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Liban - La situation

La « rotation totale » de Berry rejetée, Frangié entre dans la danse

La ligne de clivage au sein de la minorité est désormais claire, et c'est un Sleimane Frangié revigoré qui se trouve au centre de la médiation qui a aujourd'hui cours entre les différents pôles du 8 Mars pour tenter de faire aboutir le processus de formation du nouveau cabinet. Pendant qu'il se trouvait hier à Damas, où il s'est rendu pour prendre le pouls du régime syrien qui, selon le 14 Mars, s'attelle à mettre tout en œuvre pour une naissance très prochaine du nouveau gouvernement, le nom de M. Frangié circulait à Beyrouth comme éventuel successeur de Gebran Bassil au ministère des Télécommunications. Information démentie en soirée par Véra Yammine qui a affirmé à L'Orient-Le Jour que « ces informations sont très éloignées de la réelle initiative entreprise par le député Frangié ». Elle a également affirmé qu'une très prochaine - et énième - rencontre aurait lieu entre Michel Aoun et Saad Hariri. Ce dernier se trouvait dans la soirée d'hier à Clemenceau où, de source informée, il s'ingéniait à convaincre Walid Joumblatt de lâcher le ministère des Travaux publics au profit des Télécommunications, dans une tentative de trouver une solution de moyen terme à la problématique qui entoure ce portefeuille.
Ces efforts interviennent toutefois à l'heure où le patriarche maronite affirmait dans un entretien accordé à la revue al-Massira que « le Hezbollah sert plus les intérêts de l'Iran que ceux du Liban », déclaration qui n'a pas tardé à faire des remous dans les rangs du camp du 8 Mars. Issam Abou Jamra a ainsi indiqué à L'Orient-Le Jour que les propos de Mgr Sfeir n'étaient « guère surprenants », puisque « ce n'est pas la première fois qu'il va dans ce sens ». « Le but est clair », a-t-il ajouté, précisant que le chef de l'Église maronite « veut que la majorité gouverne, or au Liban le système est parlementaire et multipartite, on ne peut y appliquer le bipartisme. Et de toute façon, la majorité est trop faible aujourd'hui pour gouverner ». Autrement dit, même au lendemain du 7 juin et même après avoir remporté les élections, la majorité est aujourd'hui bien incapable de s'imposer sur le terrain. Allant dans le même sens, des sources proches de Rabieh, citées par la chaîne de télévision NBN, soulignaient que « la mise en place du gouvernement ne peut être possible qu'à l'aune de la même formule adoptée lors de la conférence de Doha, car rien n'a changé depuis ».
Conscient que la situation est en train de se corser, Nabih Berry s'est vu presque contraint de mettre lui aussi la main à la pâte. Il aurait, selon des sources proches de Aïn el-Tiné, proposé une formule impliquant « une totale rotation des portefeuilles », mais celle-ci aurait reçu une fin de non-recevoir de la part de Koraytem car Saad Hariri refuserait de céder les Finances « même au profit du président de la République ». Refus d'ailleurs confirmé par ses proches, qui ont fait savoir que « cette option paraît difficilement réalisable ».
En clair, le camp Hariri serait flexible sur tout sauf sur les Finances, pendant que le camp du 8 Mars, lui, exigerait soit le portefeuille des Télécommunications, soit celui de la Justice. Les tractations actuelles tourneraient donc autour de ces deux maroquins et c'est d'ailleurs cela qui a permis au président Michel Sleiman d'affirmer que « les obstacles ne sont plus qu'administratifs ». Tout aussi - inexplicablement - positif, Nader Hariri a déclaré hier à la chaîne de télévision al-Manar que « les concertations avancent, mais il n'y a toujours pas d'accord pour le moment ».
À trop s'attarder sur des discussions qui n'ont déjà que trop tardé à donner concrètement leurs fruits, les responsables semblent occulter un aspect fondamental du problème, aspect que s'est empressé de rappeler Boutros Harb, lors d'un entretien accordé hier à la chaîne de télévision LBC : « Je crains qu'il n'y ait une volonté d'amender la Constitution de telle sorte qu'aucune décision ne puisse être possible en dehors de l'unanimité de toutes les parties. Quelque chose qui rappellerait le système de l'ONU, et au sein duquel certains pôles bénéficieraient d'un droit de veto. »
À ces craintes, très certainement justifiées, s'ajoutent celles, beaucoup moins théoriques, ayant trait aux brèches sécuritaires qui se manifestent un peu partout sur le territoire. Les tirs de roquettes partis de Houla - et revendiqués hier soir par un groupuscule islamiste qui s'est dit proche d'el-Qaëda - puis hier soir, la banlieue sud de Beyrouth où des accrochages entre des membres du mouvement Amal et d'autres sympathisants du Hezbollah se sont renouvelés, sans oublier Tripoli où l'armée s'est déployée en force pour boucler tout un secteur dans le but de mettre la main sur des islamistes impliqués dans les incidents de Rayak, qui s'étaient soldés par la mort de plusieurs soldats de l'armée libanaise.
À ceux qui en doutent encore, il est grand temps, et avant qu'il ne soit trop tard, de former un gouvernement. Reste toutefois à savoir lequel. 
La ligne de clivage au sein de la minorité est désormais claire, et c'est un Sleimane Frangié revigoré qui se trouve au centre de la médiation qui a aujourd'hui cours entre les différents pôles du 8 Mars pour tenter de faire aboutir le processus de formation du nouveau cabinet. Pendant qu'il se trouvait hier à Damas, où il s'est rendu...
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