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Liban - Coopération

Fillon qualifie de « chance » la normalisation des relations entre Beyrouth et Damas

Deux temps forts pour la deuxième journée de la visite officielle en France du Premier ministre Saad Hariri : d'abord un entretien à caractère politique d'une heure entre le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et Saad Hariri, et ensuite, en milieu de journée, la signature d'une série d'accords avec la France.
Arrivé mercredi à la tête d'une délégation de six ministres, d'experts et de conseillers, Saad Hariri s'est réuni avec les ambassadeurs arabes accrédités en France. En fin de journée, il s'est rendu au palais du Luxembourg où le président du Sénat, Gérard Larcher, a réservé un accueil des plus chaleureux au chef du gouvernement et à la délégation libanaise.
À l'hôtel Matignon, des accords entre le Liban et la France ont été signés à l'issue d'un déjeuner de travail, qui a groupé les Premiers ministres français et libanais en présence de leurs délégations respectives. Ces textes portent sur divers domaines de coopération. Tout d'abord un accord sur lequel le chef du gouvernement français, François Fillon, et son homologue libanais ont apposé leur signature : il porte sur la coopération en matière de sécurité intérieure, de sécurité civile et d'administration. Il institue ainsi une coopération policière à la fois technique et opérationnelle dans les domaines de la lutte contre la criminalité organisée - drogue, traite des êtres humains, immigration clandestine, blanchiment d'argent, trafic d'armes - et le terrorisme. L'accord prévoit aussi l'envoi d'équipes de soutien spécialisées dans la sécurité civile en cas de catastrophe naturelle ou autre.
Deuxième signature, effectuée cette fois par le ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, et la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie : un accord d'entraide judiciaire en matière pénale, qui doit faciliter les échanges d'informations entre les deux ministères et l'exécution des commissions rogatoires internationales. Les parties s'engagent à s'accorder mutuellement l'aide la plus large possible, y compris dans les actions civiles jointes aux actions pénales. La communication directe entre les deux ministères de la Justice, libanais et français, sera possible, mais chacune des parties sera aussi libre de choisir la voie diplomatique.
Prenant la parole dans le cadre d'une conférence de presse conjointe avec M. Hariri, M. Fillon a qualifié de « chance » la normalisation des relations entre Beyrouth et Damas, annonçant que « c'est dans cet esprit » qu'il se rendrait en Syrie en février.
« La normalisation des relations entre les deux pays est une chance pour la région et le Liban », a déclaré M. Fillon. « Cette normalisation doit permettre en particulier aux deux pays de progresser sur plusieurs dossiers importants - comme ceux des frontières, de leur sécurité, des disparus libanais - sur une base d'égalité et dans le respect mutuel. J'ai d'ailleurs indiqué que je me rendrai en Syrie dans cet esprit dans le courant du mois de février », a-t-il poursuivi. M. Hariri a de son côté salué le travail de Paris en faveur de cette normalisation, affirmant que la France avait « joué et continue à jouer un rôle positif dans l'évolution de nos relations avec la Syrie ». Mais il a aussi ajouté qu'après « des années d'une relation assez fermée », la résolution des problèmes de chacun prendrait du temps. « On a fait la première démarche : ouvrir une voie pour fixer les relations et je crois que la Syrie aussi a été positive. Il faut construire là-dessus », a encore dit le Premier ministre libanais.

