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Le flou de Dubaï sur le remboursement de la dette va ébranler la région

Le flou entourant les plans du gouvernement de Dubaï pour rembourser sa dette de 80 milliards va ébranler les marchés du Moyen-Orient à leur réouverture la semaine prochaine, s'inquiétaient samedi des analystes du secteur.

Les difficultés que Dubaï rencontre avec sa dette, héritées d'une bulle immobilière qui s'est traduite par la construction des immeubles les plus hauts du monde, ont suscité ces derniers jours de vives inquiétudes dans le monde financier /

Les marchés européens se sont fortement repliés jeudi, au lendemain de l'annonce du gouvernement de Dubaï qu'il sollicitait un moratoire de six mois sur le remboursement des dettes d'une de ses sociétés clés, avant de se reprendre vendredi.

Mais les observateurs craignent une plongée des bourses de Dubaï et d'Abou Dhabi à leur réouverture lundi, et une réaction en chaîne des autres marchés régionaux qui doivent reprendre les cotations entre mardi et samedi après une fête musulmane.

Selon Oliver Bell, de la banque suisse Pictet, la crise à Dubaï est un "désastre" pour les marchés du Moyen-Orient et d'Afrique du nord. "Si tout reste en l'état, les marchés des Émirats arabes unis vont vendre massivement après le congé" de l'Aïd al-Adha, a-t-il expliqué, cité par le site internet spécialisé Citywire.

Abou Dhabi, le riche voisin de Dubaï au sein des Émirats arabes unis, "pourrait facilement résoudre les problèmes de Dubaï", qui a fait de l'extravagance immobilière une force de vente, estime Jan Randolph, directeur du département Fonds souverains pour l'agence de consulting IHS Global Insight.

"La question est comment et à quel prix", ajoute-t-il.

L'émirat a demandé mercredi un moratoire de six mois sur le remboursement en décembre des 59 milliards de dollars dus par l'entreprise publique Dubai World. Celle-ci comprend l'opérateur portuaire DP World et le géant de l'imobilier Nakheel, promoteur notamment du Palm Jumeirah, cet archipel d'îles artificielles en forme de palmiers. Dubai World avale les trois-quarts de la dette de l'émirat.

La date choisie pour l'annonce, juste avant quatre jours fériés, montre que le gouvernement de l'émirat a "minutieusement planifié" les choses, selon Oliver Belle qui s'inquiète du silence assourdissant des autorités.

"J'espérais que ce soit une erreur de communication", avoue-t-il. Mais un communiqué de cheikh Ahmed ben Saïd al-Maktoum, chef de la Commission suprême fiscale de Dubaï, "était encore plus inquiétant car il suggère que cela avait été minutieusement planifié et qu'ils savaient que les marchés allaient être très inquiets", ajoute M. Bell.

"Il y a désormais un déficit d'informations", dénonce-t-il, après l'annonce jeudi par cheikh Ahmed que "de plus amples informations seront disponibles en début de semaine prochaine".

Mais pour Jan Randolph, "cette crise devait arriver. Tous les signes avant-coureurs étaient présents. De nombreux créditeurs pensaient que le gouvernement et le souverain de Dubaï soutiendraient leurs sociétés, cela est remis en question".

Abou Dhabi bénéficie de la manne pétrolière, de ses fonds souverains richissimes et ses exportations génèrent des richesses, souligne M. Randolph, alors que Dubaï ne peut compter que sur l'immobilier ou les services.

Mais pour l'économiste, Dubaï doit faire face à ses problèmes plutôt que compter entièrement sur l'aide de ses voisins.

La restructuration est nécessaire "pour faire le tri entre bons et mauvais actifs, ceux qui ont un réel avenir et les autres", explique-t-il.

Pour Kit Juckes, de la société de trading ECU, la crise fera des "dégâts à long-terme sur la notion de garantie d'État. Il paraissait acquis que Dubaï soutiendrait ses entreprises commerciales et qu'Abou Dhabi serait derrière Dubaï".

Désormais, "tout le monde va spéculer sur les chances de succès de cette demande de moratoire, si d'autres sociétés de l'émirat peuvent connaître le même sort, si cela va encore s'étendre et quelles banques sont les plus exposées", prédit M. Juckes.

Les marchés européens se sont fortement repliés jeudi, au lendemain de l'annonce du gouvernement de Dubaï qu'il sollicitait un moratoire de six mois sur le remboursement des dettes d'une de ses sociétés clés, avant de se reprendre vendredi.
Mais les observateurs craignent une plongée des bourses de Dubaï et d'Abou Dhabi...