Mohammad Hussein Chamseddine : L’Iran cherche à modifier la physionomie du Liban

La Fondation Samir Kassir a organisé une causerie sur la conjoncture présente en Iran. Trois intervenants, Mohammad Hussein Chamseddine, sociologue et écrivain, ainsi que nos confrères Hazem Saghieh et Saad Kiwan, ont pris la parole pour dresser un tableau de la situation en Iran et de la politique iranienne au Liban. La conférence a eu lieu en présence de Mme Gisèle Khoury et de plusieurs journalistes et cadres supérieurs.
Premier à prendre la parole, M. Saad Kiwan a notamment souligné que la Fondation Samir Kassir place en tête de ses priorités la défense des libertés au Liban en tenant compte des imbrications régionales en rapport avec la conjoncture arabe et le rôle de l'Iran.
M. Mohammad Hussein Chamseddine a souligné de son côté que « l'Iran cherche à modifier la physionomie du Liban tel que nous l'avons connu, comme il ressort des propos tenus par le président iranien Ahmadinejad lui-même, alors que les réformistes (iraniens) veulent maintenir le Liban tel que nous l'avons connu ». « Les extrémistes iraniens veulent que le Liban demeure une arène pour lancer des aventures, alors que les réformistes veulent clore cette arène, a ajouté Mohammad Chamseddine (...). Les extrémistes iraniens ont voulu faire des chiites libanais des barricades, alors que les réformistes ne veulent pas que les Libanais soient un instrument aux mains des gardiens de la révolution et ils ne veulent pas considérer que le 7 mai (2008) a été un jour divin. »
Et M. Chamseddine de conclure : « L'Iran des extrémistes veut étendre son influence et proclame sa détermination à établir un Moyen-Orient islamique face au Moyen-Orient américain, alors que les réformistes veulent s'entendre avec leurs voisins. »
Enfin, M. Hazem Saghieh a commencé par présenter des excuses au peuple iranien « pour toutes les insultes et les qualificatifs racistes et erronés lancés par les Libanais, car les Perses représentent l'une des plus grandes civilisations ». M. Saghieh a souligné dans ce cadre que la révolution iranienne de 1979 a été « la première révolution dans l'histoire contemporaine du Moyen-Orient, et tout ce qui l'a précédée chez nous n'étaient que des coups d'État militaires, alors que près de huit millions d'Iraniens sont descendus dans la rue » (en 1979). M. Saghieh a relevé en conclusion l'incompatibilité entre les notions de « République » et « islamique », précisant que la République est le pouvoir du peuple alors que le qualificatif « islamique » signifie le pouvoir divin du waliy el-faqih, ce qui implique que « le mariage entre les deux notions n'est pas concevable ».