaux quelque peu inférieurs à ceux que le comité juge les plus compatibles, à long terme, avec sa mission de promouvoir le niveau maximal d'emploi et la stabilité des prix ».
Rares sont les banques centrales à avoir jamais reconnu ouvertement désirer plus d'inflation. Après douze ans de combat contre la déflation, la Banque du Japon semble toujours réticente à employer un tel langage. « Le débat au Japon porte souvent sur la question de savoir s'il faudrait employer un objectif d'inflation ou non. Mais nous pensons qu'il faut une discussion plus tournée vers l'avenir, recherchant un cadre de politique monétaire encore plus efficace », expliquait vendredi son gouverneur, Masaaki Shirakawa, au quotidien Asahi Shimbun. C'est pourtant au Japon que les prix baissent de 1 % l'an, alors qu'aux États-Unis ils montent encore de 1,5 %. Mais les Américains veulent anticiper : « Ce qu'a traversé le Japon depuis le début des années 1990 souligne le risque qu'il y a à entrer dans une longue période de désinflation soutenue », écrivait récemment la vice-présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly.
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