« Elles ont droit au respect et à la dignité, il ne leur manque que la liberté », souligne l'ingénieur des travaux. Hier avait lieu la présentation de la nouvelle prison pour femmes de Zahlé, dans la Békaa. Plusieurs personnalités étaient présentes pour l'événement, dont Elena Zambelli, représentante de l'ambassadeur d'Italie, le général Charbel Matar et le président de Dar al-Amar Habib Hatem. À noter aussi la présence du ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud. S'il ne s'est pas exprimé, il a pu voir les progrès accomplis, en partie grâce aux FSI, entre l'ancienne et la nouvelle prison.
D'ordinaire, les prisons libanaises ont mauvaise réputation. « Inhumaines », « sales » et « délabrées » sont les appellations les plus courantes pour les qualifier. À Zahlé, les travaux de rénovation de la prison pour femmes apportent une touche d'espoir concernant les conditions d'incarcération des prisonniers au Liban. Les murs ont été replâtrés puis peints en beige et vert selon les pièces. Des couleurs claires qui sont destinées à tempérer le moral des détenues. Au fond de cet espace d'environ 200 m² se trouve une grande cuisine ainsi qu'une large salle d'eau, deux environnements qui n'existaient pas auparavant. « Il n'y avait rien d'autre que de la moisissure et des murs branlants », explique Hoda Kara, directrice adjointe de Dar al-Amar. « À travers cette rénovation, nous espérons faire oublier la misère qui régnait auparavant et apporter un peu de dignité aux femmes qui, bien que prisonnières, ont droit au respect de la vie humaine », ajoute-elle.
Un exemple à suivre
Deux mois ont été nécessaires pour mener à bien ces travaux. Au final, la rénovation aura coûté 50 000 euros, une somme entièrement prise en charge par le gouvernement italien. Pour Jessica Uccellatori, project manager de Ricerca e cooperation, ce projet est avant tout un moyen de « mettre les femmes sur un pied d'égalité sans aucune discrimination possible ». De son côté, la représentante de l'ambassadeur d'Italie, Elena Zambelli, spécialisée dans les questions liées aux femmes, a déclaré qu'un « des points les plus importants de ce projet était d'avoir pu participer à la réhabilitation de femmes incarcérées au Liban car elles aussi méritent d'être traitées comme n'importe quel être humain ».
Le mot est clair. Il faut désormais s'attacher à réhumaniser les prisons libanaises comme on peut le voir dans les nouveaux « locaux » de Zahlé. Quarante-sept détenues occupent actuellement les murs de cette nouvelle prison. Seul hic, il n'existe pas officiellement de « quotas » maximum de prisonnières. « Comme partout au Liban, les détenues peuvent être entassées s'il y a une pénurie de place », confie un témoin présent à la cérémonie. Autre apport non négligeable pour cette prison, les deux ONG à l'origine du projet ont estimé bon de créer une cour de 30 m², permettant aux prisonnières « de respirer l'air pur et de voir le soleil », comme le précise Habib Hatem. Il est connu que l'accès au grand air a un impact direct sur le mental des prisonniers. Or les priver de cet apport, comme dans l'ancienne prison, aurait été « inhumain », si l'on en croit les déclarations de M. Hatem. À noter l'installation d'un atelier de formation professionnelle, destiné à favoriser la réinsertion professionnelle des détenues, une fois leur peine purgée.
Attention toutefois à ne pas tomber dans l'angélisme. Cela reste une prison avec des barreaux et des gardiens acquis totalement à la surveillance des lieux. Reste que le projet italo-libanais mérite d'être souligné, au moins pour remettre en question la situation déplorable des pénitenciers au Liban.