Forte abstention aux régionales, mais Berlusconi résiste grâce à la Ligue

Les élections régionales partielles de dimanche et lundi en Italie ont été marquées par un net recul du taux de participation, mais le parti de droite de Silvio Berlusconi semblait moins pénalisé que prévu grâce à l'apport crucial de voix de son allié la Ligue du Nord.
Le taux de participation s'est établi à 64,2 %, soit le plus faible score depuis 15 ans pour ce type de scrutin, selon le ministère de l'Intérieur. Il a même été inférieur à celui des européennes de juin 2009 (65,5 %). L'affluence aux urnes a reculé de près de 8 points par rapport aux régionales de 2005. La faible participation - pour l'Italie - reflète « le problème d'une classe politique qui ne donne pas de réponses aux difficultés économiques provoquées par la crise », a estimé Paolo Gentiloni du Parti démocrate (gauche). À Bocchigliero, un petit village de Calabre, seulement 2,85 % des électeurs ont voté pour protester contre « un État qui les a abandonnés ». Autre signe de mécontentement : la liste du comique Beppe Grillo a recueilli près de 7 % des voix dans la région traditionnellement à gauche d'Emilie-Romagne.
Selon des projections encore incomplètes, la droite a conservé deux de ses fiefs du Nord, la Lombardie et la Vénétie, apparemment largement remportée par le candidat de la Ligue du Nord Luca Zaïa, et aurait repris à la gauche deux régions du Sud, la Campanie et la Calabre. La gauche aurait réussi à garder les sept autres régions dont ses bastions « rouges » de Toscane et Émilie-Romagne, selon les projections.
Selon le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, le plus mauvais chiffre de participation a été enregistré dans le Latium, la région de Rome, avec une chute de quasi 12 points, expliquée en partie par l'exclusion d'une liste supplémentaire devant soutenir celle de la candidate de droite Renata Polverini. Dans cette région, les deux candidates, l'ex-commissaire européenne Emma Bonino pour la gauche et la syndicaliste de droite Renata Polverini, sont au coude-à-coude, selon les dernières projections. Autre région de forte incertitude, le Piémont, où le candidat de la Ligue du Nord (populiste), Roberto Cota, paraissait, selon les projections, en mesure de ravir son fauteuil à la présidente sortante de gauche Mercedes Bresso.
La droite dirige actuellement deux des treize régions en jeu. Il y a trois mois seulement, surfant sur la vague de popularité de M. Berlusconi, elle comptait en arracher cinq, voire même sept à la gauche. Mais le PDL (Peuple de la liberté) de Berlusconi a été discrédité par des scandales de corruption impliquant ses élus, et un cafouillage autour de ses listes dans les deux plus importantes régions, la Lombardie et le Latium. Les sondages prédisaient une désertion des urnes par ses électeurs au profit notamment de son allié-rival de la Ligue. À la veille du scrutin, le camp Berlusconi pariait au mieux sur le gain de deux régions de plus qu'actuellement (Calabre, Campanie). Selon les estimations, la Ligue devancerait très largement le PDL en Vénétie grâce à la popularité de Luca Zaïa, ministre de l'Agriculture, dans cette région industrielle mais aussi d'élevage. Commentant l'avancée de son parti en Vénétie et au Piémont, siège du groupe industriel Fiat, le chef de la Ligue Umberto Bossi a affirmé que « la gauche est KO, elle a perdu toutes les voix qu'elle avait. Dans le nord, les ouvriers ne votent plus à gauche ».