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Économie - Liban - Interview

Checchia aux investisseurs italiens : Misez sur le potentiel libanais

C'est un message fort et plein d'espoir que l'ambassadeur italien au Liban, Gabriel Checchia, a voulu livrer au cours d'un entretien exclusif avec « L'Orient-Le Jour ». Affichant une confiance sans faille dans l'avenir du pays, M. Checchia a mis l'accent sur la solidité des relations économiques entre Rome et Beyrouth, réitérant l'engagement de son pays en faveur d'un « Liban stable et prospère ».

« Si elles n'ont pas encore atteint leur niveau optimal, les relations économiques entre le Liban et l'Italie ont de tout temps été solides et sont aujourd'hui sur la voie du progrès », souligne d'emblée l'ambassadeur italien, Gabriel Checchia, au cours d'un entretien avec L'Orient-Le Jour dans son bureau à Baabda.
« Depuis l'indépendance du Liban en 1943, les initiatives italiennes, autant dans le domaine politique que dans l'arène économique, se sont multipliées, faisant du pays du Cèdre un de nos principaux partenaires dans cette région du monde », rappelle-t-il. Outre la participation du contingent italien à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) depuis 1979 et le soutien apporté à la société civile durant plus d'un demi-siècle, plusieurs sociétés italiennes étaient en effet déjà présentes, dans les années 50, sur le sol libanais, à travers une implantation directe ou par le biais d'agents exclusifs. Parmi ces sociétés figuraient notamment Banca Di Roma, l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses banques au Liban (acquise l'an dernier par la Byblos Bank), ou encore les constructeurs automobiles Fiat et Lancia.

Un plus grand intérêt des investisseurs pour le Liban
Si les années de guerre ont provoqué un fort recul dans les échanges entre le Liban et la plupart de ses partenaires commerciaux, dont l'Italie, les relations économiques entre Rome et Beyrouth ont repris de plus belle à partir des années 90. Aujourd'hui, près de 9 000 sociétés italiennes commercialisent leurs produits sur le marché libanais, notamment à travers des distributeurs locaux, tandis que les investissements directs, toujours en decà des attentes, selon l'aveu même de Gabriel Checchia, connaissent un essor particulier depuis un certain temps. « De plus en plus de petites et moyennes entreprises (PME) italiennes sont en train d'investir au Liban, notamment dans les domaines des biens de consommation, des matériaux de construction et de la gastronomie (...). Nous ne disposons pas de chiffres officiels à ce niveau, mais nous estimons entre 6 et 8 millions de dollars le montant global de ces investissements en 2009 », indique-t-il. Parmi ces enseignes implantées à travers des accords de partenariat ou la vente de franchise, le grand groupe de mode et du luxe Mariella Burani fait figure de proue. En partenariat avec le groupe libanais Malia, il a créé l'an dernier une joint-venture pour l'ouverture de boutiques au centre-ville.
Grâce à une stabilité politique, combinée à des taux de croissance élevés, le Liban s'est en effet transformé en l'espace de quelques mois, au lendemain des accords de Doha, en une sorte d'eldorado pour de nombreux investisseurs étrangers. « C'est d'ailleurs sur ces deux atouts essentiels que nous nous basons pour lancer un vibrant appel aux investisseurs de tous bords, notamment les Italiens d'entre eux, pour venir investir au Liban. (...) Nous sommes confiants dans l'avenir de ce pays et dans son économie d'autant plus qu'il s'agit d'un tremplin privilégié pour les marchés arabes », affirme sans détour l'ambassadeur italien, écartant, en réponse à une question sur une éventuelle guerre avec Israël, la possibilité d'une prochaine escalade sur le front sud.
Cette image positive du pays du Cèdre est toutefois loin de celle souvent véhiculée par les médias occidentaux, qui présentent le Liban comme un pays hostile et à haut risque, influant ainsi négativement sur les décisions de nombreux investisseurs américains ou européens. Pour Gabriel Checchia, le seul moyen de changer la donne est de promouvoir davantage le Liban à l'étranger. « Nous sommes d'ailleurs en passe d'organiser un grand forum en automne prochain à Milan pour justement faire connaître l'autre visage du Liban et dissiper ces appréhensions, si jamais elles existent. Nous songeons également à définir un cadre de collaboration avec l'Autorité de développement des investissements au Liban (IDAL) pour inciter les investisseurs des deux pays à se lancer dans des projets outre-mer », indique-t-il.

