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Économie - Aéronautique

EADS plonge dans le rouge en 2009 en raison de l’A400M et de l’A380

Le groupe européen EADS a annoncé hier une lourde perte pour 2009, en raison de provisions importantes traduisant les difficultés de deux de ses programmes majeurs, l'avion militaire A400M et l'Airbus A380. Le même jour, sa principale filiale Airbus annonçait son retrait de l'appel d'offres du Pentagone pour la fourniture d'avions ravitailleurs.

EADS et son partenaire américain Northrop Grumman ne répondront pas à l’appel d’offres du Pentagone. Photo AFP

Quelques heures après avoir publiquement renoncé au méga-contrat des ravitailleurs de l'armée de l'air américaine, le groupe d'aéronautique et de défense EADS a publié une perte nette de 763 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,57 milliard un an plus tôt. Il a subi comme prévu une nouvelle provision de 1,8 milliard d'euros en raison des surcoûts liés à l'avion de transport militaire A400M, dont le partage avec les pays clients a été annoncé vendredi. Elle s'ajoute à 2,4 milliards de provisions prises sur les exercices passés sur ce programme qui accuse plus de trois ans de retard. Les résultats de sa principale filiale Airbus ont aussi été pénalisés par une charge de 240 millions d'euros sur le très gros porteur A380, dont la montée en cadence est plus complexe que prévu. « Nous accordons toute notre attention à l'amélioration de la gestion des programmes », assure le président exécutif Louis Gallois, cité dans un communiqué. En raison de ces pertes, le groupe renonce à verser de dividende au titre de 2009. Ce n'est pas la première fois qu'il est dans le rouge : il était en perte en 2007, déjà en partie à cause de l'A400M. Pour 2010, EADS attend un chiffre d'affaires « globalement stable » (42,8 milliards en 2009). Le résultat d'exploitation (Ebit) est attendu à « environ 1 milliard », après une perte de 322 millions l'an dernier. La conjoncture économique est « certes en voie d'amélioration, mais encore volatile », juge le groupe.
Airbus devrait pour sa part augmenter sa cadence de production des monocouloirs de la famille A320 de 34 à 36 avions par mois à compter de décembre 2010, « tout en stabilisant le taux de production des long-courriers aux environs de huit unités par mois ». « Le redressement progressif du trafic aérien et des revenus des compagnies aériennes, notamment sur les marchés émergents, devrait commencer par stabiliser leurs finances avant d'enclencher un mouvement de reprise des commandes d'avions », juge le groupe. Airbus confirme attendre entre 250 et 300 commandes brutes d'avions cette année et prévoit de livrer « au maximum » le même nombre d'appareils qu'en 2009, qui avait été une année record avec 498 avions remis aux compagnies aériennes. Ces résultats interviennent peu de temps après
qu' EADS et son partenaire américain Northrop Grumman ont annoncé qu'ils ne répondraient pas à l'appel d'offres du Pentagone pour la fourniture d'avions ravitailleurs, ce qui devrait laisser l'Américain Boeing seul en lice pour ce très important contrat.

Concurrence déloyale ?
Le patron d'Airbus reproche en effet au gouvernement américain d'avoir fait preuve de partialité dans son appel d'offres pour la fourniture d'avions ravitailleurs, tandis que le ministre allemand de l'Économie a agité hier le spectre du protectionnisme. « Contrairement au premier appel d'offres, que nous avions clairement gagné il y a deux ans, l'appel d'offres en cours est biaisé en faveur de l'avion plus petit et moins performant de la concurrence », c'est-à-dire de Boeing, a déclaré l'Allemand Thomas Enders, patron d'Airbus, à l'édition en ligne du quotidien économique Financial Times Deutschland. La société a renoncé à participer à l'appel d'offres après le retrait de son partenaire américain. « Il ne s'agit plus ici (de la recherche) du meilleur avion, et plus non plus de concurrence loyale », selon lui. Northrop Grumman, le partenaire d'Airbus sur le marché américain, avait annoncé lundi son retrait de la compétition, au vu de « la structure de l'appel d'offres » qui privilégie, selon lui, l'avion de Boeing, une version modifiée du 767 plus petit que l'A330 d'Airbus. Le ministre allemand de l'Économie, Rainer Brüderle, s'est pour sa part déclaré « déçu de la manière d'agir du ministère américain de la Défense », qui a « clairement favorisé » Boeing. « Même pour l'approvisionnement dans le domaine de la défense, la libre concurrence ne devrait pas être entravée de manière unilatérale », selon le ministre libéral. « Tout particulièrement pendant la crise actuelle, les plus petits signes de protectionnisme sont dommageables », a-t-il ajouté. « Nous sommes bien sûr très frustrés de cette situation », a pour sa part indiqué M. Enders, « mais les vrais perdants ce sont l'armée américaine et les contribuables américains ». Pour sa part, la Commission européenne a jugé hier « hautement regrettable » qu'Airbus se retire de l'appel d'offres et s'est inquiétée que les termes du contrat puissent être biaisés. « Il est hautement regrettable qu'un fournisseur potentiel majeur se sente incapable de présenter sa candidature pour un contrat de ce type », a commenté le commissaire européen chargé du Commerce, Karel De Gucht, dans un communiqué. « La Commission européenne serait extrêmement inquiète s'il apparaissait que les termes de l'appel d'offres étaient de nature à empêcher une concurrence ouverte pour le contrat », ajoute le communiqué. Et l'exécutif européen, qui représente l'ensemble de l'UE sur les dossiers commerciaux, prévient qu'il « suivra de très près les futurs développements de l'affaire ». Le Pentagone a répliqué en défendant son appel d'offre contesté par les Européens, assurant que la procédure avait été équitable entre l'avionneur de Toulouse et son concurrent Boeing. « Que l'on n'attende pas de nous que nous nous excusions de vouloir donner aux contribuables le meilleur avion correspondant aux demandes de l'armée de l'Air », a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman.
Quelques heures après avoir publiquement renoncé au méga-contrat des ravitailleurs de l'armée de l'air américaine, le groupe d'aéronautique et de défense EADS a publié une perte nette de 763 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,57 milliard un an plus tôt. Il a subi comme prévu une nouvelle provision...

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