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Jeux 2009 : Actualités

Jeux Francophonie - Les oeuvres se dévoilent, les différences apparaissent

Les peintures, photographies et sculptures dévoilées vendredi à Beyrouth laissent filtrer une grande différence dans la façon d'appréhender le monde parmi les artistes en course pour une médaille aux jeux de la Francophonie.

"On a fini de tout installer à deux heures du matin !", sourit le Sénégalais Alioune Badiane, conseiller culturel du Comité international des jeux (CIJF). La vingtaine de sculptures ont été harmonieusement réparties dans deux grandes salles, au village des athlètes, à l'université de Beyrouth. Les toiles, fruits de quatre jours (et nuits) de création, sont adossées à un mur.

Les 20 photographes en compétition s'affairent fébrilement pour disposer leurs oeuvres sur un grand carton blanc, qui sera scotché sur une vitre. Pendant quatre jours, ils ont phosphoré sur le thème "Beyrouth 2009". Un peu en marge, le Centrafricain Mesmin Ignabode se bat seul avec du papier collant. En pantalon-chemise aux couleurs des "50 ans de la République centrafricaine", il est hors compétition. Son dossier d'inscription est arrivé hors délai.

"Un problème matériel entre les jeux de la Francophonie et le gouvernement centrafricain. Je présente mon travail comme simple invité", lâche-t-il fataliste.

Au mur, cinq planches (1 de 40x50 cm et 4 de 18x24 cm) montrent des mains blanches et noires liées. "Pour montrer la solidarité et la chaleur qui existent entre nous", glisse-t-il. Un peu plus loin, un concurrent a choisi le thème de l'esclavage. Des sujets qui tranchent avec les approches plus décalées des photographes venus du Nord: Canada, France, Belgique, Monaco..

"Inégalité"

 

"On a constaté une grande inégalité que ce soit dans le domaine du matériel, comme dans la façon d'appréhender les choses en général", souligne Ghada Waked, professeur d'esthétique photo à l'université de Beyrouth, et responsable du concours.

La fracture matérielle a été comblée par le prêt de matériel par les organisateurs. Le fossé culturel s'est (un peu) refermé au cours de la semaine, pendant laquelle les photographes ont beaucoup échangé, visité des expositions et assisté à des conférences.

"Il existe une fracture au niveau des moyens mais aussi culturellement. Nous avons une approche beaucoup plus plastique de la photo que les Africains", a noté la Française Marielsa Niels, qui pendant quatre jours a promené ses appareils dans certains quartiers de Beyrouth pour une série de portraits sur les femmes libanaises. Le sujet, la lumière et le cadrage se répondent.

"Pendant les quatre jours passés ensemble, on a beaucoup échangé sur les techniques. Parce que si tu restes chez toi, tu penseras toujours que tu es le meilleur, souligne le Centrafricain Mesmin Ignabode. Et puis, il y a le matériel. Chez moi, que ce soit en numérique ou en argentique, les tirages sont nuls. Ici, avec le matériel mis à disposition, c'est le contraire".

Mais pour conforter son jugement, le jury de 5 personnes peut également s'appuyer sur les quatre oeuvres adressées par les candidats... avant le début des jeux. "On juge les aspects technique, artistique mais aussi ce que véhicule l'image", explique la Canadienne Geneviève Ruest, présidente du jury. Les jurés sauront-ils laisser une petite place à la différence ?

Les peintures, photographies et sculptures dévoilées vendredi à Beyrouth laissent filtrer une grande différence dans la façon d'appréhender le monde parmi les artistes en course pour une médaille aux jeux de la Francophonie.
"On a fini de tout installer à deux heures du matin !", sourit le Sénégalais Alioune Badiane,...