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Moyen Orient et Monde - Réconciliation

Turquie-Arménie : la diplomatie du foot

L'opposition arménienne condamne la visite de Serge Sarkissian, l'accusant de brader les intérêts du pays.
Les présidents turc et arménien se sont retrouvés hier à Bursa, en Turquie, pour assister à un match de football des équipes nationales, un événement hautement symbolique, quatre jours après la signature d'accords de réconciliation.
« Nous n'écrivons pas l'histoire, nous sommes en train de la bâtir », a déclaré le président turc Abdullah Gül lors d'un entretien avec son homologue arménien Serge Sarkissian, selon le compte-rendu d'un diplomate turc. « Le monde entier nous regarde », a ajouté M. Gül lors de cet entretien qui s'est tenu « dans une atmosphère extrêmement positive », selon la même source. « J'ai eu une démarche très courageuse quand je suis allé à Erevan (en 2008), et maintenant le président Sarkissian fait preuve d'une stature de grand dirigeant. Ces visites ouvrent la voie à nos deux peuples », a-t-il ajouté.
Cette visite de M. Sarkissian répondait à celle effectuée par M. Gül à Erevan en septembre 2008, pour le match aller, remporté 2 à 0 par les Turcs. Elle constitue une nouvelle étape dans la démarche historique de réconciliation menée par Ankara et Erevan, opposées depuis près d'un siècle sur la question des massacres d'Arméniens sous l'Empire ottoman (1915-1917), qui constituent un « génocide » pour l'Arménie, terme rejeté par la Turquie. Samedi à Zürich (Suisse), les deux pays ont signé des accords qui doivent aboutir à l'établissement de relations diplomatiques, à la réouverture de la frontière commune, et à une série de mesures pour resserrer les liens bilatéraux. Ces accords doivent encore être approuvés par les deux Parlements.
« Nous avons préparé le cadre légal et ce qui nous incombe maintenant est de rendre effectifs ces documents », a encore déclaré M. Gül. « Les deux parties pensent que le processus ne sera pas facile (...) mais que le soutien à ces accords ira grandissant », a expliqué le diplomate turc. « Les présidents ont discuté de la question de la ratification des accords, en particulier le calendrier », a déclaré pour sa part un diplomate arménien. « L'Arménie espère avoir la garantie de la Turquie que la ratification ne prendra pas trop de temps », a-t-il ajouté. Après un dîner, les deux présidents et leurs délégations ont assisté au match, rencontre de qualification pour le Mondial 2010 mais sans enjeu pour les deux pays, qui n'ont plus d'espoir d'aller au Mondial.
À l'ouverture du match, l'hymne national arménien a été copieusement sifflé alors que des colombes avaient été lâchées au-dessus du stade en signe de paix.
M. Sarkissian n'est pas le premier chef d'État arménien à se déplacer en Turquie, mais il est le premier à le faire pour des raisons bilatérales.
Des mesures de sécurité draconiennes ont été prises à Bursa, pour prévenir des manifestations d'hostilité à l'égard de l'Arménie lors du match, auquel le président de l'UEFA, Michel Platini, a aussi assisté. Selon la presse turque, la grande majorité des 18 000 places du stade ont été réservées à des invités, un dispositif efficace pour prévenir les débordements. Avant le match, la police a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des groupes de jeunes, lors de brefs incidents, selon l'agence de presse turque Anatolie. Une association de soutien à l'Azerbaïdjan a distribué des milliers de drapeaux de ce pays, et des supporteurs envisageaient de les déployer dans le stade pour protester contre le soutien apporté par Erevan aux séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh, enclave en territoire azerbaïdjanais contrôlée par les Arméniens depuis une guerre dans les années 90. Cette dispute est à l'origine de la fermeture par les Turcs de la frontière avec l'Arménie, en 1993, en soutien à l'Azerbaïdjan, pays turcophone. L'opposition arménienne a pour sa part condamné la visite de M. Sarkissian, l'accusant de brader les intérêts du pays.
Les présidents turc et arménien se sont retrouvés hier à Bursa, en Turquie, pour assister à un match de football des équipes nationales, un événement hautement symbolique, quatre jours après la signature d'accords de réconciliation.« Nous n'écrivons pas l'histoire, nous sommes en train de la...

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