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Moyen Orient et Monde - Nucléaire

Obama temporise sur l’Iran, les Européens contraints de suivre

Téhéran est le grand bénéficiaire des hésitations de Washington à durcir le ton contre la République islamique.
Entre la Chine et la Russie, qui ne veulent pas entendre parler de sanctions contre l'Iran, et Barack Obama, qui a choisi de temporiser, les Européens se retrouvent dans une situation délicate, eux qui avaient choisi de durcir leur discours contre Téhéran ces derniers mois. Au début de l'été, le président américain avait pourtant lui aussi soutenu l'idée de sanctions et d'une « heure de vérité » lors de l'Assemblée générale de l'ONU qui s'ouvre la semaine prochaine. Au début du mois, lors d'une réunion des six pays en charge du dossier (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), Pékin et Moscou refusent cependant de parler de nouvelles sanctions fin septembre, même si le président russe Dmitri Medvedev estimait mardi que celles-ci sont « parfois inévitables ».
Profitant du flottement, l'Iran leur remet un document qualifié « d'écran de fumée » par des diplomates européens, proposant de dialoguer sur tout sauf sur l'essentiel : ses activités nucléaires sensibles. Téhéran est accusé par les Six de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civil, ce que l'Iran dément. Ce document est un coup de maître. « Les Iraniens ont réussi parfaitement » à brouiller les cartes, admet un spécialiste du dossier. Après concertation, une réunion des Six avec l'Iran est programmée pour le 1er octobre, probablement en Turquie, faute de temps pour l'organiser d'ici à l'Assemblée de l'ONU.
Le vainqueur est incontestablement l'Iran. « Son intérêt c'est gagner du temps et continuer à enrichir de l'uranium », juge un responsable européen sous couvert d'anonymat. Et l'attitude « molle », selon certains, des États-Unis a contribué à cette victoire. « Les Américains ne savent plus quoi faire, cherchent une porte de sortie alors qu'il n'y a qu'un trou noir », estime le même responsable. « Un des quatre est hésitant et on perd du temps », regrette une autre source en évoquant les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne.

Une menace globale, réaffirme Lieberman
L'attentisme américain a surpris les Européens et revient à les cantonner dans un rôle subalterne alors qu'ils étaient jusque-là en pointe pour arracher à Téhéran, en contrepartie de propositions de coopération attrayantes, une négociation sur son programme nucléaire. « On est à front renversé par rapport à il y a deux ou trois ans. Les Européens étaient prêts à négocier et l'administration Bush était sur une ligne dure », relève Pascal Boniface de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Difficile cependant pour des Européens souvent suivistes vis-à-vis de Washington de réclamer un Obama plus fort. Face à l'échec de la main tendue, « le seul moyen de sauver la face pour le président américain était de dire : continuons le dialogue », tempère Denis Bauchard de l'Institut français des relations internationales (IFRI). Faute d'autre choix, les Européens sont contraints de suivre le rythme de leur grand allié incontournable, quitte à garder la même rhétorique. « On ne va pas laisser l'Iran se doter du nucléaire » car l'Iran « c'est aussi le problème d'Israël », a ainsi dit mardi à des députés le président français, Nicolas Sarkozy.
Après une concertation des chefs de la diplomatie des Six, la semaine prochaine en marge de l'Assemblée de l'ONU, et le rendez-vous pris avec les Iraniens le 1er octobre, Barack Obama devra trancher. « La clé est à Washington », résume un responsable européen. Si le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déjà dit qu'il n'attendait rien de cette réunion d'octobre, son homologue américaine, Hillary Clinton, a estimé « qu'aucune prédiction » n'était possible sur ce qui sortirait des discussions.
D'autre part, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a réaffirmé hier que le programme nucléaire iranien représente une menace pour la stabilité et la sécurité au Proche-Orient et dans le monde. « Le développement d'armes nucléaires en Iran est une menace globale et devrait être traité par la communauté internationale de manière sérieuse », a déclaré M. Lieberman. « Faire des affaires avec l'Iran envoie un mauvais message aux dirigeants à Téhéran qui ignorent les règles internationales », a-t-il ajouté.
Entre la Chine et la Russie, qui ne veulent pas entendre parler de sanctions contre l'Iran, et Barack Obama, qui a choisi de temporiser, les Européens se retrouvent dans une situation délicate, eux qui avaient choisi de durcir leur discours contre Téhéran ces derniers mois. Au début de l'été, le président américain avait...

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