La France se veut « souple »
M. Fillon a par ailleurs assuré qu'il était prêt à « discuter » des modalités d'octroi d'un prêt au Liban consenti en 2007 et conditionné à la mise en œuvre de plusieurs réformes économiques. « L'important c'est que cette aide soit mise en œuvre. Naturellement, il faut que les réformes sur lesquelles le gouvernement libanais s'est engagé se réalisent, mais il y a des discussions tout à fait possibles sur le rythme, le contenu exact de ces réformes », a déclaré M. Fillon.
En décembre dernier, la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, avait annoncé le report d'un an de l'octroi d'un prêt de 225 millions d'euros consenti en 2007, mais lié à la libéralisation du secteur de la téléphonie mobile et à la privatisation du secteur de l'électricité. « J'ai indiqué au président Hariri que s'il y avait encore des discussions dans le rythme des réformes, quant à leur contenu, on pouvait envoyer dans les prochains jours une mission d'experts que Mme Lagarde diligentera pour régler ces sujets », a encore dit M. Fillon. « Le Liban est engagé depuis plusieurs années sur le chemin de la réforme : économique, sociale et administrative. »
« Ces efforts de réforme ont rencontré certains obstacles », a admis pour sa part M. Hariri. Mais « j'ai assuré le Premier ministre de mon engagement à les poursuivre », a-t-il encore dit. « Cet engagement est d'autant plus solide qu'il fait l'objet d'une unanimité au sein de mon gouvernement d'union nationale, qui comporte toutes les formations politiques », a-t-il ajouté.

Avec Kouchner
La rencontre Hariri-Kouchner a été amorcée par une déclaration du chef de la diplomatie française, qui a notamment rappelé l'amitié franco-libanaise.
Des accords tout juste signés, à la coordination entre les deux pays sur les questions régionales, en passant par les progrès réalisés par le Liban au niveau de la croissance « jalousée par la France », a dit le ministre... Les discussions ont essentiellement porté sur les progrès réalisés au niveau des relations libano-syriennes, « sous l'œil vigilant de la France », le processus de paix à la lumière des récents efforts de l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, George Mitchell - qui a affirmé publiquement à Beyrouth qu'il n'y aura pas d'implantation « forcée » des Palestiniens au Liban - les prochaines conférences internationales en préparation, ainsi que la vive tension dans les territoires occupés et Gaza et les consultations internationales sur les sanctions envisagées contre l'Iran.
M. Kouchner a ajouté que la réunion avec M. Hariri a également porté sur les menaces israéliennes contre le Liban et les violations répétées de l'espace aérien libanais par l'aviation israélienne. Devant son hôte, le chef du Quai d'Orsay a aussi indiqué que Paris « ne croit pas à l'imminence d'une opération militaire israélienne contre le Liban », sans pour autant écarter certaines complications à cet égard et une dégradation qui seraient causées par une fuite en avant des dirigeants iraniens et seraient de nature à avoir des répercussions au Liban-Sud... « La France parle à tout le monde », a encore dit M. Kouchner, qui a rappelé que Paris « conseille à Damas de suivre de près » l'évolution de la situation en Iran.
Sur la question du village de Ghajar, également au centre des discussions, le chef de la diplomatie française a affirmé que les Israéliens « ont déclaré par deux fois qu'ils avaient l'intention de se retirer de cette région sans pour autant le faire ». D'autre part, sur le point de savoir si le chef du gouvernement avait demandé à Paris des garanties face aux menaces israéliennes, M. Kouchner a affirmé que « seul Israël peut donner de telles garanties », mais que la France observe néanmoins « de près » la situation sur ce plan.
Toutefois, de source diplomatique citée par notre correspondant Khalil Fleyhane, plus d'un responsable français se serait attelé à rassurer Saad Hariri quant aux visées israéliennes dans la région. « Israël ne lancera pas une guerre dans la région à condition qu'aucune attaque ne soit perpétrée contre lui », car dans ce cas, personne ne sera en mesure d'assumer la responsabilité de ces garanties.
En fait, soulignait-on hier soir à Paris, la coopération libano-française n'en est qu'à ses débuts. « C'est maintenant qu'elle commence » et celle-ci consacre le long processus de stabilisation entamé depuis Taëf par le biais d'un soutien français sur le double plan « régional et international ». M. Kouchner a ainsi indiqué qu'il y a encore « beaucoup plus de choses à venir ». Par ailleurs, pour s'assurer que les accords signés vont être rapidement appliqués, le ministre français des Affaires étrangères s'est proposé de se rendre prochainement à Beyrouth.
Arrivé mercredi à la tête d'une délégation de six ministres, d'experts et de conseillers, Saad Hariri s'est réuni avec les ambassadeurs arabes accrédités en France. En fin de journée, il s'est rendu au palais du Luxembourg où le président du Sénat, Gérard Larcher, a réservé un accueil des plus...
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