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Lifestyle - Indonésie

Des ordures recyclées créent la mode à Djakarta

L'artiste américaine Ann Wizer a lancé l'association Xs Project dont l'objectif est de « marier l'environnement, le social et le design ».

Sacs, portefeuilles, trousses d’écolier et même housses de guitare sont confectionnés à partir d’ordures recyclées.         AFP/Romeo Gacad

À quoi peut servir un tube de dentifrice vide? À créer un sac tendance, envoyer des enfants à l'école et donner du travail aux chiffonniers qui fouillent sans relâche les poubelles de Djakarta.
L'immense capitale indonésienne ferait vivre, selon les estimations, quelque 350000 «pemulungs», ces ramasseurs d'ordures qui collectent toutes sortes de déchets pour les revendre à des sociétés de recyclage. Mais, jusqu'à récemment, ils délaissaient les emballages en plastique souple de détergent ou de dentifrice, «impossibles à céder car non recyclables», explique Ann Wizer.
Cette artiste américaine, spécialiste de «la récup'», a décidé de trouver une solution lorsqu'elle s'est installée à Djakarta en 2000. Elle lance alors l'association Xs Project dont l'objectif est de «marier l'environnement, le social et le design».
«En découpant et en cousant des emballages plastiques achetés aux ramasseurs d'ordures, nous donnons vie à des objets de la vie quotidienne : sacs, portefeuilles, trousses d'écolier et même housses de guitare», explique Retno Hapsari, qui gère au jour le jour la fondation.
Avec succès, puisque les produits Xs, souvent très colorés, sont devenus un «must», notamment dans les milieux expatriés et dans des boutiques de décoration en Europe, aux États-Unis ou à Singapour. Ils portent, bien en évidence, l'étiquette «Made from garbage» («Fabriqué avec des déchets»).
Cette réussite a fait fleurir les projets similaires dont certains ont le soutien d'ONG internationales comme Mercy Corps. «Cette concurrence est stimulante et bénéfique car elle fait diminuer la montagne de déchets qui ne cesse de s'élever à Djakarta», l'une des villes les plus polluées au monde où le traitement des déchets reste rudimentaire, se réjouit Ann Wizer.
Xs Project fait aujourd'hui travailler un quartier de chiffonniers, qui lui vend les emballages usagés à un prix supérieur à celui des autres déchets: 6000 roupies (0,50 centimes d'euro) le kilo contre 2000 à 3000 roupies. «C'est du bonus pour nous», se félicite Saparudin qui, chaque matin dès 05h00, part avec sa charrette bringuebalante «glaner» les ordures le long des rues. « Je gagne ainsi assez pour vivre. Environ 20000 roupies (environ 1,6 euro) par jour», témoigne le jeune célibataire de 24 ans. Comme de nombreux chiffonniers, Sarapudin est venu chercher à Djakarta «le travail qu'il n'y avait pas» dans son village de l'île de Sumatra. «Je suis devenu indépendant et ne demande plus d'argent à ma famille.»
Mais, pour de nombreuses familles, la vie reste très précaire dans le quartier insalubre où se serrent les bicoques de tôles et de planches. «Ce n'est pas toujours évident de bien se nourrir et se vêtir», témoigne Pak Apad, 84 ans, dont les 11 enfants sont «tous ramasseurs d'ordures».
Xs Project consacre une partie de ses revenus à assurer la scolarisation d'enfants de chiffonniers. «Même si l'école est officiellement gratuite, il faut payer les uniformes et les fournitures, souvent trop chers pour ces familles», souligne Retno Hapsari.
À eux seuls, les chiffonniers feraient diminuer d'environ 15% le total de déchets générés à Djakarta, selon une étude de la Banque mondiale. «Les autorités n'aiment pas trop nous voir dans les rues, constate Sarapudin. Mais elles sont bien obligées de nous tolérer car, sans nous, la ville croulerait sous les ordures.»
À quoi peut servir un tube de dentifrice vide? À créer un sac tendance, envoyer des enfants à l'école et donner du travail aux chiffonniers qui fouillent sans relâche les poubelles de Djakarta.L'immense capitale indonésienne ferait vivre, selon les estimations, quelque 350000 «pemulungs», ces ramasseurs d'ordures qui collectent toutes...

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