Pari réussi, car Michel Fani a assez de recul envers le pays qu'il a quitté, assez d'extériorisation pour transcender la nostalgie stérile et seule déformatrice des images.
«Ce dont je veux parler, précise encore Fani, reprend les techniques les plus nouvelles pour l'usage le plus ancien, et les procédés apparents ne veulent que déposer à la porte du visible cette inattendue aumône de l'invisible qui est notre lot à nous tous. » En effet, en se servant des techniques contemporaines de photographie et en leur ajoutant d'autres disciplines comme la sérigraphie et l'acrylique, l'auteur du Dictionnaire de la peinture au Liban intervient dans la trame et en fait un canevas singulier. Chacun est alors libre de recueillir ses réactions devant ces images et de les ingérer.
Comment ne pas croire que l'image de Beyrouth, sous la neige avec ces flocons cotonneux qui semblent hors temps, est illusoire ? Comment ne pas fixer son regard sur le dédoublement des ombres comme si le réel glissait peu à peu dans l'irréel ? Et quelles sont ces impressions que nous renvoient ces images de la place des Canons et de ses jardins, de l'avenue des Français ? Un passé révolu ou qui n'a jamais existé ?
Dans cette distorsion de ces reproductions apparaissent de temps en temps des photos réalisées sous forme d'affiches, colorées, ludiques (Lord's Hotel, La Grotte aux Pigeons ou The Horse Shoe). Elles sont aussi l'illustration d'une « Dolce Vita » à jamais évanouie.
Au-delà de ces signes qui semblent avoir retenu la mémoire en captivité, Michel Fani réinvente le temps et le reproduit à sa manière. En toute subtilité.
À la Galerie 6 jusqu'au 12 novembre, du mardi au vendredi de 11h00 à 18h00 et samedi de 11h00 à 14h00. Tél.: 01/202281.
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