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Moyen Orient et Monde - Climat

Négociations bloquées à Copenhague

Dissensions, confusion et opacité ont marqué la journée d'hier au sommet du changement climatique qui vit ses derniers jours à Copenhague. Les débats étaient houleux à l'intérieur des salles plénières, et les manifestations faisaient rage à l'extérieur du « Bella Center ».

Environ 250 personnes ont été arrêtées hier près du Bella Center, où se déroule le sommet sur les changements climatiques, ainsi que dans le centre de Copenhague. Des échauffourées se sont produites entre les policiers et les protestataires, regroupés à l’appel du collectif Climate Justice Action. Adrian Dennis/AFP

La journée d'hier à Cop15 a commencé par le remplacement de Connie Hedegaard, ministre danoise de l'Énergie, à la tête du sommet par le Premier ministre danois, Lars Rasmussen. Ce remplacement, qui a fait beaucoup de bruit au sommet, a été imputé, dans un communiqué officiel de l'UNFCCC, au fait que « le grand nombre de chefs d'État qui affluent requiert la présence du Premier ministre à la présidence du sommet », sachant que Mme Hedegaard est désormais chargée des séances informelles. Il reste cependant que sa gestion du sommet avait été vivement critiquée ces derniers jours, notamment par les pays en développement.
Mais les critiques n'ont pas cessé pour autant. Les représentants de plusieurs pays en développement et émergents, parmi lesquels la Chine, l'Inde et le Brésil, ont pris la parole en pleine séance plénière, avant les discours des officiels et chefs d'État, pour reprocher à la présidence danoise un « manque de transparence » : en effet, ils ont constaté que le texte sur l'application de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, qui devait servir de base au futur accord et qu'ils ont passé toute la nuit à discuter a... tout simplement disparu de la circulation et qu'un texte complètement différent leur a été soumis.
Sur un autre plan, il est désormais bien établi ici, ce qui nous a été confirmé par des sources ayant assisté aux débats à huis clos, que le désaccord règne sur tout ce qui concerne les chiffres (baisse des émissions notamment), et que les espoirs d'arriver à des accords sur ces chiffres durant ce sommet sont désormais vains. Même les discours des officiels reflètent clairement le clivage qui existe entre les pays en développement et les pays industrialisés qui devraient prendre des engagements financiers et appliquer des réductions d'émissions.
À ce point, il semble clair, comme l'ont noté certains observateurs, que le sommet n'a plus grand-chose à voir avec la cause environnementale d'origine et que les intérêts économiques des pays non seulement priment, mais dominent les débats : dans les discours, on parle surtout d'argent et de politique.

Onze millions de noms
Cette perspective d'échec - et ce même si le sommet aboutit à une déclaration politique - trouve des échos de plus en plus forts dans la rue. Un groupe d'ONG, Climate for Justice, a organisé une marche à l'intérieur même du « Bella Center », sur les cris de « Rejoignez l'assemblée du peuple ». Un des militants a expliqué à L'Orient-Le Jour que « les véritables questions ne sont pas discutées ici, nous voulons les soulever ailleurs et rejoindre nos compagnons qui manifestent à l'extérieur ».
Les manifestants de l'intérieur ont en effet, avec force cris, tenté de sortir du bâtiment, et les manifestants à l'extérieur, qui se comptaient par milliers, ont fait un mouvement pour entrer de force dans le « Bella Center ». Mais la police danoise a encerclé les deux groupes, empêchant les uns de sortir et les autres d'entrer. Les manifestants à l'intérieur se sont assis à terre, brandissant des banderoles avec les mots « Ouvrez les portes, De Boer », une allusion à la décision de l'UNFCCC (dont le secrétaire général est Yvo De Boer) de limiter, aujourd'hui et surtout demain, le nombre de militants d'ONG dans le centre (une limite de mille aujourd'hui, et de 90 seulement demain).
À l'extérieur, les manifestants se sont dispersés peu après, sans incident notable. Les sit-in ont recommencé de plus belle en soirée, avec une décision des manifestants de ne pas bouger à moins d'y être contraints de force. À l'intérieur, des représentants d'ONG ont décidé de lire un à un, et à très haute voix, les noms des 11 millions de signataires de la pétition « Seal the Deal » (« Finalisez l'accord »), qui avait été lancée par l'ONU en prévision de Copenhague.
Face à la pression, le gouvernement danois a décidé d'ouvrir un autre centre de conférences pour les ONG spécifiquement, ce qui n'a pas fait retomber la pression, étant donné qu'il a été perçu comme une tentative de les isoler de l'événement principal. Mais les autorités danoises arguent d'impératifs sécuritaires. Entre-temps, les mesures de sécurité prises sont draconiennes dans la ville, avec plus de cent chefs d'État présents : même la station de métro proche du « Bella Center » a été fermée brièvement et les patrouilles sont incessantes. Des délégations de l'ONU ont été retardées en matinée, en raison de ces troubles.
Les ONG seront donc moins présentes dans le bâtiment du sommet ces deux jours, mais cela ne les a pas empêchées de faire preuve d'imagination pour attirer l'attention et tenter d'influer sur le cours des négociations. Un groupe de Boliviens indigènes a décidé d'accueillir son président, Evo Morales, par une activité particulière : une sorte de cérémonie traditionnelle, en habits traditionnels. Ils avaient sur eux l'inscription « Sauvez la planète mère ».
Pour sa part, l'ONG libanaise IndyAct a choisi de dénoncer les actions du « lobby du pétrole », en habillant ses manifestants en magnats du pétrole et en distribuant des billets factices. « Nous constatons que le sommet de Copenhague va probablement tomber à l'eau, nous sommes là pour déplorer la victoire des lobbies du pétrole », nous lance un militant de l'association. La même association a distribué des passeports fictifs des Maldives dans l'après-midi, alors que le président de ce pays très menacé par le changement climatique prononçait un discours très remarqué dans lequel il a appelé tous les pays sans exception à assumer leurs responsabilités.
La journée d'hier à Cop15 a commencé par le remplacement de Connie Hedegaard, ministre danoise de l'Énergie, à la tête du sommet par le Premier ministre danois, Lars Rasmussen. Ce remplacement, qui a fait beaucoup de bruit au sommet, a été imputé, dans un communiqué officiel de l'UNFCCC, au fait que « le...

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