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Moyen Orient et Monde - Élections

Législatives irakiennes retardées : les États-Unis affichent leur agacement

La nouvelle loi de nouveau rejetée par les sunnites qui se considèrent lésés.

L’ambassadeur américain Christopher Hill n’a pas caché son irritation face aux enlisements du processus électoral irakien.Thaier al-Sudani/Reuters

L'administration américaine, qui s'apprête à prendre une décision cruciale sur l'envoi de renforts en Afghanistan, a exprimé hier son agacement sur le front irakien où une loi nécessaire à la tenue des élections est enlisée dans le processus législatif.
Le Parlement a amendé lundi la loi électorale, qui avait été adoptée en première lecture début novembre après des semaines de tractations et plus d'une dizaine de reports, mais le texte devrait être une nouvelle fois bloqué par le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi. Les sunnites ont exprimé leur colère peu après le vote : ils jugent que les nouvelles dispositions adoptées lèsent leur représentation par rapport à la première mouture à laquelle M. Hachémi avait déjà opposé son veto.
Face à cet enlisement, susceptible d'obliger l'armée américaine à retarder le départ de ses troupes de combat qui doit s'achever fin août, l'ambassadeur américain Christopher Hill a pour la première fois fait part publiquement de son irritation. « Il peut y avoir du retard dans la date. Un peu de retard, ce n'est pas un problème, mais nous ne voulons pas que les choses traînent en longueur », a-t-il dit. « Il est très important pour l'Irak et pour son avenir que les élections aient lieu bientôt », a-t-il ajouté. L'ambassadeur a appelé les dirigeants irakiens à trouver un consensus. « Toute loi, que ce soit une loi électorale ou (sur la réforme du) système de santé aux États-Unis, implique les efforts des uns pour comprendre les inquiétudes des autres », a-t-il insisté. Et selon lui, la nouvelle mouture du texte « répond à la question des électeurs présents à l'étranger et celle des minorités qui préoccupaient » le vice-président Hachémi.
Les sunnites, sous-représentés au Parlement en raison de leur boycottage des élections de 2005, estiment au contraire que si l'amendement passe, leur représentation sera encore plus faible. Les députés ont décidé de modifier la répartition des sièges au Parlement en ne tenant pas compte du réel accroissement de la population depuis les dernières élections de 2005, mais en fixant une augmentation annuelle de 2,8 % pour chaque province. Selon des calculs de l'AFP, les sunnites de la province d'Anbar (Ouest) se partageront désormais 10 sièges contre 14 dans la répartition précédente, soit seulement un siège de plus qu'en 2005. Les chiites perdent aussi des sièges mais restent largement majoritaires. Ce système favorise largement les Kurdes dont la fécondité est plus faible que les chiites et les sunnites : la province kurde de Souleimaniyeh aura ainsi droit à 17 sièges alors que, dans la première répartition, elle avait 15 sièges, comme en 2005.
Le nouveau texte « tente de dérober des sièges aux provinces de Ninive, Kirkouk et Salaheddine pour les donner aux provinces (kurdes) du Nord. C'est illégal », a protesté lundi après le vote Oussama al-Nijaïfi, un député sunnite. Tarek al-Hachémi a clairement laissé entendre dans un communiqué qu'il opposerait son veto une seconde fois, ce qui va repousser d'au moins trois semaines le scrutin prévu à l'origine par la Constitution fin janvier. Le vice-président « a opposé son veto au précédent texte, qui, malgré ses faiblesses qu'il a essayé de rectifier, était plus juste pour les Irakiens que la nouvelle loi », a affirmé le bureau de M. Hachémi dans ce texte. Il traitera cette « loi comme la précédente avec la plus grande responsabilité et en protégeant les intérêts de la nation ».
La Constitution accorde deux veto à la présidence irakienne, composée du président et de ses deux vice-présidents. En troisième lecture, le Parlement peut adopter le texte s'il obtient la majorité des trois cinquièmes. En outre, face à ces blocages successifs, le chef de la commission électorale a indiqué que les législatives ne pourront pas se dérouler au mois de janvier comme prévu. « Dans tous les cas, la possibilité d'organiser un scrutin en janvier est caduque », a dit Faraj al-Haidari.
L'administration américaine, qui s'apprête à prendre une décision cruciale sur l'envoi de renforts en Afghanistan, a exprimé hier son agacement sur le front irakien où une loi nécessaire à la tenue des élections est enlisée dans le processus législatif.Le Parlement a amendé lundi la loi...

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