L'Italie s'active sur le front des activités promotionnelles
Outre ces plans en gestation, plusieurs rencontres bilatérales entre des dirigeants d'entreprises libanaises et italiennes ont déjà été organisées au cours des derniers mois, aussi bien au Liban qu'en Italie, dans le but de mieux promouvoir les divers secteurs économiques des deux pays, et d'encourager les échanges et partenariats entre les sociétés des deux rives de la Méditerranée. Organisés par la délégation commerciale de l'ambassade, ces rounds de réunions ont regroupé en avril dernier 15 entreprises italiennes à Beyrouth, au cours desquels 251 rencontres B2B (Business to Business) ont été agencées.
En parallèle, l'Italie participe depuis hier au plus grand Salon du bâtiment et de la construction « Project Lebanon », organisé au BIEL, à travers un pavillon exceptionnel regroupant 38 sociétés et 70 hommes d'affaires (voir p. 9).
D'autres activités figurent en outre au menu chargé des relations bilatérales ; le ministre italien du Développement économique, accompagné par une délégation commerciale de 150 hommes d'affaires, devra se rendre en effet en Jordanie et au Liban du 26 au 30 juin. Un forum économique Italie-Liban sera organisé à cette occasion à Beyrouth, suivi de rencontres B2B entre les participants italiens et leurs homologues libanais.

Exportations italiennes en hausse de 72 % depuis 2006
L'effervescence promotionnelle s'est accompagnée en parallèle d'un essor au niveau des échanges commerciaux, les exportations de produits italiens vers le Liban ayant culminé en 2009 à 1,23 milliard de dollars contre 710 millions de dollars trois ans plus tôt. Si l'effet prix y joue un rôle (l'appréciation de l'euro face au dollar ayant partiellement gonflé la valeur des exportations européennes), cela ne remet aucunement en cause la ferveur des échanges commerciaux entre les deux pays. L'Italie s'est imposée l'an dernier au 5e rang parmi les fournisseurs du pays du Cèdre, derrière les États-Unis, la France, la Chine et l'Allemagne, et s'est hissée au premier rang des fournisseurs européens et au 3e rang général durant les trois premiers mois de 2010.
« L'engouement des Libanais pour les produits Made in Italy n'a jamais faibli au fil des ans, malgré la compétitivité grandissante et la montée de nouvelles puissances économiques », affirme, non sans fierté, M. Checchia. « Cet amour particulier pour les produits raffinés fait d'ailleurs partie de la culture de consommation de nos deux pays, d'où l'existence d'un brin affectif dans nos relations », ajoute-t-il.
Outre ces affinités « méditerranéennes » propres aux deux sociétés, les structures économiques des deux pays présentent également de nombreuses similitudes. « Les petites et moyennes entreprises sont, par exemple, d'un poids aussi grand au Liban qu'en Italie », souligne l'ambassadeur italien. « Les entrepreneurs libanais peuvent d'ailleurs largement profiter de l'expérience dont nous disposons à ce niveau (...) », affirme-t-il.

Plus de 300 millions d'euros depuis 1997
Outre son apport au niveau de l'échange du savoir-faire et des partenariats potentiels entre hommes d'affaires, l'Italie s'est largement impliquée financièrement au Liban à travers des aides directes et des prêts à des conditions préférentielles au cours des 13 dernières années, dont une partie relève de la conférence d'aide au Liban, Paris III, durant laquelle l'Italie s'était engagée à hauteur de 120 millions d'euros.
Le total des engagements de Rome depuis 1997 s'est ainsi élevé à 342 millions d'euros (soit près de 430 millions de dollars), selon les chiffres officiels du bureau de la coopération italienne, dont 120 millions d'euros de dons répartis sur la période 2006-2010 (incluant 76 millions d'euros débloqués dans le cadre de Paris III), et 147 millions d'euros sous formes de crédits à des conditions favorables (soft loans) étalés sur la période 1997-2009. À ces sommes (dont une grande partie a déjà été débloquée), s'ajoutent les prêts promis à Paris III, dont le montant s'élève à près de 75 millions d'euros. Ces derniers sont toujours gelés en attendant que les crédits accordés en dehors du cadre de Paris III soient totalement écoulés.
Selon l'ambassadeur d'Italie, cet appui financier est une preuve de plus de l'engagement de son pays en faveur d'un Liban « stable et prospère ».
« Si elles n'ont pas encore atteint leur niveau optimal, les relations économiques entre le Liban et l'Italie ont de tout temps été solides et sont aujourd'hui sur la voie du progrès », souligne d'emblée l'ambassadeur italien, Gabriel Checchia, au cours d'un entretien avec L'Orient-Le Jour dans son bureau à Baabda.« Depuis...

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