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Liban

Geagea : L’État doit assumer ses responsabilités face aux tentatives putschistes

 « Halte à la logique de la force », a affirmé hier Samir Geagea.

Le président du conseil exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, a appelé hier l'État et les dirigeants à assumer leurs responsabilités pour préserver la paix civile et la sécurité dans le pays, si ces dernières devaient se retrouver menacées. « Si un camp a envie d'effectuer un putsch, d'envahir des institutions et des maisons avec ses armes et d'utiliser la violence, il faut qu'il sente qu'il y a un État et des responsables qui sont déterminés à empêcher cela », a-t-il dit, estimant que c'est l'État qui est véritablement la cible des putschistes, et non le TSL, même si ce dernier est aujourd'hui le prétexte invoqué.
« Il n'y avait pas encore de TSL en mai 2008, ni à Bourj Abi Haïdar. Mais nous ne sommes plus en 2008, les conditions ont changé. J'ai la conviction que l'État bougerait cette fois-ci », a-t-il dit, dans le cadre d'un entretien en soirée à la Future News. « L'attaque contre les faux témoins, qui n'est pas le fond du problème, n'est qu'un prétexte pour attaquer le TSL. L'attaque contre la justice ou contre les FSI, pour faire pression sur le Premier ministre, sont un moyen de s'en prendre aux institutions, puisqu'ils n'osent pas toucher à l'armée. Le général Aoun s'en prend à la branche des renseignements des FSI en affirmant qu'elle n'est pas légale. Or elle l'est. Tout ce qu'elle a fait, c'est déborder le cadre administratif qui lui était assigné. Mais elle est certainement légale, ce qui n'est pas le cas du Hezbollah militaire et sécuritaire, par exemple. Que Aoun commence donc par là sa lutte pour la légalité, par ce qui s'est produit à l'aéroport et à Bourj Abi Haïdar par exemple. Faut-il rappeler par ailleurs que c'est la branche des renseignements qui a découvert les auteurs de l'attentat de Aïn Aalaq, le seul découvert jusqu'à présent, et que c'est elle aussi qui a commencé à démanteler les réseaux d'espions à la solde d'Israël. Est-ce pour cela qu'on lui en veut tellement ? » s'est-il interrogé.
Samir Geagea a par ailleurs critiqué la position récente du président Sleiman selon qui « le tribunal doit recouvrer sa crédibilité et montrer qu'il n'est pas politisé » : « Je comprends ce qu'il tente de faire, mais cela est impossible. Il n'est pas obligé de choisir le gris pour éviter le blanc ou le noir. Qu'il reste consensuel et qu'il ne prenne pas position. Où le TSL a-t-il perdu de sa crédibilité ? Où s'est-il montré politisé ? Qu'a-t-il fait pour mériter cela, à part libérer les quatre généraux et accepter l'audition de Jamil Sayyed, deux actions qui prouvent qu'il est bel et bien crédible ? »

L'initiative vers le CPL
M. Geagea a en outre déploré hier le fait que les réactions aounistes « défensives » à l'initiative qu'il avait lancée samedi dernier en direction des cadres du Courant patriotique libre « n'aient jusqu'à présent pas porté sur ce qui a été dit ». M. Geagea a estimé que s'il n'avait pas adressé l'initiative au général Michel Aoun, c'est parce qu'il n'a « aucun espoir » que ce dernier « ainsi que le cercle très fermé qui l'entoure »retournent aux « principes que le CPL défendait entre 1990 et 2005 ». « Je me souviens, quand j'étais en prison, comment les vagues successives de militants aounistes et FL se succédaient », a-t-il indiqué, dans une allusion aux arrestations massives de militants des deux courants par les services de renseignements sous l'occupation syrienne. « Rien ne nous sépare sur le plan des principes. Nous avons les mêmes convictions. Pourquoi alors être en conflit ? »
a ajouté Samir Geagea. « Nous avons été longtemps en grand conflit avec le PSP ou le Courant du futur par exemple. Rien n'est donc impossible (...). Mais le général Aoun, lui, a été beaucoup trop loin (dans la ligne qu'il défend actuellement). Depuis l'indépendance, nul, sur le plan chrétien, n'a jamais été aussi loin », a noté le chef des FL.
M. Geagea a rejeté la théorie selon laquelle Michel Aoun est en train « d'ouvrir les chrétiens au monde ». « Le monde est divisé aujourd'hui entre le camp syro-iranien et l'autre camp, composé de la plupart des pays arabes et de l'ensemble des autres pays du monde. Aoun a isolé les chrétiens en les enfermant dans le carcan du premier camp, tandis que nous sommes au côté du deuxième, celui dont les chrétiens ont toujours été proches, et qui va du Golfe aux États-Unis en passant par l'Europe », a-t-il estimé.
Samir Geagea a ensuite accusé le 8 Mars de se livrer depuis les élections législatives à « un coup d'État » en bonne et due forme, précisant que l'affaire dépasse la question du TSL et porte sur l'existence de l'État lui-même. « Ils ont tenté de mener ce putsch par les moyens politiques, en pensant que Saad Hariri ploierait. Cela n'a pas marché. Ils ont recours maintenant à d'autres méthodes. Mais ils ne respectent plus les règles du jeu (politique). Les propos et accusations de collaboration que nous avons entendus ces derniers jours sont inadmissibles. Nous savons bien dans quels rangs se sont avérés être les collabos. Je suis avec le TSL, j'ai le droit de l'être comme d'autres ont le droit de s'y opposer, et personne ne peut m'empêcher d'être pour le tribunal. Ces propos sont inacceptables ! », a-t-il dit.

