En dépit du déploiement de l’armée, les affrontements se poursuivaient de manière sporadique, tard en soirée, dans plusieurs quartiers de la capitale. Photo Marwan Assaf
Jusque tard dans la nuit, la cause du conflit armé qui s’est étendu à Ras el-Nabeh, Basta, Barbir, Corniche el-Mazraa, Barbour, Mousseitbé et Noueiry n’avait pas été connue.
Selon les premières informations – non confirmées – obtenues, Fawwaz passait dans sa voiture, en compagnie de son garde du corps, devant la mosquée des Ahbache à Bourj Abi Haïdar, où des partisans de cette formation sunnite étaient rassemblés. Il y aurait eu un échange acerbe de mots suivi immédiatement d’échanges de tirs, au cours desquels Fawwaz et Jawad ont été tués.
Les affrontements, au cours desquels des fusils mitrailleurs, des RPG et des B7 ont été utilisés, ont commencé vers 19h, peu avant la rupture du jeûn du ramadan. Les tirs étaient entendus dans toute la capitale.
Plusieurs personnes, notamment parmi les passants, ont été blessées. Deux combattants du Hezbollah l’ont été grièvement. Le mouvement Amal, fortement présent à Bourj Abi Haïdar, a démenti toute implication dans le conflit qui a fini par dégénérer, en dépit de tous les efforts déployés pour le circonscrire. D’ailleurs, à l’heure d’aller sous presse, les heurts avaient repris dans plusieurs quartiers de la partie ouest de Beyrouth.
Il faut dire qu’un déploiement d’éléments armés avait été observé dans les quartiers entourant ce secteur où deux centres des Ahbache, dont un à Noueiry, ont été incendiés. Le supermarché al-Diwan, dont le propriétaire est également proche de cette formation, a été attaqué et la mosquée de Bourj Abi Haïdar endommagée par les tirs de B7.
L’armée a rapidement bouclé le secteur, coupant à la circulation toutes les artères et les ruelles menant à Bourj Abi Haïdar, dont le tunnel Sélim Salam. Elle n’a cependant pas réussi à s’interposer entre les deux belligérants chiite et sunnite.
Parallèlement, des contacts politiques ont été menés dans une tentative de circonscrire les affrontements, qui s’intensifiaient à mesure que les heures passaient, et d’empêcher qu’ils ne s’étendent à d’autres quartiers mixtes de la partie ouest de la capitale.
Le chef de l’État, le général Michel Sleiman, a ainsi pris contact avec le président de la Chambre, Nabih Berry, qui effectuait des contacts avec les commandements des deux parties pour tenter de rétablir le calme. Conscientes de la gravité des affrontements qui interviennent à un moment où les craintes d’un conflit sunnito-chiite persistent dans le pays, les directions du Hezbollah et des Ahbache, représentées respectivement par MM. Wafic Safa et Adnane Traboulsi, ont tenu une réunion de coordination en présence du vice-directeur des renseignements de l’armée, le général Abbas Ibrahim.
L’ensembe de ce branle-bas de combat a fini par porter ses fruits et le calme est revenu peu après 23h à Bourj Abi Haïdar. Le Hezbollah et les Ahbache ont publié un communiqué conjoint dans lequel ils ont insisté sur le caractère « isolé » du conflit armé, « affirmant qu’il n’a aucune motivation politique ou communautaire ». Ils ont annoncé que l’armée va ouvrir une enquête et assuré qu’« en aucun cas, ceux qui portent atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays ne peuvent bénéficier d’une couverture politique ». Il n’en demeure pas moins qu’ils vont peut-être avoir du mal à contenir la rue qui continuait de bouillir, comme le montre la reprise des affrontements, tard en soirée, dans certains quartiers de la partie ouest de la capitale. Une patrouille de l’armée, qui a réussi à se déployer dans certains quartiers, a essuyé des tirs de B7 qui n’ont pas fait de victimes dans les rangs de la troupe.