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Liban - La situation

Aux exigences de Aoun et du Hezbollah à Beyrouth, Hariri répond : Ce sera la bataille !

L'horreur de Ketermaya soulève, au-delà de l'indicible spectacle de sauvagerie humaine, la question centrale de la confiance des citoyens en l'État, d'une part, et de la capacité des institutions, d'autre part, à préserver l'ordre public lorsque cela est nécessaire. Loin, très loin d'être justifié, l'insoutenable lynchage aux relents moyen-âgeux de Ketermaya démontre toutefois clairement, d'abord, l'absence totale de confiance des citoyens dans l'appareil étatique et dans sa capacité à rendre justice rapidement, efficacement et de manière impartiale. Ensuite, cet acte démontre tout aussi également la paralysie jusqu'à la moelle de l'appareil sécuritaire, puisque, même confrontés à un tel mouvement de foule, à une telle menace pour l'ordre public, les FSI en charge de protéger le suspect - pour sa propre sécurité personnelle d'abord, puisqu'il est encore simplement suspect et non pas coupable, et pour que la justice puisse suivre son cours afin que la lumière soit faite sur cet atroce quadruple meurtre, ensuite - ont failli à leur mission. Tellement habitués qu'ils sont à être noyés dans les consensus, les tiraillements et les marchés politiques de circonstance, ils n'ont même plus le réflexe d'agir d'eux-mêmes lorsque tous les éléments sont là pour une intervention rapide et, il faut le dire, triplement musclée. Ce n'est pas seulement le suspect qui aurait eu la vie sauve, ce n'est pas seulement la justice qui aurait pu suivre son cours, c'est aussi la dignité de tout un village qui aurait pu être sauvée. Car le rôle de l'État, c'est aussi de protéger les citoyens d'eux-mêmes, de leurs propres turpitudes. L'individualisme radical, comme celui exprimé à Ketermaya, n'est finalement rien d'autre que le reflet, le miroir impitoyable d'une classe politique qui a depuis longtemps perdu de vue l'intérêt des citoyens, la chose publique et ses besoins.
Les  concertations actuellement en cours à Beyrouth en prévision des élections municipales de la capitale le démontrent d'ailleurs fort bien. À aucun moment il n'a été question de développement local concret, de programme clairement énoncé, de projets à mettre en place. À aucun moment il n'a été question de se faire concurrence pour améliorer le quotidien des Beyrouthins. Le débat se contente de se concentrer sur la représentativité des différentes forces politiques au sein du conseil municipal de la capitale. Pourquoi n'est-il même pas envisageable de laisser le soin aux citoyens de choisir librement leurs représentants en leur offrant, pour cela, les outils adéquats : des programmes de développement pour la capitale, les uns plus ambitieux que les autres.
Plus prosaïquement, Samir Geagea, qui s'est réuni à huis clos, 20 minutes durant, avec le Premier ministre qatari Hamad ben Jassem al-Thani, a affirmé hier qu'aucune avancée n'avait pu être obtenue au sujet de Beyrouth. De source informée, on affirme d'ailleurs que cheikh al-Thani a tenté de convaincre M. Geagea de lâcher du lest à Beyrouth, en acceptant les revendications, jugées utopiques, de Michel Aoun. D'autre part, ce qui irrite plus que tout Saad Hariri, c'est l'insistance du Hezbollah à nommer un candidat sunnite de l'opposition. Interrogé à ce propos par les journalistes présents, M. Hrariri n'a lâché que cette phrase révélatrice : « Ce sera la bataille. »
À en croire Tammam Salam, « si la bataille est inévitable, je ne pense pas que les habitants de Beyrouth soient prêts pour cela ». Même son de cloche du côté de Atef Majdalani, qui a estimé hier que « la participation du Hezbollah dans la bataille de M. Aoun à Beyrouth est un élément très dangereux pour la situation globale ». Il s'est en outre dit « surpris » par l'attitude générale du camp du 8 Mars dans le dossier des municipales. « Il monopolise le terrain là où il le peut et consent à un compromis là où il se sait perdant », a noté M. Majdalani.
Toutefois, comment ne pas, dans ce contexte, relever les propos du Premier ministre qatari qui, interrogé sur les menaces israéliennes récurrentes contre le territoire national, a conseillé aux Libanais d'y faire face « par l'unité sur le plan interne, et non par les armes ». Des mots qui sonnent comme un soutien inespéré et fort bienvenu pour Saad Hariri.
L'horreur de Ketermaya soulève, au-delà de l'indicible spectacle de sauvagerie humaine, la question centrale de la confiance des citoyens en l'État, d'une part, et de la capacité des institutions, d'autre part, à préserver l'ordre public lorsque cela est nécessaire. Loin, très loin d'être justifié, l'insoutenable lynchage aux...
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