Nouvelle-Amsterdam, une colonie hollandaise indigente. Cette lettre est le document phare de l'exposition qui s'est ouverte dimanche dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire de l'exploration de Manhattan par l'aventurier Henry Hudson au profit de la puissante Compagnie hollandaise des Indes orientales.
L'exploit de Hudson n'allait pas empêcher les Hollandais de passer à côté du potentiel de l'endroit. « Personne, absolument personne ne savait que cette petite implantation allait un jour devenir New York », souligne Martin Berendse, directeur des Archives nationales des Pays-Bas, qui ont prêté livres, cartes et autres documents. Les textes jaunis, élégamment calligraphiés, dépeignent un modeste comptoir commercial à des années-lumière de la capitale mondiale de la finance où vivent aujourd'hui plus de 8 millions de personnes.
Plus d'une décennie après la découverte faite par Hudson en 1609, les colons n'étaient qu'une poignée, cohabitant tant bien que mal avec les Indiens qui leur vendaient des fourrures en échange d'outils et de verroterie. La Nouvelle-Amsterdam comptait si peu aux yeux de l'empire hollandais que le fameux document, datant de 1626 et surnommé « le certificat de naissance de New York », mentionne son achat comme s'il s'agissait d'un détail. « Ils ont acheté l'île Manhattes aux Indiens pour 60 florins » (environ 24 dollars), rapporte la lettre adressée à des responsables hollandais, au milieu d'informations sur les naissances à la colonie et sur une cargaison de fourrures. En 1653, les colons ne sont guère plus de 500 à 700, dont beaucoup ne sont pas hollandais. C'est « une populace venant de toutes sortes de pays », écrit le directeur de la colonie, Petrus Stuyvesant, évoquant le mélange ethnique qui allait continuer à caractériser New York. Un des habitants, Adriaen Van der Donck, a publié une description colorée de la colonie, qui fait partie de l'exposition. « Les arbres sont plus grands qu'en Europe, les animaux plus gros. Ne voulez-vous pas venir? » dit-il aux colons potentiels. Mais dans une lettre de 1649 aux autorités hollandaises, il décrit au contraire un endroit où « tous vivent dans la pauvreté ». En 1664, les Anglais décident de prendre le contrôle de la colonie, plantée comme une épine au milieu de leurs propres possessions, et la Nouvelle-Amsterdam se rend sans combattre. Le traité de Breda, en 1667, donne à l'Angleterre le contrôle de Manhattan. Les traces de la Nouvelle-Amsterdam vont petit à petit s'effacer, ne subsistant plus que dans quelques toponymes : c'est ainsi que la rue Brede Wegh est devenue Broadway.
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