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Gaza : les contrebandiers continuent leur trafic malgré le mur et la tension

Tandis que la construction d'une barrière anti-tunnels par l'Égypte suscite de vives tensions à la frontière avec la bande de Gaza, les contrebandiers palestiniens continuent leurs trafics comme si de rien n'était.

Le calme est revenu mercredi à Rafah, à la frontière entre l'Égypte et l'enclave palestinienne de Gaza, au lendemain d'un échange de tirs qui a tué un policier égyptien et blessé grièvement cinq manifestants palestiniens. Ces derniers protestaient contre l'édification d'un mur métallique souterrain du côté égyptien, censé empêcher la contrebande des marchandises via des centaines de tunnels creusés sous la frontière. Pendant des décennies, les contrebandiers de Gaza sont parvenus à déjouer toutes les tentative israéliennes de détruire leurs tunnels. Et que l'Égypte s'y mette à son tour, en érigeant une muraille d'acier sous terre, ne les impressionne pas. Ils observent l'avancée de travaux de l'autre côté, en Égypte, où des grues enfouissent des poutres et des plaques de métal dans le sable, à 20 ou 30 mètres de profondeur. Ceux qui vivent du trafic des tunnels doutent que l'Égypte réussisse là où les bombardements israéliens ont échoué. Ils sont persuadés que l'Égypte n'ira pas jusqu'au terme des travaux, ou que les Palestiniens prendront des contre-mesures efficaces, comme d'ouvrir au chalumeau des trous dans la barrière. En fait, seuls quelques tunnels, sur les centaines qui courent sous la frontière, ont été bloqués dans les secteurs les plus sablonneux par le mur égyptien. Afin que la barrière soit efficace, il faudrait qu'elle s'étende sur les 12 kilomètres de démarcation entre l'Égypte et Gaza.

Pour Abou Antar, propriétaire de tunnels, "la muraille est un coup médiatique car il est impossible que les Égyptiens l'établissent tout le long de la frontière". Othman, un autre gérant de tunnel, confie que "l'obstacle a d'ores et déjà été surmonté", sans autre précision. Un réseau étendu de tunnels -creusés parfois à plusieurs dizaines de mètres sous terre, ventilés et éclairés à l'électricité- a commencé à opérer du temps où l'armée israélienne occupait la bande de Gaza (1967-2005) et contrôlait la frontière avec l'Égypte.

Depuis le retrait de l'armée en 2005, puis l'instauration d'un strict blocus israélien contre Gaza, ce réseau s'est considérablement développé au point de devenir une artère économique vitale pour ce territoire surpeuplé et déshérité où vivent 1,5 million de Palestiniens. Les tunnels alimentent tout un marché noir qui sert aussi bien à introduire de la nourriture, des carburants, des biens de consommations les plus divers -des carreaux de céramique jusqu'aux automobiles découpées en morceaux-, que des roquettes.

Le mouvement islamiste Hamas, qui exerce le pouvoir à Gaza, contrôle et taxe le trafic des marchandises. Il fait venir armes et argent via ses propres tunnels secrets. "Ils croient briser notre volonté en construisant cette muraille d'acier. Mais qu'il sachent que nous sommes déterminés et que nous tiendrons bon", avertit le ministre de l'Intérieur du gouvernement du Hamas, Fathi Hamad.

Pour la population de Gaza, les tunnels -qui ont coûté la vie à des dizaines de Palestiniens lors d'éboulements accidentels ou de bombardements israéliens- ne sont qu'un pis aller. "S'il n'y avait pas de tunnels, peut-être qu'Israël et le monde entier seraient forcés de trouver une solution pour Gaza", suppute un commerçant de Rafah, dont les emballages portent encore les traces de sable de leur passage dans les tunnels.


Le calme est revenu mercredi à Rafah, à la frontière entre l'Égypte et l'enclave palestinienne de Gaza, au lendemain d'un échange de tirs qui a tué un policier égyptien et blessé grièvement cinq manifestants palestiniens. Ces derniers protestaient contre l'édification d'un mur métallique souterrain du...