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Diaspora

Du Mexique à la France, l’attrait du Liban

Émilie Bekerman Saidi apposant ses empreintes digitales auprès du maire de Tyr, Georges Baradhi.

L'été 2010 s'achève avec un goût teinté d'une légère amertume en raison de deux incidents armés ayant provoqué la mort d'une dizaine de personnes à la frontière libano-israélienne, le lundi 2 août, et dans la capitale Beyrouth, le mardi 24 août. Rapidement maîtrisés mais fortement relayés par les médias, ils ont donné l'image d'un Liban instable face aux pressions régionales, malgré une saison festive qui a vu des milliers de Libanais d'origine et de touristes étrangers venir y passer des semaines inoubliables.

Antonio Musi Afif du Mexique
Professeur d'architecture à l'Université nationale autonome de Mexico et directeur de société, Antonio Musi Afif est aussi président fondateur de l'association mexicaine des architectes d'ascendance libanaise (1990). Il a visité le Liban en compagnie de son épouse Maria Elena, d'origine italienne, de son fils Antonio Jr et son épouse Deyra d'origine irlandaise venus sans leurs deux enfants en bas âge, et de sa fille Daniella et son époux Javier d'origine espagnole avec cinq de leurs enfants âgés de 15 à 5 ans, Sebastian, Iñigo, Mateo, Bosco et Ana José, la petite d'un an restant à Mexico. Son dernier voyage remonte aux années 1960 alors qu'il était encore étudiant : se spécialisant dans une école à Paris, il avait tenu à effectuer un stage au Liban pour découvrir le pays de ses ancêtres et y avait séjourné durant deux mois.
Antonio, son épouse, leurs cinq enfants et leurs familles vivent dans la capitale Mexico. Ils n'ont jamais rompu avec leur origine libanaise, fréquentant régulièrement l'église maronite et le club libanais, où se retrouvent tous les jours des centaines de descendants de Libanais. Ils peuvent obtenir la nationalité mais n'en ont pas encore fait la demande auprès de l'ambassade du Liban. Antonio Jr, avocat travaillant dans la fonction publique mexicaine, aimerait bien avoir le passeport libanais pour renforcer son appartenance au pays du Cèdre, sans autre motivation majeure.

Retour à Zouk Mikaël et à Bkassine
Le voyage au Liban organisé par l'association RJLiban a permis de découvrir fin juillet les sites archéologiques et touristiques classiques du Liban, avec deux visites spéciales dans les localités d'origine de Zouk Mikaël, dans le Kesrouan, et de Bkassine, près de Jezzine au Sud-Liban. La véritable famille paternelle est Zoghaib, de Zouk, mais l'ancêtre Moussa Zoghaib, prenant la nationalité mexicaine, l'a remplacée par son prénom Moussa devenu Musi. Côté maternel, la famille Afif s'est conservée, et c'est ainsi qu'Antonio a rencontré par hasard son cousin Francis Afif sur la place de Bkassine, avant de visiter l'église du village.
Il convient de signaler que dans les pays d'Amérique latine, comme en Espagne et au Portugal, toute personne possède deux noms de famille, celui du père accolé à celui de la mère, ce qui facilite considérablement les recherches généalogiques sur l'ascendance maternelle.

Émilie Bekerman Saidi, une nouvelle « Libanaise dans le monde »
Il y les « Libanais dans le monde », mais aussi les nouveaux Libanais dans le monde. Le gouvernement libanais a pris l'heureuse intiative d'accepter les demandes de naturalisation des épouses de Libanais. Selon le maire de Tyr, Georges Baradhi, qui traite plusieurs cas par an, le processus nécessite deux à trois ans, avec un résultat garanti. Voici donc Émilie Bekerman, Française originaire de la région parisienne, qui vient de devenir libanaise de Tyr, à la grande joie de son époux Rani Saidi et leurs deux garçons Ilan et Eden. Ils résident à Paris mais passent régulièrement leurs vacances au Liban, où ils possèdent une maison.
En véritable Libanaise engagée, Émilie a accueilli durant les mois de juillet et d'août de nombreux amis de France, du Maroc, d'Espagne et d'autres pays pour lesquels elle a organisé de multiples journées touristiques au Liban, sans oublier les soirées jusqu'à l'aube devenues de tradition à Beyrouth, Jounieh et bien d'autres localités. Événement marquant : le 17 août, elle a reçu officiellement son extrait d'état civil du maire de Tyr, qui lui a demandé d'apposer ses empreintes digitales pour l'émission de sa carte d'identité. Une grande fête rassemblant la famille et les amis, avec baignade et promenade en bateau, a suivi sur la petite île de Ziré près du port de Tyr.

Pour un Liban meilleur
Il est ainsi étonnant de constater l'engouement des Libanais, des descendants de Libanais et de leurs amis pour ce pays tant malmené durant les dernières décennies, et dont la population continue de souffrir en raison de la carence d'un État s'avérant impuissant de par sa structure. Rêvons pour l'été prochain d'un Liban sans confessionnalisme politique, sans armement illégal dans les camps palestiniens et les autres régions, sans corruption dans les institutions, avec des routes sécurisées et éclairées, un réseau de télécommunications moderne qui permettrait aux Libanais de voter de l'étranger et, surtout, autoriserait le mariage civil sur place tout comme le mariage religieux, et octroierait à la femme libanaise le droit naturel de donner la nationalité à ses enfants.

L'été 2010 s'achève avec un goût teinté d'une légère amertume en raison de deux incidents armés ayant provoqué la mort d'une dizaine de personnes à la frontière libano-israélienne, le lundi 2 août, et dans la capitale Beyrouth, le mardi 24 août. Rapidement maîtrisés mais fortement...