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Culture - Livres

La tourmente afghane à travers la plume de Nadeem Aslam…

À quarante trois ans, avec son troisième roman « La vaine attente », l'écrivain pakistanais d'expression anglaise Nadeem Aslam signe un livre à tiroirs sur la tourmente de l'Afghanistan. Sélectionné pour la rentrée littéraire au prix Femina étranger, voilà un aperçu sur un auteur et un ouvrage qui sortent des chemins battus...
L'étude de la chimie à Manchester le laisse de marbre. Il l'abandonne pour mieux entretenir sa passion de l'écriture. Une écriture qui le taraude dès l'âge de treize ans où il publie déjà ses premières nouvelles dans un journal pakistanais. Lui, c'est Nadeem Aslam, amoureux de musique jazz, de peinture et star des librairies où ses deux premiers romans Season of the rainbirds (doté dès sa parution de deux prix) et La cité des amants perdus, retraçant la vie des communautés musulmanes en Angleterre, ont rencontré un vif succès.
Le regard intense, la bouche gourmande, les cheveux tantôt annelés tantôt lisses, la silhouette toujours gracile, Nadeem Aslam, malgré son long séjour au pays de la Blonde Albion, a parfaitement l'allure et le physique d'un play-boy de film bollywoodien...
Émigré avec son père du Pakistan du temps du régime du général de Muhammad Zia ul-Haq, cet écrivain, qui peut passer six mois en ermite dans sa chambre avec des phrases épinglées aux murs pour mieux faire parler ses personnages et planter ses décors, sait évoquer toutes les nuances de la souffrance humaine mais aussi l'espoir de vivre...
Aujourd'hui, c'est du côté de l'Afghanistan que son regard, sa plume et son analyse se tournent. C'est à travers une fiction, riche d'images et d'émotions, La vaine attente (Seuil - 389 pages, traduit de l'anglais par Claude Demanueli) que Nadeem Aslam brosse le portrait d'un Afghanistan qui n'a jamais été heureux, toujours pris dans les rets de la tourmente.
De la botte de fer de l'Union soviétique aux fausses démocraties des Américains en passant par la folie des talibans, la barbarie à visage humain n'a pas de frontière et seuls les masques changent...
Dans une magnifique demeure adossée aux monts de Tora Bora, entre parfums capiteux, fresques persanes et livres cloués au plafond, vit Marcus Caldwell, à la main coupée par les talibans...
Là, en ces lieux habités de souvenirs lumineux mais aussi amers et atroces (mort de sa femme et de sa fille), les ombres du passé vont surgir à travers une brochette de personnages intrigants, mystérieux, tous marqués par les atrocités et les outrances de la guerre et de la violence...
Tous confrontés au quotidien insoutenable où l'art ne suffit pas à espérer et où la raison reste parfois impuissante face à l'ignorance et la cruauté.
La cohabitation entre ces pages d'une femme russe, Lara (clin d'œil à Pasternak ?), un vieil homme, un Américain et un jeune terroriste taliban font exploser les époques et les périodes où l'Afghanistan a été sous différentes occupations et diverses influences...
Avec cette palette de personnages faisant irruption dans la vie les uns des autres, Nadeem Aslam a une façon unique de construire une sorte de patiente mosaïque pour dessiner l'image d'un pays sous constante tension, soumis à la brutalité et aux idéologies des tyrannies contemporaines.
Flash-back, chassé-croisé des situations, chaos de la réalité, tout cela restitue la fragilité des liens humains, leur violence, mais aussi la force et la beauté des sentiments...
Un livre témoignage mais aussi d'analyse qui ne manque pas d'une certaine poésie, car l'auteur confie volontiers : « Je m'intéresse à la politique, à la religion et tout cela se retrouve dans mes livres... Et puis mon père m'a appris à regarder la beauté et la poésie, mais aussi l'horreur... »
L'étude de la chimie à Manchester le laisse de marbre. Il l'abandonne pour mieux entretenir sa passion de l'écriture. Une écriture qui le taraude dès l'âge de treize ans où il publie déjà ses premières nouvelles dans un journal pakistanais. Lui, c'est Nadeem Aslam, amoureux de musique jazz, de peinture et star des...

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