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Offensive en Afghanistan : les civils cloîtrés, sans vivres ni médicaments

Les habitants de la région de Marjah, où se déroule l'offensive des soldats afghans et de l'Otan, sont confinés chez eux, sans vivres ni médicaments, à cause des combats et des bombes artisanales posées par les talibans, selon les ONG de défense des droits de l'Homme.

"Nous sommes très inquiets de la sécurité des civils, surtout dans la zone de Marjah", estime Ajmal Samadi, le directeur de l'ONG Afghan Rights Monitor (ARM).

"Les malades ne peuvent pas se rendre à l'hôpital, et les autres ne peuvent pas leur apporter de médicaments. Ils ne peuvent pas se procurer de nourriture ou même aller à leurs fermes", déplore M. Samadi.

Selon le responsable de l'ONG, deux dispensaires fonctionnaient avant l'offensive mais les membres de l'ONG qui y travaillaient ont fui dès le début des opérations.

L'Otan et l'armée afghane ont affirmé qu'elles avaient préparé l'opération en étroite coopération afin que la phase militaire soit immédiatement suivie de l'instauration de structures administratives, de l'arrivée de la police, de la construction d'écoles.

Mais Norine MacDonald, la présidente de l'organisation International Council for Security and Development, qui a une antenne à Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, estime que les civils ont été oubliés dans les plans des militaires.

"Leur plan (...) ne garantit pas que la population locale puisse partir et vivre ailleurs dans de bonnes conditions, avec un accès à la nourriture et aux soins", critique Mme MacDonald.

Plus de 2.800 familles, avec cinq personnes par famille en moyenne, ont dû fuir, affirme Abdul Rahman Hutaki, le directeur de l'ONG Human Rights and Environment Organisation.

"Les conditions se détériorent pour les déplacés et l'aide nécessaire n'arrive pas", indique-t-il.

Les autorités locales assurent que 2.000 familles de déplacés se trouvent à Lashkar Gah et reçoivent de l'aide humanitaire des organisations afghanes et internationales.

"Depuis que je suis arrivé à Lashkar Gah, je n'ai reçu aucune aide", se lamente pourtant Ahmad Jan, un habitant de Marjah joint par téléphone.

Les 200 km2 où se déroulent le gros des opérations - dans et autour de Marjah - sont jonchés de bombes artisanales. Routes, champs, arbres, murs des maisons: les talibans ont posé des engins explosifs pour accueillir les soldats. Ce dispositif meurtrier ralentit la progression de l'offensive, mais il empêche aussi la vie des habitants.

Abdul Ghias, 53 ans joint par téléphone, signale que les mines artisanales posées en grand nombre l'ont empêché depuis plus d'une semaine d'aller et venir dans Marjah. "La plupart des gens ne peuvent avoir ni nourriture ni médicaments", déplore-t-il.

A Trikh Nawar, à cinq kilomètres au nord-est de Marjah, le marché est fermé depuis plusieurs jours et les habitants n'ont plus rien à manger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon l'armée britannique, plusieurs semaines pourraient être nécessaires avant un contrôle total de la zone.

La Croix-Rouge ne dispose que d'un petit hôpital à Marjah, où s'affairent cinq personnes. Lashkar Gah et ses deux hôpitaux ne se trouvent qu'à 20 km de Marjah à vol d'oiseau, mais la route est minée et peu de personnes ont le courage de prendre des chemins détournés. Il leur faut alors sept heures pour se rendre à Lashkar Gah.

Selon Inayatullah Ghafari, le directeur des services de santé de la province, 50 personnes ont été admises dans des hôpitaux pour des blessures dues à des bombes, des mines et des balles perdues. Quinze civils sont morts, selon l'Otan et le gouvernorat local.

Les habitants de la région de Marjah, où se déroule l'offensive des soldats afghans et de l'Otan, sont confinés chez eux, sans vivres ni médicaments, à cause des combats et des bombes artisanales posées par les talibans, selon les ONG de défense des droits de l'Homme.
"Nous sommes très inquiets de la sécurité des civils,...