Non à la logique de la force et des armes
Samir Geagea a ensuite repris certains des points développés dans son discours de samedi dernier à Jounieh. Il a ainsi rappelé que le tribunal n'a pour l'instant accusé personne, avant de prendre la défense des juges concernés, estimant qu'ils sont « intègres », « indépendants », et qu'il suffit de jeter un coup d'œil sur leur expérience et leur histoire pour s'en rendre compte. « Depuis février 2009, date où le TSL a commencé à œuvrer, les décisions prises ont été favorables à l'équipe qui l'accuse d'être partial et politisé, notamment, la libération des chefs des SR faute de preuves - mais sans qu'ils ne soient innocentés comme ils le prétendent faussement - laquelle est intervenue avant les élections législatives et a joué en faveur de leur camp », a-t-il rappelé. Il a ensuite démystifié l'affaire des faux témoins, estimant que seul le tribunal pouvait identifier ces derniers, et que nul ne pouvait, avant cela, déterminer leur identité. « Nous serons les premiers à les poursuivre en justice, une fois que l'acte d'accusation aura paru et qu'on aura su qui a donné de faux témoignages », a-t-il dit.
Le chef des FL a ensuite estimé que « ni l'aide de l'OTAN ni celle de l'armée chinoise ou russe pourrait influer le cours de la justice et l'action du TSL », une manière d'appeler le Hezbollah à la raison et à renoncer à la logique de la force. « La logique de l'implosion est inacceptable. Nous sommes prêts à défendre le Hezbollah et nous serons à ses côtés s'il s'avère que l'acte d'accusation est effectivement tronqué. Mais si le Hezb est tellement sûr de son innocence, qu'est-ce qui l'empêcherait d'aller se défendre devant le TSL ? Il a les moyens d'avoir recours aux meilleurs avocats. Attendons donc l'acte d'accusation. L'autre logique, celle de la force, est inadmissible », a-t-il dit.
Estimant que le débat sur le financement du TSL est inutile et que cette affaire n'a besoin ni de l'approbation de la Chambre ni du gouvernement, puisque, sous le coup du chapitre VII, le Liban est contraint, dans une mesure routinière, d'appliquer cette décision, Samir Geagea a estimé que l'autre camp avait d'ores et déjà fait chuter la déclaration ministérielle en qualifiant le TSL « d'instrument au service d'Israël ».
Et de conclure : « Pour une fois, nous allons faire face par d'autres moyens que les armes. C'est à l'État de nous protéger. Peut-être le fait pour nous de ne pas porter d'armes incitera-t-il les autres à délaisser les leurs. Il faut comprendre que reculer et abandonner le TSL, céder sur ce point, c'est revenir à la période qui prévalait avant 2005, c'est accélérer le coup d'État, le rendre immédiat. Après cela, ils voudront tout obtenir, puisque c'est l'État lui-même qui est en jeu. Nous ne pouvons faire cela. Nous allons vers des jours difficiles, vers de grandes difficultés. Mais nous devons y faire face non pas en fuyant, mais ensemble, en disant non. »
Le président du conseil exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, a appelé hier l'État et les dirigeants à assumer leurs responsabilités pour préserver la paix civile et la sécurité dans le pays, si ces dernières devaient se retrouver menacées. « Si un camp a envie d'effectuer un putsch,...

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