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Diaspora - Portrait

Ali Hassoun, un peintre exceptionnel au service de la foi

Un peintre italo-libanais de talent, Ali Hassoun, a suscité dernièrement une polémique avec une œuvre pourtant dédiée au dialogue et à la coexistence des religions.

Le peintre libano-italien Ali Hassoun.

Le sujet passionne et devient très actuel depuis que la fête de l'Assomption prend de l'ampleur, avec la vénération accrue des musulmans pour la Sainte Vierge à travers les continents. Ce phénomène, étrange pour certains, apparaît au grand jour au Liban, terre de paix et de coexistence, un exemple pour le monde, où des centaines de musulmans arabes et perses, venant de Syrie, de Jordanie, d'Irak et d'Iran, en particulier, se joignent aux chrétiens orientaux pour prier quotidiennement dans le sanctuaire de Notre-Dame du Liban à Harissa, surplombant la belle baie de Jounieh.
D'autant plus qu'une autre fête mariale, celle de l'Annonciation, célébrée le 25 mars, est devenue en 2009 une fête nationale au Liban. Ce qui met en exergue les profondes traditions pacifiques émanant du pays du Cèdre, terre de Phénicie, tout en attisant l'inimitié de certains, voyant d'un mauvais œil le rapprochement entre chrétiens et musulmans.

Le tableau de saint Georges au Palio de Sienne
La polémique a ainsi vite surgi le mois dernier, lors de la fameuse course annuelle de chevaux du Palio, une fête médiévale dédiée depuis 700 ans à la Vierge Marie, qui s'est tenue à la « Piazza del campo » à Sienne en Toscane, mettant en compétition 17 villages du voisinage. Ali Hassoun, Libanais renommé en Italie pour son talent de peintre, est sélectionné pour réaliser la banderole du Palio, qui sera remise au vainqueur. C'est la première fois qu'un musulman se voit confier la tâche de créer le symbole d'une course fortement liée aux convictions chrétiennes. Ce choix intervient alors que Sienne célèbre cette année les 750 ans de sa victoire contre Florence, le 4 septembre 1260 : l'illustre bataille de Montaperti avait nécessité l'intervention, entre autres, de fantassins et cavaliers arabes musulmans envoyés en renfort par le roi Manfred de Sicile, et fit 10 000 morts côté florentin et 600 morts côté siennois.
Ali dessine pour le Palio un portrait de saint Georges portant la keffiyeh. Au-dessus de lui, l'image de la Vierge Marie avec une couronne surmontée d'un croissant de lune, de l'étoile de David et d'une croix, et le titre de la sourate du Coran écrite en arabe, « sourate de Mariam ». L'artiste, fier de sa nomination, présente son œuvre comme étant une plaidoirie en faveur du dialogue, destinée à trouver un terrain d'entente entre les cultures.

Controverse dans les médias
La cité de Sienne qualifie la banderole de « jolie », mais le débat ne tarde pas à être lancé autour des symboles musulman et juif. Leur utilisation est qualifiée par le diocèse romain catholique de « problématique », alors que Ali Hassoun explique que la croix surplombe le croissant et l'étoile conformément à la religion dominante en Italie. Pour sa part, le maire de Sienne, Maurizio Cenni, dont la ville aspire au titre de « capitale culturelle de l'Europe » en 2016, justifie le choix de l'administration locale en raison de « l'art traditionnel, hautement figuratif et facile à apprécier » de l'artiste.
Autre sujet de polémique : la keffieh revêtue par saint Georges, qui représente de nos jours la résistance palestinienne et qui vaut à l'œuvre de Hassoun l'accusation de « blasphème » dans plusieurs journaux, avec des titres suggestifs comme « le guerrier et la rose ». Cela n'est pas sans rappeler l'histoire de Rima Fakih, Libano-Américaine originaire elle-aussi du Liban-Sud, du village de Srifa, dans la région de Tyr, élue en mai dernier Miss USA et que certains ont accusée d'être liée à la résistance islamique. Toujours est-il que la course du Palio s'est déroulée sans problèmes en Toscane, et le gagnant a été heureux de recevoir son trophée à la valeur inestimable.

Portrait de Ali Hassoun
Né à Ghazieh au sud de Saïda en 1964, Ali Hussein Hassoun part à l'âge de 18 ans en Italie, où il fait ses études à l'Académie des beaux-arts à Florence et obtient également un diplôme en architecture. Il vit et travaille actuellement à Milan, avec la double nationalité libanaise et italienne, ce qui confère à son œuvre une dimension européenne et occidentale s'ajoutant à son univers arabo-méditerranéen. Avec le concours du gouvernement italien, il effectue en 1997 trois grandes expositions à Beyrouth, à Damas et au Caire, et participe à de nombreuses manifestations culturelles, comme l'exposition des peintres arabes à la Chambre des députés à Rome, en juillet 2009, qui lui vaut une couverture médiatique confirmant sa célébrité.
Le thème dominant dans sa recherche picturale est relatif au voyage, « un instrument pour explorer des expériences et des visions hétérogènes ». Hassoun propose l'idée de « l'humanité comme qualité universelle et commune entre tous les peuples », et prône la diversité religieuse et politique. Les personnages de l'islam et de l'Afrique ressortent dans ses tableaux à l'imagination créative, dans lesquels s'imbriquent un jeu de citations et de renvois indirects entre la forme et le fond. De nombreux artistes italiens et arabes ont fait son éloge, considérant son œuvre comme étant avant-gardiste.

Pour contacter l'artiste, il est possible d'écrire au alihussein.hassoun@fastwebnet.it, ou de consulter le site Internet : www.alihassoun.it.
Le sujet passionne et devient très actuel depuis que la fête de l'Assomption prend de l'ampleur, avec la vénération accrue des musulmans pour la Sainte Vierge à travers les continents. Ce phénomène, étrange pour certains, apparaît au grand jour au Liban, terre de paix et de coexistence, un exemple pour le monde, où des centaines...