de Nicolas COUDERC*
Le contexte actuel n'est pas favorable aux politiques de lutte contre le changement climatique. Face à la crise économique mondiale, les gouvernements ont relégué la défense de l'environnement au second, voire troisième plan. Dans le même temps, les négociations internationales sur le climat piétinent, après l'échec relatif de Copenhague. Les problèmes de court terme empêchent donc de traiter, une fois de plus, les problèmes de long terme ; pourtant, la crise économique actuelle ne doit pas faire oublier qu'une autre crise, écologique celle-là, se prépare, et qu'elle affectera durablement l'ensemble des pays du monde, mais également l'économie.
Partout dans monde, le changement climatique a déjà des conséquences visibles. Au Liban, depuis quelques décennies, on constate une réduction des précipitations, la désertification progressive des sols et l'épuisement accéléré de certaines nappes phréatiques. Et ce n'est qu'une première étape, puisque à terme, ces évolutions provoqueront la réduction de la fertilité des sols, mais également la raréfaction de l'eau potable. Dans un Proche-Orient où les ressources hydriques sont rares et inégalement réparties entre pays, ce phénomène pourrait bien avoir des implications géopolitiques tout autant qu'écologiques. Sur un autre registre, certains scientifiques craignent même la disparition du cèdre, emblème du Liban : l'arbre a en effet besoin d'humidité et d'un sol fertile pour croître...
Le monde des affaires n'est pas immunisé contre le changement climatique ; il va devoir s'y adapter, mais également participer à la transition vers un monde « bas carbone ». Cette transition prendra des décennies, mais elle est inéluctable - et elle commence maintenant. La plupart des secteurs économiques vont donc devoir réinventer, au moins partiellement, leur business model pour réduire leur « empreinte écologique ». Ainsi, la diminution des émissions de gaz à effet de serre du secteur de l'énergie passera par la réduction de l'utilisation des combustibles fossiles et le recours croissant aux énergies renouvelables, ainsi que par la mise en place de politiques d'économies d'énergie.
Au cours de cette transition écologique, certaines activités, trop polluantes, seront vouées à disparaître. Mais le changement climatique permettra également l'essor de nouvelles activités économiques : de nouvelles destinations touristiques émergeront, le green business décollera enfin, et plus généralement, tous les secteurs de l'économie devront adopter de nouvelles manières de produire et de vendre, plus respectueuses de l'environnement, mais pas nécessairement moins rentables ! Une preuve qui ne trompe pas : de nombreux experts et cabinets de conseil proposent dès à présent des services aux entreprises pour mesurer leur exposition aux risques climatiques, pour les accompagner dans leur transition vers un monde « bas carbone » et pour identifier les opportunités que ce nouveau monde leur offrira...
Accepter la réalité du changement climatique est un premier pas ; mais un dirigeant soucieux de la pérennité de son entreprise ne peut s'en contenter : il doit s'y préparer.
*Professeur affilié ESCP-Europe et intervenant à l'ESA.
En coopération avec : l'ESA