La mise en cause des responsables de l'IOR est liée à la saisie, lundi à titre préventif, de 23 millions d'euros de l'IOR déposés sur un compte courant dans une agence romaine d'une autre banque (Credito Artigiano), qui devaient être transférés à hauteur de 20 millions d'euros à une banque internationale (JP Morgan Frankfurt) et de trois millions à une autre banque italienne (Banca del Fucino). L'IOR, surnommée la « banque des prêtres », qui gère les comptes des ordres religieux et des associations catholiques, est une structure bénéficiant du statut extraterritorial accordé au Vatican, donc non tenue de respecter les normes financières en vigueur pour les établissements italiens. Cependant, la justice italienne peut depuis 2003 enquêter sur l'IOR, et la banque est sous surveillance particulière de la Banque d'Italie qui a signalé les deux opérations à la justice le 15 septembre. Le Vatican a « manifesté perplexité et étonnement quant à l'initiative du parquet de Rome », affirmant avoir fourni « les données nécessaires » à la Banque d'Italie et effectué « couramment » ce type d'opérations avec d'autres banques italiennes, selon un communiqué de la secrétairerie d'État. Le Vatican a souligné sa « volonté de totale transparence » en disant s'efforcer de faire entrer le Vatican dans la « liste blanche » de l'OCDE et du GAFI.
Le secrétaire d'État et numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, est également président de la « Commission cardinalice de vigilance » de l'IOR. Cette instance de cinq cardinaux a été mise en place après le scandale provoqué par la faillite, en 1982, de la banque italienne privée Banco Ambrosiano, dont l'IOR était le principal actionnaire. L'enquête menée à cette occasion a montré que la banque Ambrosiano recyclait l'argent de la mafia sicilienne, en relation avec la loge maçonnique illégale P2 travaillant pour la CIA, le renseignement américain. Il y a environ un an, l'institut a changé de patron avec la nomination à sa présidence d'Ettore Gotti Tedeschi, représentant en Italie du groupe espagnol Santander, en remplacement d'Angelo Caloia. Spécialiste de l'éthique de la finance, il a été choisi, selon les médias, pour remettre en ordre les comptes de l'IOR. En juin, le journal Repubblica avait affirmé que l'IOR était sous enquête du parquet de Rome qui le soupçonnait d'opérations de blanchiment d'argent. Pour les enquêteurs, les comptes gérés par l'IOR auprès de plusieurs banques italiennes sans nom de titulaire seraient des « paravents » pour « cacher différents délits, comme la fraude ou l'évasion fiscale ». Sur un de ces comptes, découvert en 2004, « environ 180 millions d'euros ont transité en deux ans », écrivait la Repubblica.
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