L'une des principales décisions qu'ils ont prises est de supprimer l'adhésion facultative à la CNSS de sorte à ce qu'elle devienne obligatoire. Le projet est acquis. Il reste à en établir le mécanisme, a expliqué M. Khalifé au terme de la réunion, tout en tombant à bras raccourcis sur la caisse, déplorant une mauvaise gestion qui est, selon lui, à l'origine de l'important déficit dont elle souffre.
« La réforme d'une institution qui connaît un cumul de problèmes ne peut pas se faire du jour au lendemain », a admis le ministre en estimant que la priorité doit être accordée au règlement des problèmes auxquels les abonnés sont confrontés « dans la mesure où ces derniers ne doivent pas subir les conséquences des retards accusés par l'administration ». « Les abonnés à la CNSS paient jusqu'à plus de 30 % la différence des frais d'hospitalisation à cause de ces retards et parce ce que le mécanisme de travail de la caisse n'est pas développé », a-t-il déploré, en critiquant vivement la direction de la CNSS parce qu'elle a demandé à certains hôpitaux de s'acquitter de leurs abonnements à la caisse pour que celle-ci leur paie les sommes qu'elle leur doit. « Je sais que des factures sont accumulées depuis plus d'un an et demi auprès de la CNSS et je ne pense pas que le responsable d'un établissement quelconque peut tolérer ce genre de retard », a encore dit M. Khalifé, critiquant des « propos irresponsables ».
Il s'est arrêté sur le déficit de la CNSS qui a atteint le chiffre de 130 milliards de livres. « Si la CNSS avait été gérée d'une façon correcte, elle aurait pu servir de modèle pour l'État et son déficit aurait été moins important », a observé le ministre. « Mais en l'absence d'un registre électronique, les différences (entre les sommes payées et les sommes obtenues) restent énormes. Aucune société au monde n'assure une personne qui effectue des examens et des radios et qui prend des médicaments à sa guise, sans contrôle. C'est exactement comme pour la Banque centrale : un détournement de fonds d'une dizaine de milliards de livres dans une banque entraîne un branle-bas de combat. Est-il normal qu'on ne trouve rien à redire au sujet d'un déficit de 130 milliards de livres ? Passe encore si c'était 50 ou 20 milliards, mais 130 milliards ! » s'est-il écrié.
M. Harb a tenté quelque peu d'atténuer la sévérité des propos de son collègue en relevant que c'est le système adopté pour la CNSS qui n'était pas correct. « Il était normal qu'il favorise un déficit, indépendamment des questions de mauvaise ou de bonne gestion », a-t-il commenté. « L'accumulation d'un déficit qui plafonne à 130 milliards de livres relève à mon avis de la responsabilité de l'État qui a mis en place ce système », a indiqué le ministre du Travail, estimant que le paiement de cette somme est indispensable pour éviter davantage de pertes qui risquent de mettre en danger la pérennité de la CNSS.
M. Harb a indiqué qu'il s'est entendu avec son collègue de la Santé pour combler la totalité du déficit de la branche des abonnés facultatifs, avant de mettre l'accent sur l'importance du tarif hospitalier forfaitaire qui empêche les fraudes.