L'Irak dissout la compagnie Iraqi Airways (porte-parole)

L'Irak a décidé de dissoudre la compagnie nationale Iraqi Airways à la suite d'un différend financier avec le Koweït qui avait provoqué la saisie d'un appareil fin avril à Londres, a affirmé mercredi à l'AFP le porte-parole du ministère du Transport.

"Le conseil des ministres a décidé hier (mardi) de dissoudre la compagnie irakienne. Cette décision a été prise en raison des nombreux harcèlements que la compagnie a subis de la part du Koweït, qui empêche les avions de se réapprovisionner en carburant et en nourriture dans les différents aéroports", a affirmé Aqil Kawthar.

Un responsable proche du Premier ministre Nouri al-Maliki présent au conseil des ministres a confirmé à l'AFP la dissolution d'Iraqi Airways.

"Le ministère des Transports doit appliquer la décision du conseil des ministres même si nous refusons cette dissolution", a ajouté le porte-parole du ministère, qui n'a donné aucune précision sur l'éventuelle création d'une nouvelle compagnie aérienne.

La dissolution d'Iraqi Airways pourrait empêcher le Koweït de continuer à chercher des réparations auprès de la compagnie.

Kuwait Airways Corporation (KAC) réclame 1,2 milliard de dollars à l'Irak pour s'être emparé de dix appareils commerciaux et avoir pillé l'aéroport lors de l'invasion de l'émirat par l'ancien président Saddam Hussein en 1990.

Mais les autorités koweïtiennes ont affirmé mercredi ne pas renoncer pour autant à leur requête.

"Nous n'allons pas renoncer (...), qu'(Iraqi Airways) soit dissoute ou pas. Si elle est dissoute, nous poursuivrons les dirigeants irakiens responsables d'une telle mesure", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Mohammad al-Basiri, lors d'une conférence de presse à Koweït.

"Nous poursuivrons nos demandes et les mesures judiciaires et légales pour recouvrer nos droits, approuvés par les tribunaux internationaux", a encore dit M. Basiri, qui est également ministre des Communications, dont le département supervise Kuwait Airways.

L'annonce de la dissolution intervient au lendemain de la décision d'Iraqi Airways de mettre fin à sa liaison Bagdad-Londres. Lors d'un vol inaugural le 25 avril entre Bagdad et Londres, KAC avait fait saisir l'appareil utilisé par Iraqi Airways et fait confisquer le passeport du PDG de la compagnie.

"Nous avons le regret d'annoncer à nos chers concitoyens, particulièrement ceux vivant en Grande-Bretagne et en Suède, la suspension des vols d'Iraqi Airways vers ces deux pays en raison de circonstances exceptionnelles résultant de la dernière escalade provoquée par le Koweït", avait annoncé Kifah Hassan Jabbar, le PDG d'Iraqi Airways.

Il avait également critiqué l'attitude de la justice britannique, accusée de "persécution".

A son arrivée le 25 avril à l'aéroport de Gatwick, un avocat de la KAC avait lancé une procédure judiciaire et réussi à faire saisir l'appareil, en fait un avion suédois loué par une société britannique à Iraqi Airways.

Il avait également obtenu la confiscation par les autorités britanniques du passeport et des documents appartenant au PDG de la compagnie irakienne, qui n'a pu quitter Londres que le 6 mai.

Selon un avocat de la KAC, le passeport a été rendu à Kifah Hassan Jabbar après qu'il eut accepté, sur ordre de la cour, de fournir au Koweït un rapport sur les actifs d'Iraqi Airways en Grande-Bretagne.

M. Jabbar s'était engagé à fournir des détails sur les actifs de la compagnie irakienne dans le monde dans les trois semaines et de retourner en Grande-Bretagne afin d'y être interrogé.