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Lifestyle - Événement

Kaotik System, ou comment la culture des tree parties a gagné le Liban

Le collectif libanais Kaotik System a prouvé, au cours de la neuvième édition de sa Tree Partee que la musique électronique alternative rencontrait un succès croissant au pays du Cèdre.

L’édition 2010 de la Tree Partee numéro 9 est bien partie pour devenir la plus réussie de la série.

Plus de 300 fans venus de tout le Liban s'étaient donné hier rendez-vous sous le célèbre chêne millénaire qui abrite depuis des années les soirées « open air » de Kaotik System. Dans une ambiance festive, jeunes et moins jeunes ont pu profiter des sets déchaînés des enfants terribles du collectif, Kapushka, de Screwheadz, et de leurs invités, Subdog et IZM. Petit retour en arrière.
Fondé en 2003 par un petit groupe de passionnés, Kaotik System vise avant tout à propager la diversification musicale, pour contrer un conformisme ambiant et une culture commerciale de plus en plus marqués au Liban. Face au règne des Tiesto et autre Guetta, l'organisation à but non lucratif s'est évertuée pendant des années à ouvrir le public à de nouveaux genres et sous-genres musicaux. D'abord porte-parole de la techno « hardcore » au Liban, Kaotik System s'en est ensuite éloigné pour se concentrer notamment sur la techno minimale, le « dubstep » et le « breakcore », un genre avant-gardiste de plus en plus apprécié des cercles d'initiés européens et nord-américains. Mais le groupe, très influencé à ses débuts par les « sound-systems » à la française, a gardé du « hardcore » le goût des soirées en plein air.
Dès 2004, date du premier événement significatif organisé par Kaotik System (Electronic Music Festival, au West Bekaa Country Club), pour lequel plus de 1 200 enthousiastes ont fait le déplacement pour assister aux performances de 12 DJ français, américain, libanais et canadien, le ton était donné. Cet événement, depuis inscrit dans les annales de la culture régionale comme le tout premier « open air » festival techno des pays arabes, a renforcé au sein du groupe la décision d'organiser ponctuellement des soirées gratuites, en plus des soirées payantes organisées un peu partout au Liban et jusqu'en Syrie. Au fil des années, le bras armé de Kaotik System, Kaotik Crew, a donc perfectionné ses compétences en matière d'organisation, de choix des lieux et de la sélection d'un public soigneusement trié. Graduellement, Kaotik System s'est également mis à collaborer avec la Croix-Rouge et diverses organisations, dans une optique de prévention et de respect de l'environnement. En effet, tombé quelques années plus tôt sous le charme d'un splendide terrain boisé situé sur les hauteurs d'une ville dont, évidemment, le nom ne sera pas communiqué aux lecteurs de L'Orient-Le Jour (les curieux auront vite fait de chercher sur Internet), le collectif est devenu encore plus déterminé à ne pas dégrader le terrain - et le fameux chêne - que le propriétaire leur prête maintenant chaque année, le temps d'une soirée. Les efforts du collectif ont porté leurs fruits au fil du temps pour culminer hier soir à plus de 300 fans venus en masse par convois.

La mauvaise foi des autorités
L'édition 2010 de la Tree Partee numéro 9 était donc bien partie pour devenir la plus réussie de la série. Mais si Kaotik System a toujours organisé ses soirées dans le plus grand respect des lois - l'organisation est l'une des seules à être légalement inscrite auprès du ministère des Finances et jouit du soutien du ministère du Tourisme -, les représentants des autorités locales en ont décidé autrement hier. Malgré le fait que la soirée se tenait dans un terrain perdu au milieux des pinèdes, donc loin
de toute agglomération urbaine ; malgré le fait que la Tree Partee était organisée dans un terrain privé avec l'accord et la présence du propriétaire légitime du terrain, les gendarmes locaux ont décidé d'investir les lieux au bout de quelques heures pour signifier aux organisateurs que la soirée devait s'arrêter pour cause de « tapage nocturne ». Apparemment, la fameuse loi de l'arrêt du son après une heure du matin ne s'appliquerait pas qu'à Gemmayzé, aux noces intempestives ou aux fêtes en appartement en plein Beyrouth, mais à une rave party en pleine forêt, à 45 minutes du village le plus proche... Malgré l'incompréhension générale, face à la menace de réquisitionner son matériel et au ton qui montait de la part des représentants de l'ordre, Kaotik a dû obtempérer. Mais il fallait compter sans la passion qui anime le collectif et ses amis : aux premières lueurs du jour, l'interdiction n'étant plus de mise, Kaotik System a remis ça ! Et les quelques dizaines de « ravers » qui avaient fait preuve de patience ont été récompensés par un set magique, en pleine nature, jusqu'à ce que la chaleur du midi approchant terrasse les plus enthousiastes, qui ont sagement regagné leur tentes pour récupérer d'une nuit bien agitée.
Plus de 300 fans venus de tout le Liban s'étaient donné hier rendez-vous sous le célèbre chêne millénaire qui abrite depuis des années les soirées « open air » de Kaotik System. Dans une ambiance festive, jeunes et moins jeunes ont pu profiter des sets déchaînés des enfants terribles du collectif,...

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