Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

Faux frères

...Et la Ligue se destina à prendre le nom d'Union, par la grâce d'un oukase édicté en ce dimanche 28 mars de l'an de grâce 2010, le jour même où, à Jérusalem, un ministre du cabinet Netanyahu, l'ineffable Youval Steinitz, préconisait la liquidation du Hamas « pour en finir avec les tirs de roquettes à partir de Gaza ». Façon quelque peu originale, on en conviendra, de sauver du naufrage, là une vieille Dame plus du tout digne, à supposer qu'elle le fût jamais, et ici d'en finir avec ces Palestiniens qui s'accrochent à leur terre et n'ont pour armes que de ridicules pierres dont un certain David avait su faire bon usage face au géant Goliath. Pour mémoire, en d'autres temps, un doux dingue nommé Alphonse Allais, après un minutieux calcul du volume des deux - le même soutenait-il sans que personne ne songeât à le contredire -, prétendait en finir avec le problème des Balkans en balançant ceux-ci dans l'Adriatique.
Les 22, réunis quarante-huit heures durant à Syrte - ô mânes de Julien Gracq -, ont pris le problème à bras-le-corps, l'ont examiné à fond, tourné et retourné, et fini par conclure que, hors un arrêt de la colonisation, point de reprise des négociations. Élégante façon d'escamoter le sujet quand on sait que le gouvernement israélien n'entend nullement renoncer à son entreprise de phagocytose de la vieille ville de Jérusalem et qu'il n'a pas hésité, pour bien marquer sa détermination, à prier Barack Obama de remiser ses effets de manche avec, à l'appui, force menaces brandies par l'Aipac et consorts.
Ainsi qu'il fallait s'y attendre, ce vingt-deuxième sommet placé sous le signe de l'« appui à al-Qods », a débouché sur un pitoyable hochet, le seul que les Arabes savent agiter : 500 millions de dollars pour « le sauvetage de Jérusalem ». En clair : pour verser des compensations, améliorer les infrastructures construire des écoles et des hôpitaux dans une cité, répétons-le, progressivement envahie par des squatters qui ne croient pas révolue l'ère des douze tribus. Triste unité de façade, mais reconnaissons que, depuis belle lurette, ladite façade est lézardée. Preuve en est l'absence d'un nombre record de chefs d'État, huit au total dont l'Égyptien Hosni Moubarak, pour cause de maladie, et le wahhabite Abdallah ben Abdel Aziz, sans doute par mesure d'économie de temps.
Mieux que tous les mots - que tous les maux - un dessin illustre éloquemment l'absurdité de la situation présente. La caricature, œuvre de Jihad Awartani, publiée par le quotidien saoudien al-Watan dans son édition du dimanche 28 mars, représente un entassement pyramidal de micros surmonté du mot « al-qimma » (le sommet). L'argument avancé par Amr Moussa pour justifier l'appui aux efforts de paix mériterait de figurer dans une page spéciale d'un manuel de casuistique. « L'initiative de paix arabe (présentée par le prince héritier Abdallah lors de la quatorzième conférence arabe au sommet tenue à Beyrouth le 28 mars 2002, soit huit ans jour pour jour auparavant) est un pas sérieux. Quelle serait notre attitude si nous la retirons ? »
À Tel-Aviv, on a toutes les raisons de se pourlécher les babines à la lecture des résolutions finales de Syrte, tout en continuant, dans la mini-crise avec les États-Unis, à faire le gros dos après avoir usé de la grosse voix. Chacun veut donner l'impression d'avoir mis une sourdine à sa trompette, pour quelque temps à tout le moins, en attendant un prochain round donné pour inéluctable. Les Israéliens auraient tort de croire qu'ils ont marqué des points, comme semble déjà le croire une certaine droite dont les outrances finiront bien par affaiblir même ses plus fidèles alliés. Les Arabes, eux, devraient faire crédit à la machine Lieberman Inc., capable, pour peu que le trop habile Bibi continue à lui laisser les coudées franches, de conduire le pays à la catastrophe.
Harcelé par Khaled Mechaal et les autres héritiers de cheikh Ahmad Yassine, pris entre les feux croisés des Américains et des Palestiniens de l'intérieur, lui-même peu enclin par nature à prendre une quelconque décision, le pauvre Mahmoud Abbas a été sommé par la Syrie, soutenue par la Libye, de se démarquer de la stratégie US et de reprendre les armes. « Le prix de la résistance, lui aurait lancé Bachar el-Assad à en croire un délégué à la réunion, n'est pas plus élevé que le prix de la paix. »
Peut-être, mais le prix, quel qu'il soit, ce sera encore et toujours les Palestiniens qui auront à le payer. Pendant que l'Aldo du « Rivage des Syrtes » continuera à rêver à des jours meilleurs.
...Et la Ligue se destina à prendre le nom d'Union, par la grâce d'un oukase édicté en ce dimanche 28 mars de l'an de grâce 2010, le jour même où, à Jérusalem, un ministre du cabinet Netanyahu, l'ineffable Youval Steinitz, préconisait la liquidation du Hamas « pour en finir avec les tirs de roquettes à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut