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Santé - Conférence

Diabète : les patients au Liban ne se conforment pas aux traitements

La situation du diabète dans la région du Moyen-Orient a été au centre d'un point de presse organisé en marge des travaux du 13e congrès annuel de la Société libanaise d'endocrinologie, de lipides et de diabète.

De gauche à droite, les Drs Samir Ouaïss, Kamel Ajlouni, Akram Echtay et Sami Azar.

Les mosquées et les chefs religieux ont un rôle important à jouer dans la sensibilisation et la prévention du diabète. Tel est le constat auquel a abouti une étude menée en Jordanie en 2009 et présentée par le Dr Kamel Ajlouni, président du Centre national d'endocrinologie, du diabète et de génétique en Jordanie, dans le cadre d'un point de presse organisé par les laboratoires Sanofi-Aventis en marge des travaux du 13e congrès annuel de la Société libanaise d'endocrinologie, de lipides et de diabète.
L'étude a englobé 1 743 mosquées de différentes régions de Jordanie. « L'implication des imams et des prédicateurs se faisait par le sermon du vendredi, les enseignements religieux et des groupes de discussion à l'intérieur et à l'extérieur de la mosquée », explique le Dr Ajlouni.
Près de 10 000 fidèles du royaume ont été interrogés sur une période de six mois sur leurs connaissances du diabète. Les questionnaires ont été présentés en deux étapes : avant et après le sermon du vendredi, ou les enseignements religieux.
« Les connaissances des personnes interrogées se sont améliorées de 72 %, note le Dr Ajlouni. Près de 15 % des personnes interrogées connaissent le sujet et 13 % n'y portaient aucun intérêt. »
« Le recours aux mosquées comme centres d'éducation de santé est efficace et pratique, affirme ainsi le Dr Ajlouni. Ce genre d'éducation doit être maintenu, d'autant qu'il est peu coûteux, qu'il a une large diffusion et qu'il a recours à la religion de façon positive. Il faudrait toutefois mettre en place une approche objective pour évaluer l'efficacité de cette campagne de sensibilisation. »

L'étude IDMPS
Le Dr Sami Azar, endocrinologue à l'hôpital de l'Université américaine de Beyrouth, a pour sa part présenté les résultats d'une étude internationale sur le diabète. Baptisée International Diabetes Management Practices Study (IDMPS), l'étude a englobé 20 739 patients de plusieurs pays du monde, dont 1 630 du Liban. Elle avait pour objectif de décrire la prise en charge du diabète et d'évaluer leur conformité aux recommandations internationales. Notons que la majorité des patients souffrait du diabète de type 2. En ce qui concerne les traitements, ils allaient de l'insuline en monothérapie à l'association d'antidiabétiques oraux avec le maintien d'une hygiène de vie saine incluant un régime alimentaire et l'exercice physique.
« Cette étude a montré que les patients libanais souffrant de diabète ne se conforment pas aux recommandations concernant un mode de vie sain ni aux traitements tels que prescrits par leur médecin, a déploré le Dr Azar. Ils ne reçoivent pas non plus une éducation appropriée pour les aider à contrôler leur maladie. »
« Les résultats qui pourraient être considérés comme alarmants ont montré que 70 % des patients libanais n'ont pas un contrôle adéquat de leur taux de glycémie dans le sang (Hb1AC), qui est supérieur à 7 %, au moment où l'Association américaine du diabète (ADA) et la Société européenne pour l'étude du diabète (EASD) recommandent de le maintenir à moins de 7 %, a ajouté le Dr Azar. Seuls 29,6 % des patients voient leur Hb1AC maintenu à un taux inférieur à 7 %, alors que chez 40 % d'entre eux, il est supérieur à 8 %. Ce chiffre est très élevé et signifie que le diabète chez ces personnes n'est pas contrôlé. »
Également selon cette étude, 23 % des patients libanais ne sont traités à l'insuline que dix ans après le diagnostic de la maladie, « ce qui explique la raison pour laquelle le diabète n'est pas contrôlé chez un grand nombre de diabétiques, malgré les recommandations émises par l'ADA et l'EASD qui appellent à une insulinothérapie précoce avec l'insuline basale. De plus, les complications causées par le diabète ne sont pas diagnostiquées chez 33,5 % des patients. D'après l'étude, seuls 10 % des diabétiques examinent leur HbA1C régulièrement tous les trois mois, 20 % d'entre eux le font deux fois par an et 70 % une fois par an, sachant que selon l'ADA et l'EASD, cet examen de routine doit être effectué tous les trimestres.
« Le manque de sensibilisation au diabète, aux médicaments et aux avantages de l'insuline reste l'un des principaux obstacles dans le traitement des diabétiques au Liban », a conclu le Dr Azar.
Sur un plan global, l'étude IDMPS a montré que plusieurs facteurs empêchent un contrôle adéquat du taux de glycémie dans le sang. L'étude montre ainsi que 50 % des patients n'adoptent pas un style de vie sain, 30 % d'entre eux ne se conforment pas aux traitements, 10 % craignent les injections, 40 % ne reçoivent pas une bonne éducation sur le diabète, 20 % ont la crainte d'excès de poids et d'une hypoglycémie.

Campagne nationale
Le président de la Société libanaise d'endocrinologie, de lipides et de diabète, Akram Echtay, a quant à lui affirmé que « le moyen le plus sûr et le plus efficace pour combattre le diabète est la sensibilisation et l'éducation de la société en général et des patients en particulier ». Il a souligné dans ce cadre l'importance d'une alimentation saine et appropriée, ainsi que de l'activité physique régulière pour réduire la prévalence de cette maladie. Insistant sur la nécessité de diagnostiquer la maladie à un stade précoce, le Dr Echtay a noté que dans le cadre du programme national pour le dépistage du diabète, des brochures, comprenant des informations sur le diabète et des questions qui pourraient évaluer les risques de la maladie, seront distribuées à près de 400 000 personnes. Des campagnes pour le dépistage du diabète par des tests de la glycémie seront également menées. Cette campagne s'étalera sur trois années.
Prenant la parole en dernier, le Dr Samir Ouaïss, endocrinologue et consultant auprès du ministère de la Santé en Syrie sur les programmes du diabète et déficience de l'iode, a présenté les recommandations émises par l'Association syrienne du diabète. Celles-ci se basent sur les directives générales adoptées pour le traitement du diabète par l'ADA et l'EASD.
Les mosquées et les chefs religieux ont un rôle important à jouer dans la sensibilisation et la prévention du diabète. Tel est le constat auquel a abouti une étude menée en Jordanie en 2009 et présentée par le Dr Kamel Ajlouni, président du Centre national d'endocrinologie, du diabète et de génétique en...

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