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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les milieux culturels égyptiens exaspérés par le partenariat Murdoch-al-Walid

L'association entre les deux hommes d'affaires est vue comme un « cheval de Troie » d'une normalisation avec Israël.

Le prince al-Walid ben Talal (au centre) a cédé 9,09 % des actions de son groupe régional, Rotana, au géant des médias News Corporation de Rupert Murdoch (à droite). Photo Reuters

Le récent partenariat entre le magnat des médias Rupert Murdoch et le Saoudien al-Walid ben Talal a provoqué la colère des milieux culturels égyptiens. Al-Walid a cédé 9,09 % des actions de son groupe régional de divertissement, Rotana, au géant des médias News Corporation de Murdoch, une alliance peu commune entre un prince issu d'un royaume islamique ultraconservateur et un fervent défenseur de l'État hébreu.
En Égypte, où Rotana est l'un des principaux producteurs de cinéma et possède les droits et bobines d'environ 1 300 films, le partenariat a été vu comme un « cheval de Troie » d'une normalisation avec Israël, que rejette une majorité de l'intelligentsia. « L'important n'est pas la part vendue par al-Walid, car qui a cédé 9 % peut céder le reste de la compagnie », estime le romancier Ezzat Qamhaoui. « Nous sommes maintenant face à la réalité de la vente d'œuvres cinématographiques et musicales arabes à un investisseur » dont l'empire médiatique « est l'une des causes de l'image erronée du conflit arabo-israélien en Occident », ajoute-t-il. Ce partenariat « équivaut à une défaite pour le patrimoine cinématographique et artistique arabe », affirme pour sa part la critique Ola al-Chafei. « Murdoch entrera ainsi dans chaque maison arabe » pour « imposer la normalisation » avec Israël, estime-t-elle.
Les grands médias de Murdoch comme Fox News aux États-Unis et The Sun en Grande-Bretagne sont souvent accusés au Moyen-Orient d'être antiarabes ou pro-israéliens. Murdoch, lui, ne cache pas son franc soutien à Israël.
La société cinématographique d'État égyptienne a annoncé la semaine dernière qu'elle « arrêterait sa collaboration avec la société Rotana si elle vend toute part de la société à Murdoch ». Les principaux producteurs égyptiens n'ont en revanche pas réagi pour l'instant. De son côté, le président de l'ordre des artistes, Achraf Zaki, a indiqué à l'AFP avoir appelé à une réunion d'urgence avec la Chambre de l'industrie du cinéma pour « arrêter une position concernant le partenariat ».
Une source à Rotana, qui tient à garder l'anonymat, a refusé de réagir sur la question du soutien de Murdoch à Israël, mais a laissé entendre que ce partenariat aiderait aussi peut-être à faire évoluer les vues de M. Murdoch sur le Proche-Orient. « Rotana a entretenu le patrimoine cinématographique égyptien en restaurant (les vieilles copies) et en les conservant avec la technologie la plus moderne », a fait valoir cette source.
L'Égypte et Israël ont conclu un accord de paix en 1979 et instauré des relations diplomatiques normales. Mais la normalisation des échanges culturels se fait attendre, le gouvernement et une majorité d'intellectuels égyptiens liant cette évolution à un accord de paix israélo-palestinien.

Le récent partenariat entre le magnat des médias Rupert Murdoch et le Saoudien al-Walid ben Talal a provoqué la colère des milieux culturels égyptiens. Al-Walid a cédé 9,09 % des actions de son groupe régional de divertissement, Rotana, au géant des médias News Corporation de Murdoch, une alliance peu commune...

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