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Liban - L’éclairage

Un émissaire qatari pour réactiver le pacte de Doha sur la non-violence

Comme déjà signalé dans ces colonnes, l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, a pris langue dès mardi soir avec le président Michel Sleiman, pour s'enquérir des événements de Beyrouth-Ouest. Il a demandé s'ils traduisaient un plan déterminé visant à gommer l'accord de Doha. Le chef de l'État l'a rassuré, en lui affirmant que les troubles, rapidement circonscrits, n'étaient que le résultat d'un incident isolé. Ajoutant qu'il n'y a aucune intention d'escalade de la part de quiconque. D'autant qu'il s'est fait que les affrontements ont mis en présence des éléments appartenant à deux formations amies. Ce jour-là, l'émir s'est satisfait de ces propos, et on ne signale pas qu'il ait élargi ses contacts et appelé d'autres pôles libanais. Mais des sources informées indiquent que l'émir ressent encore suffisamment d'inquiétude pour dépêcher sous peu à Beyrouth un émissaire spécial, chargé de promouvoir les efforts visant à rétablir le pacte de non-violence conclu par les Libanais à Doha à la suite du 7 mai 2008.
En effet, des professionnels du cru pensent que le mardi dernier a été un mini-7 Mai ciblant l'accord de Doha, pour en annuler le précepte de traitement des différends par le dialogue calme. C'est-à-dire qu'il s'agirait, comme tant de pôles en ont exprimé la crainte, d'une avant-première, d'une répétition pour un cycle de pressions violentes remplaçant cette détente ordonnée lors du sommet libano-syro-saoudien de Baabda. Et gommant, qui plus est, le principe de consensus à l'origine de l'élection du présent chef de l'État. Selon ces sources, le but serait d'établir un nouvel arrangement général, en lieu et place de Doha, sur base d'une nouvelle équation prenant en compte essentiellement les rapports de force sur le terrain.
On relève en effet, à ce propos, des indices probants autant qu'inquiétants. Pour la toute première fois, un édifice religieux sunnite, la mosquée de Basta, a été incendié par des éléments chiites. La démonstration, tout à fait claire, signifie évidemment que toute nouvelle confrontation de rue tournerait à une guerre d'éviction totale.

Levée de boucliers
Une perspective dévastatrice contre laquelle les Beyrouthins se dressent avec encore plus de colère que d'effroi. Les délégations populaires, les organismes économiques, les rouages de la société civile et toutes sortes de notables se concertent pour une action d'ensemble visant à sécuriser la cité. En exerçant une pression suffisante sur le pouvoir pour qu'il applique enfin la décision prise il y a deux ans, après le choc du 7 Mai, de démiliciser Beyrouth, d'en bannir les armes lourdes ou moyennes, en contrôlant étroitement l'armement individuel dit de poing.
Les Beyrouthins précisent qu'ils travaillent autant pour le pays tout entier que pour leur propre paroisse. Car de nouveaux heurts entre chiites et sunnites mettraient sans aucun doute le feu aux poudres partout, la discorde confessionnelle étant le plus sûr moyen de provoquer une guerre civile.
Pour commencer, souligne la population urbaine, le Hezbollah et les Ahbache doivent faire amende honorable publiquement, demander des excuses et indemniser les familles qui ont eu des blessés ou des kidnappés dans leurs rangs ou qui ont perdu des biens. Car ce n'est pas au contribuable, c'est-à-dire à l'État, via le Haut Comité de secours, de couvrir les dégâts.
Les Beyrouthins ne manquent pas de reprocher à l'État, et à ses forces régulières, d'avoir pratiquement assisté en spectateur, sans rien faire pour protéger les gens ni réprimer les fauteurs de troubles, aux violences de mardi. Ils lui demandent aussi pourquoi il n'y a pas eu d'arrestations.
L'armée et les FSI répondent qu'une répression nécessite une décision politique qui ne leur a pas été communiquée. Mais l'enquête est en cours. La police militaire, indiquent des sources fiables, a mis la main sur des vues de caméras qui ont filmé diverses scènes des troubles à Bourj Abi Haïdar ou ailleurs. Ces cassettes sont sous examen, pour l'interpellation de suspects. Selon un responsable des Ahbache, les images montreraient nettement des éléments qui ont tiré ou attaqué des biens.
Des députés de la capitale vitupèrent pour leur part contre le Hezbollah. En soulignant que l'armement déployé par ce parti à Beyrouth n'est pas du tout de résistance, et que sa place n'est pas dans la ville, mais au Sud. Des majoritaires s'en prennent en outre à l'État, pour sa permissivité excessive concernant l'armement milicien. Ils soulignent que des parties exploitent la devise de la résistance pour s'armer encore plus à l'intérieur, et non sur les frontières, et dominer la rue. Par conviction que le maître du terrain impose facilement sa volonté en politique. Ces loyalistes soutiennent que les minoritaires s'arment massivement, à l'heure actuelle avec l'aide de la Syrie et de l'Iran, pour des objectifs de politique intérieure, et non pour affronter Israël. Les indépendantistes ajoutent que nul ne peut accepter de se laisser écraser sans rien tenter. Et que si l'État continue à fermer les yeux, à ne pas abolir l'armement milicien en ville, à ne pas immuniser Beyrouth et d'autres cités, toutes les parties voudront s'armer, auprès de diverses sources extérieures. Pour se protéger, et pour contrer les instruments de l'axe d'acier Damas-Téhéran, selon leurs dires.
Comme déjà signalé dans ces colonnes, l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, a pris langue dès mardi soir avec le président Michel Sleiman, pour s'enquérir des événements de Beyrouth-Ouest. Il a demandé s'ils traduisaient un plan déterminé visant à gommer l'accord de Doha. Le chef de l'État l'a rassuré, en lui affirmant que les troubles, rapidement circonscrits, n'étaient que le résultat d'un incident isolé. Ajoutant qu'il n'y a aucune intention d'escalade de la part de quiconque. D'autant qu'il s'est fait que les affrontements ont mis en présence des éléments appartenant à deux formations amies. Ce jour-là, l'émir s'est satisfait de ces propos, et on ne...
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