Maurice Dunand, qui avait dirigé les fouilles de Byblos de 1926 à 1975, avait, rappelons-le, quitté le Liban pendant la guerre civile pour s'installer dans son village natal de Loisin, en Haute-Savoie, et avait emporté avec lui l'ensemble des documents relatifs à la cité antique. Selon le quotidien français, il avait reçu des centaines de milliers de francs du ministère des Affaires étrangères de subventions pour poursuivre ses recherches et s'était engagé à léguer ses archives au Centre archéologique de Valbonne, près de Cannes. « Mais Paris découvrira que l'archéologue, vexé à la suite d'un versement promis mais jamais arrivé, avait modifié son testament et signé un « contrat » avec l'université de Genève, s'engageant moyennant 50 000 francs suisses à transmettre après sa mort (en mars 1987) ses archives au département des sciences de l'antiquité, entraînant ainsi une bagarre juridique entre la France et la Suisse.
Vieillissant et à la recherche de moyens de subsistance, l'ancien directeur du chantier de Byblos « a vendu deux fois ses archives... Oui, l'affaire n'est pas très propre », déclare au Monde le professeur genevois Antoine Cavigneaux, responsable du dossier depuis dix ans. Sans doute, avec sa retraite de fonctionnaire libanais, avait-il besoin d'argent... »
De son côté, le Liban, qui s'est engagé à restaurer et à numériser ces documents, les réclamait depuis 1999. Le Monde rapporte que c'est sous l'impulsion d'Assaad Seif, directeur des fouilles à la DGA, que la situation se débloque, en 2008. Auteur d'un doctorat sur Byblos qui l'a obligé à faire des allers-retours à Genève pour consulter les archives Dunand, il donne l'assurance que le fonds sera numérisé et conservé, « pour permettre, dans un futur proche, aux chercheurs intéressés de pouvoir consulter cette documentation tant attendue », explique-t-il. Assaad Seif ajoute : « Les milliers de fiches d'objets vont nous aider à remettre en ordre les objets fouillés depuis 1926, qui se trouvent actuellement dans nos dépôts. »