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Moyen Orient et Monde - Le billet

Dmitri se rebiffe

La rentrée s'annoncerait-elle agitée sur le front russe ? Jeudi, Dmitri Medvedev a rué dans les brancards. Dans un éditorial publié par le quotidien en ligne gazeta.ru, - édito devant servir de brouillon à son discours de fin d'année à la nation - Dmitri Medvedev, le dauphin de Poutine devenu président mais qui reste dans l'ombre des pectoraux du parrain, se livre à une critique en règle de la Russie. Une Russie, dixit Medvedev, « arriérée et corrompue », dotée d'une économie « primitive », d'une démocratie « faible » et installée dans un Caucase « instable ».
Dmitri serait-il passé en mode autoflagellation ? Que nenni, car le président adepte de la talonnette ajoute : « Cela prouve que nous n'avons pas fait tout le nécessaire dans les années précédentes. » Les « années précédentes » étant le nom à peine codé de Vladimir Poutine, huit ans de Kremlin au compteur. Un Poutine qui se verrait en outre bien endosser le costume des « années à venir ». Car Premier ministre, c'est sympathique, on a plus de temps pour chasser l'ours polaire torse nu et nager le papillon avec les belugas, mais, quand même, le Kremlin est mieux chauffé l'hiver que la résidence des chefs de gouvernement.
Medvedev, lui, en a assez d'être l'homme de Poutine, car il sait que rien ne pousse à l'ombre des grands chênes. Longtemps, Medvedev a tenté de copier Poutine. Mais quand Dmitri veut « liquider la racaille terroriste », Vladimir ordonne de « buter les terroristes jusque dans les chiottes ». En cette rentrée, Medvedev semble avoir compris que pour exister vraiment, il est vain de chercher à dépasser le maître sur son propre terrain. Pour exister, il faut carrément se démarquer. Et pour cela, ce n'est pas les terroristes qu'il faut liquider, mais le père.
L'on imagine alors la réaction de Vladimir à la lecture de l'éditorial présidentiel. D'abord, un sourire en coin, de ceux qu'un père affiche en découvrant, ému, les premières frasques de son fils qui vient de commencer sa rébellion d'adolescent. Ensuite, l'hésitation : laisser passer ou réagir ? Enfin, la prise de conscience que même si on a une tendresse particulière pour le fiston rebelle, il faut tout de même et tout de suite le reprendre en main sous peine de perdre, à terme, l'exercise de tout contrôle sur lui. Et Poutine de se lever, d'enfiler son blouson fourré et de s'engouffrer dans sa Lada camouflage direction le Kremlin.
Devant la porte, le garde qui a reçu des consignes explique à Poutine, en tentant de contenir le tremblement de ses mains, que Medvedev n'est pas là, qu'il est sorti, non qu'il dort déjà. Poutine, KGBiste un jour, KGBiste toujours, répond au garde d'une voix lasse, qu'il a trois dossiers sur sa sœur : un dossier officiel, quasiment vide ; un dossier officieux, raisonnablement fourni ; et un troisième dossier qu'il va se charger personnellement de préparer s'il ne passe pas la porte tout de suite. Aussi blême que la neige que le maire de Moscou veut éradiquer de la capitale, le garde s'écarte en regardant ses chaussures. Arrivé dans le salon de Medvedev, Poutine lâche, en lui tapant dans le dos : « Toi aussi Dmitri ? » Medvedev s'emmêle les pinceaux. « Comment ça, c'est un malentendu, vraiment, tu as dû mal comprendre... ». Et Poutine de partir d'un grand éclat de rire. « Allez, sers nous une vodka, que l'on fasse honneur à la réputation d'alcoolique des Russes que tu as si gentiment rappelée au monde dans ton éditorial. Et puis assieds toi, mon petit Dmitri, on va le retravailler ensemble ton discours de fin d'année. »
La rentrée s'annoncerait-elle agitée sur le front russe ? Jeudi, Dmitri Medvedev a rué dans les brancards. Dans un éditorial publié par le quotidien en ligne gazeta.ru, - édito devant servir de brouillon à son discours de fin d'année à la nation - Dmitri Medvedev, le dauphin de Poutine devenu président mais qui reste dans...

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